Nicolas Véron : «La gauche doit encore proposer des solutions»
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La crise économique pourrait bien modifier la donne politique en Europe. Et procurer des opportunités aux partis de gauche, alors que des élections européennes ont lieu dans dix mois.
Nicolas Véron est un économiste et chercheur pour Bruegel, un think tank très actif sur les questions paneuropéennes, à Bruxelles.
La crise mondiale pousse les gouvernements à agir pour sauver les banques qui ont pris trop de risques. Est-on dans l’ère du « socialisme pour les riches » ?
L’utilisation de l’argent pour sauver les banques en difficultés, c’est toujours choquant pour la population. Cette mesure est nécessairement impopulaire. Ceci dit, l’expérience historique montre que laisser le marché à son propre sort pendant une crise provoque encore plus de problèmes économiques et politiques. La position des hommes politiques européens est loin d’être facile, mais il est inévitable que leur responsabilité soit engagée.
L’Europe devra-t-elle renforcer sa régulation des marchés ?
La Banque centrale européenne a déjà été très active en injectant des liquidités dans le marché. Notez que nous ne sommes pas moins interventionnistes que les Etats-Unis, et les sauvetages récents des banques Fortis (belge), Dexia (franco-belge) et HypoVerein (allemande) le démontrent. Cependant, l’intervention des Etats est plus naturellement acceptée en Europe qu’aux Etats-Unis.
Pensez-vous que cette crise est une opportunité pour les partis socialistes qui peuvent faire valoir, auprès des électeurs, leur préférence pour le contrôle public des marchés, en vue des élections européennes ?
D’abord il faut qu’ils démontrent qu’ils ont des solutions. Je ne suis pas sûr que les partis de gauche aient plus de solutions que les autres, puisqu’en réalité, cette crise s’est initiée dans le secteur bancaire, un des plus réglementé du marché.