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Panini, un mythe qui colle à la peau

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Default profile picture Nina Delaye

Style de vie

Lorsque les Européens se remémorent leurs premières émotions footballistiques, ils ne pensent étrangement pas aux plus beaux buts des stars du ballon rond. Ce dont ils se souviennent avec nostalgie, c'est de l’image qui leur manquait pour compléter leur album Panini et devenir ainsi le roi de la cour de récré.

Si vous avez été contaminé par le virus du foot, vous vous rappelez sans aucun doute de la première fois que vous avez vécu avec passion la Coupe du monde ou la Coupe d’Europe. L’année, le pays organisateur, l'équipe victorieuse. Cette année-là, tous vos recueils de contes ont filé à la cave pour faire de la place à une collection de visages mythiques. Cette année-là, vous avez découvert la folie Panini.

Si jeunes et déjà accros

(www.paninionline.com)Depuis plusieurs générations maintenant, les autocollants Panini déchaînent les passions dans les cours d’écoles. Aujourd’hui encore, si vous proposez un Panini à un enfant, soyez sûr qu’il ne pensera pas une seule seconde aux délicieux sandwichs grillés italiens, mais bien à l’autocollant qui manque à sa collection. Et, bien que haut comme trois pommes, il n’aura aucun mal à vous citer les noms des joueurs allemands, anglais ou hollandais qui remplissent déjà les pages de son album. Si vous lui demandez d’indiquer les pays participants à la compétition dans un atlas, il en sera probablement incapable. Par contre, il ouvrira immédiatement son album à la bonne page et pourra dessiner les drapeaux suédois, croate et portugais de mémoire.

Cela fait des années que des millions d'enfants à travers le monde consacrent leur argent de poche à l'achat des célèbres autocollants. L'album et les 5 premiers autocollants coûtent 1,50 €. Les grands-parents, les voisins et les lointains cousins contribuent ensuite à l’élaboration de la collection, comptant en tout 500 autocollants, à coups de 60 cents, le prix d’une pochette de stickers. Mais les albums Panini sont bien plus qu’une drogue coûteuse pour accros au football. Ils permettent aux collectionneurs de véritablement briller en cours de géographie. Ainsi, les petits Allemands savent très bien que Munich est la capitale de la Bavière. Les collectionneurs espagnols, eux, se sentent terriblement proches de Madrid, Barcelone, Séville ou des autres villes dont les clubs sont en première division, bien qu'ils n'y aient jamais mis les pieds.

Panini, une passion planétaire

Antonio Allegra, directeur général de Panini Italia, nous raconte les débuts de cette aventure : « Ce sont les frères Panini qui ont créé l'entreprise, à Modène, en Italie ». La même année, on voit apparaître les premières pochettes contenant deux autocollants, au prix de 10 lires (0,05 €). Bruno Bolchi, capitaine de l’Inter de Milan à cette époque, peut se vanter d’avoir été le tout premier à exister en format 4,9 cm x 6,5 cm sur papier autocollant et à avoir ainsi donné le coup d'envoi à une nouvelle ère.

« Je suis adulte mais je continue à faire des albums Panini »

Dès cette première année, 3 millions de pochettes sont écoulées, ce qui étonne la famille Panini elle-même tout en l'encourageant à poursuivre dans sa voie. C’est dans les années 70 que la collectionnite aiguë s’empare de l’Europe toute entière. L’entreprise familiale édite alors des albums pour différentes ligues européennes ainsi qu’à l’occasion des championnats du monde et d’Europe. La collection sera, plus tard, complétée par un album dédié à la Ligue des Champions. « Notre entreprise compte des filiales à Barcelone, à Nice, à Stuttgart, dans le Kent et en Amérique latine et cherche aujourd’hui à s’implanter en Pologne, confie M. Allegra. Les autocollants restent toutefois exclusivement fabriqués à Modène. » La maison d'édition Panini imprime désormais quelques 6 milliards d’autocollants par an, même si, ajoute M. Allegra, « ce chiffre change en fonction de l'organisation ou non d'un événement international. »

Jamais de double dans la pochette

(www.paninionline.com)L’entreprise souligne fermement que tous les joueurs font l'objet du même nombre d'autocollants. Un système perfectionné d'impression et de mélange, inventé au sein même de Panini, garantit qu'aucune image ne soit présente en double dans une même pochette et que l'album puisse être totalement rempli à l'aide de maximum deux boîtes de pochettes. Bien des enfants qui recherchent désespérément la satanée image manquante se montrent néanmoins plus que sceptiques par rapport à ce système compliqué de répartition des autocollants. Après tout, ne sont-ce pas toujours les mêmes joueurs que l’on retrouve après avoir précautionneusement ouvert la pochette ? Joueurs qui, du coup, perdent évidemment un peu de leur prestige, quels que soit leur talent sur le terrain.

C'est ainsi qu'il peut arriver à un enfant de chérir un obscur réserviste roumain bien plus qu'une grande pointure espagnole. La probabilité de remplir un album sans subir la déception de tomber sur un double est toutefois inférieure à celle d’avoir plus de 30 fois les 6 bons numéros au Loto. C'est pour mettre un terme au désespoir de ces enfants, petits ou grands, que l'éditeur Panini a ouvert l'accès à ses archives. Il suffit désormais d’un coup de téléphone à Modène pour recevoir, quelques jours plus tard, l’autocollant recherché pendant parfois des années et pouvoir enfin le coller dans le rectangle pré-imprimé dans son album.

Aujourd'hui, Internet offre également de nombreuses bourses d'échange aux collectionneurs. Ou encore des plateformes en ligne, comme le groupe Facebook « Je suis adulte mais je continue à faire des albums Panini ». On s’y retrouve entre passionnés et on se raconte des souvenirs de ses premiers albums, d'images falsifiées et du parfum inoubliable qui se dégageait de la pochette lorsqu’on l’ouvrait. Les plus nostalgiques ne manqueront pas de visiter le musée Panini qui a ouvert ses portes à Berne, à l’occasion du championnat d'Europe 2008.

Translated from Panini, der Mythos (k)lebt