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Nuit Debout : tractage pour une grève générale au technocentre Renault

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La Parisienne

Dès 7 heures du matin, des membres du mouvement Nuit Debout étaient présents pour une action de tractage matinale au technocentre Renault à Guyancourt. Venus encourager les employés à participer à la grève générale du 28 avril, les militants ont pu exprimer leur soutien à un ingénieur mis à pied pour avoir diffusé un mail incitant à la convergence des luttes et à la diffusion de Merci Patron !

Nuit Debout tracte au petit matin

À l’aurore du mardi 50 mars (19 avril) les luttes convergent presque spontanément. Ceux qui occupent encore la place à 6 heures du matin sont délogés par la police alors que d’autres militants arrivent en vue d’un départ pour le technocentre Renault situé à Guyancourt (dans les Yvelines, ndlr). Les quelque dizaines de militants prennent le métro sans trop tarder, évitant ainsi des confrontations inutiles avec les forces de l’ordre.

Accueilli par un syndicaliste de l’entreprise Renault à la gare de Versailles Chantier, le groupe progresse joyeusement vers un technocentre aux allures de vaisseau spatial de verre et d’acier. Entre chants et discussions, le groupe forge son discours quant aux objectifs de cette action matinale : inciter les employés de Renault à participer au mouvement de grève générale prévu pour le 28 avril et soutenir l’ingénieur mis à pied par la boîte de sous-traitance qui l’avait affecté à un poste chez Renault.

    Un soutien à un employé politiquement engagé

D’après l’ingénieur, le motif premièrement invoqué fût « l’utilisation du matériel informatique de Renault en vue de diffuser un message contraire aux intérêts de l’entreprise ». Bien que niant la responsabilité du groupe dans cette affaire, le service relation-presse de Renault invoque lui aussi « l’usage d’une liste informatique interne à l’entreprise pour l’envoi d’un mail ». La communication auprès des différents syndicats doit se faire « sur des panneaux d’affichages mis à disposition à cet effet ».

Le problème réel posé par ce mail n’est jamais clairement décrit par le même service. Pour les militants de Nuit Debout réunis ce matin, il ne fait aucun doute que c'est l’appel à la convergence des luttes et à la diffusion du film de François Ruffin Merci Patron ! qui a gêné l’employeur de cet ingénieur. Voilà donc « l’intérêt de l’entreprise Renault » qui serait remis en cause. Cette première affaire s’est aujourd’hui soldée par un avertissement.

Une seconde procédure a néanmoins été lancée contre l’ingénieur insoumis. Convoqué par son chef au sujet du mail, il a enregistré les propos de son employeur et les a publiés sur le site du journal Fakir. En dehors de propos infantilisants tels que « le problème, c’est que tu as fait une grosse bêtise », il affirme notamment : « Ils surveillent les mails… Et à ton avis, les mails de qui ils surveillent en priorité ? Bah les mails des syndicalistes bien évidemment ! ». L’enregistrement a été confié au journal Fakir qui en a publié quelques extraits sur son site internet.

   Réception des tracts par les employés

Parmi les employés du technocentre Renault que l’on croise en cette matinée de tractage, nombreux sont ceux qui n’ont pas connaissance de la situation de l’ingénieur mis à pied. La communication des syndicats ne semblent pas avoir abordé ce sujet, ni celui d’une grève générale prévue pour le 28 avril.

Avec ses 12 000 employés, l’entreprise est une ville à elle seule. Le recours à des sociétés de sous-traitance pour 25% des effectifs et la division du travail (comme dans le cas de l’ingénieur) semblent cependant limiter les échanges entre les individus travaillants pour la firme. Des cadres japonais en voyage d’affaire rient face à cette manifestation qu’ils trouvent « typically french ». Les membres du groupe de sécurité eux restent très sérieux face au groupe de militants. L’un d’eux invoque le travail pour justifier l’impossibilité de discuter sur la loi El Khomri et les mouvements de Nuit Debout en France.

« Des choses un peu bizarres » se passent chez Renault indique un autre employé sous-traité par la firme. Tous souhaitent naturellement conserver l’anonymat. « Il y a des accusations de harcèlement moral où cinq personnes sont impliquées. Tout est fait pour faire le minimum de bruit et étouffer l’affaire. »

     Départ pour d’autres actions

Après une lecture du tract ponctuée de « Renault Debout, Soulève-toi », les militants quittent le site vers 9h30. Certains d’entre eux ont rendez-vous à l’arrêt Saint-Maur pour une autre action de tractage. D’autres se reposent en vue d’une manifestation en soutien aux intermittents ou d’une mobilisation étudiante en coopération avec les hospitaliers et les cheminots. Nulle fatigue ne s’exprime. Pourtant le sourire aux lèvres pourraient presque toucher les cernes qui se dessinent sur le visage des mobilisés.