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Papa Poutine, pour Noël je voudrais une Union eurasienne

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Elise Compagnon

Politique

Le Premier ministre russe Vladimir Poutine proposa en octobre la création d’une Union eurasienne avec les pays de l'ancienne Union soviétique, qui pourrait jouer un rôle majeur sur l’échiquier mondial avec les Etats-Unis d’Amérique, l’Union européenne et l’Asie. Sa déclaration fit la Une de tous les journaux mettant l'accent sur la menace de l’expansionnisme russe.

Poutine domine-t-il la géopolitique ? Et où se situent les limites de sa stratégie de modernisation ?

« Je ne peux pas prédire quelle sera l’action de la Russie, c’est un rébus enveloppé dans un mystère, le tout à l’intérieur d’une énigme. Mais peut-être à cette énigme y a-t-il une clé ? Cette clé, c’est l’intérêt national russe. » - Winston Churchill (1939)

Il semblerait que Poutine ne vieillisse pas et qu’il ressemblera à un bel homme macho et trentenaire jusqu’à la fin de ces jours. Il ne pouvait donc pas se refuser à essayer de transformer la Vieille Russie en une Nouvelle Russie. Avec sa proposition officielle d’Union eurasienne, composée de la Russie et de ses anciens satellites, certains y voient un retour dans le temps, une reconstruction de l’Union soviétique, loin de la politique extérieure du président Dmitri Medvedev favorable aux pays Occidentaux, ou bien encore de la création d’une ère de nouvelle guerre froide. Connaissant Poutine, il se pourrait que de telles intentions soient cachées derrière son projet. C’est en tout cas l’opinion du journaliste ukrainien Vitaly Portnikov qui affirme que « l’idée de réunification de l’espace post-soviétique est l’idéologie de l’élite russe depuis les années 90. »

Les pubs actuelles, en particulier une sur l'alcool, joue aussi sur la notion d'unité eurasienne.

Des jeunes Russes au cœur libre

La nouvelle génération a tendance à être en contraste avec ce qui précède : « C’est enfin arrivé ! », s’exclame Ivan, 28 ans. « C’est un projet réalisable à 100%, historiquement fondé, pertinent et économiquement nécessaire. » Il faut en convenir, le retour éventuel de Poutine rafraichirait la foi forte et honnête envers un empire russe hypothétique à qui la population est attachée. Ce n’est pas tant le propos de la reconstruction de l’URSS, puisque d’une part, la nouvelle génération veut préserver la fierté nationale, mais d’autre part, ils seraient bien incapables de vivre avec les contraintes que le vrai communisme leur infligerait. Cette nouvelle génération a besoin de liberté, de démocratie et d’une économie ouverte. L’opinion de la jeunesse russe semble être tournée vers l’idée selon laquelle tout ce qui modère le système centralisé russe est une bonne mesure à condition qu’elle laisse transparaitre la puissance nationale.

Eurasie ?

Depuis la création de l’Union européenne (UE), ces États membres étaient tellement occupés à la construction de leur propre marché concurrentiel qu’ils ont payé peu ou prou d’attention au territoire eurasien en tant que tel. Ils ont reconnu les États-Unis d’un coté, la Chine de l’autre, pris en note la présence de la Russie mais ont prétendu que des États comme la Biélorussie, Kazakhstan et les autres ex-républiques soviétiques n’auraient jamais d’importance. Par conséquent, il n’existe aucune stratégie de la part des pays Occidentaux dans cette région aujourd’hui. Cependant, ce supercontinent ne devrait pas être sous-estimé. La Communauté économique eurasienne (CEEA) a été fondée en 2000 par la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan, afin de garantir leur liberté de mouvement. L’Ukraine, zone tampon entre l’UE et la Russie, ne possède aujourd’hui qu’un statut d’observateur, bien que le succès de l’Union eurasienne semble se trouver entre les mains de ViktorIanoukovytch (actuel président ukrainien, ndlr).

Voici la Communauté économique eurasienne représenté (entre autres) par Lukashenko (Belarus) au milieu, Nursultan Nazarbayev (Kazakhstan) deuxième en partant de la gauche et Poutine deuxième en partant de la droite

L’Union eurasienne lance une nouvelle période d’intégration. La Russie n’a pas l’intention de faire marche arrière mais se réinvente et s’adapte au nouvel ordre mondial constitué de régionalisme. « La Russie est trop grande pour être un membre subordonné d’une quelconque union. C’est dans son intérêt d’en créer une » dit Niko, 27 ans, de Biélorussie. Pourquoi tant d’inquiétudes alors. Après tout, l’idée d’une Union eurasienne ne date pas d’hier : elle a eu ses développements et ses étapes historiques. Peut être qu’elle n’avait pas de nom officiel mais le principe existait. Il semble que Poutine, favori pour les élections présidentielles de mars 2012, soit une fois encore en avance sur son temps.

Photo : Une (cc) KOTOB/ Vitaliy Kotov/ Flickr/ enot-potaskun.livejournal.com/; Texte EurAsEC representatives (cc) Minsk, National Library of Belarus/ Presidential Press and Information Office/ Wikimedia

Translated from Dear granddad, for Christmas I'd like a Eurasian union