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« Nous sommes tous Européens »

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Default profile picture Prune Antoine

L’UE peut bien traverser une crise, la Roumanie et la Bulgarie s’apprêtent vaille que vaille à la rejoindre à l’horizon 2007. Gheorge Tinca, ambassadeur roumain en République Tchèque décrypte l’optimisme de Bucarest à l’égard de son avenir dans l’Union.

Il y a deux semaines, l’eurodéputé hongrois István Szent-Iványi évoquait dans une interview accordée à café babel l'arrivée prochaine de la Bulgarie et de la Roumanie dans le club européen. Aujourd’hui, Gheorghe Tinca, l’ambassadeur de Roumanie à Prague et ancien ministre de la Défense -premier candidat non issu de l’armée à occuper ce poste- se confie sur son attente enthousiaste vis-à-vis de l’intégration roumaine.

La Roumanie est censée entrer dans l’UE en janvier 2007 mais les 25 gardent le silence sur le sujet. Pourquoi et en quoi cet élargissement diffère de celui de 2004 ?

Je ne crois pas que l’Europe reste silencieuse. Il est clair que la situation n’est pas la même qu’en 2004 où 10 nouveaux pays étaient autorisés à rejoindre l’Union. Bruxelles envisage cette entrée de la Roumanie et la Bulgarie avec sérénité, puisqu’elle pensait initialement devoir négocier avec 12 futurs Etats membres. Bucarest et Sofia ont dû résoudre certaines difficultés et se soumettre à davantage de critères que les 10 derniers entrants. C’est pourquoi ces deux pays arrivent deux ans après les autres. Le 25 octobre, la Commission a rendu public un rapport analysant les derniers progrès réalisés. Si le document souligne la persistance de quelques problèmes, il reconnaît toutefois le chemin parcouru par les deux candidats et confirme la date du 1er janvier 2007 comme date d’entrée définitive.

En 2004, la population des nouveaux Etats membres devenait de plus en plus sceptique au fur et à mesure que l’échéance de l’adhésion approchait. Comment les Roumains perçoivent-ils la situation et quels sont leurs espoirs ?

Les eurosceptiques sont partout mais ils sont moins nombreux en Roumanie qu’ailleurs. Les Roumains ont compris depuis longtemps qu’en tant que nation, ils appartenaient à l’Europe et ils ont constamment considéré les pays de l’ouest comme modèle d’inspiration en matière de libertés et de prospérité. Aujourd’hui que nous approchons la date de l’intégration, la population a l’intuition que des décennies d’espoir vont enfin être satisfaites. Les Tchèques étaient méfiants vis-à-vis de leur entrée dans l’UE car ils croyaient que leurs avantages allaient disparaître et que leur pays devrait se plier à de nouvelles obligations. Désormais, près d’un an et demi après l’intégration, les Tchèques réalisent qu’ils n’ont pas perdu ces avantages et que leur situation s’est améliorée. Nous autres Roumains, et probablement les Bulgares aussi, regardons l’expérience tchèque avec beaucoup d’intérêt et ne voyons aucune raison pour sombrer dans le scepticisme.

Beaucoup d’Européens connaissent peu la Bulgarie et la Roumanie et pensent que les deux pays sont quasi-similaires. Quelles sont les différences majeures entre ces deux voisins géographiques ? Et pensez-vous qu’un fossé éventuel pourrait conduire à des problèmes au sein de l’UE?

De nombreux Européens sont également inconscients des divergences entre République Tchèque, Slovaquie et Slovénie. Ils ne savent pas les situer sur une carte géographique et sont perdus lorsqu’ils doivent évoquer leurs capitales respectives. Si certains sont susceptibles de reconnaître le nom des produits en provenance de ces pays, peu sont familiers de leur culture. Pourtant, ces trois nations sont devenues des Etats membres à part entière et s’apprêtent, selon moi, à jouer un rôle très actif dans le futur. L’ignorance n’a pas à être saluée mais dans ce cas elle n’a rien à voir. La majorité des Américains est incapable de nommer les 51 Etats composant leur nation, ce qui ne les empêche pas de vivre dans un pays puissant et uni.

Qu’est-ce qui, d’après vous, incarne la spécificité de la Bulgarie et la Roumanie et de quelle manière cette particularité peut-elle enrichir l’Union ?

Il est difficile de trouver une caractéristique réellement unique, propre à chaque pays en Europe. Nous les Européens, partageons les mêmes valeurs, une civilisation identique et de nombreuses traditions culturelles communes. Naturellement il existe des divergences entre nord et sud ou est et ouest du continent. Mais nous sommes tous Européens. Je le dis en sachant pertinemment que nos ancêtres roumains, près d’un siècle après la naissance du Christ, se sont battus pour l’Empire romain dans le même territoire que celui sur lequel nous vivons actuellement. Si les Roumains devaient avoir un trait significatif, ce serait leur instinct de survie. Un atout qui nous a aidé, comme notre religion ou notre langue, nos qualités ou défauts, à survivre. Durant la course des siècles, beaucoup de peuples, et particulièrement les Slaves ont traversé notre pays. Nous avons adopté certaines de leurs caractéristiques et leur en avons donné d’autres en échange. Mais nous restons les mêmes. Si notre survie dépend uniquement du futur de l’Europe, nous devons apporter notre expérience.

Translated from "Wir sind alle Europäer"