Mulet
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cécile lesueurLes footeux n'oublieront jamais Rudi Völler et sa cultissime coupe de cheveux tout droit sorti des années 80 : ‘Court devant et long derrière’! Rudy a longtemps fièrement arboré une ‘vokuhila’ [abréviation pour ‘vorne-kurz-hinten-lang’] d'anthologie.
Point de coquetterie : cette coiffure devenu un symbole du kitsch, pour le moins aérodynamique, permet aux sportifs de se protéger le cou dans les stades de foot. Plutôt utile les jours de grand froid. Sauf que désormais même les non footeux l'arborent fièrement.
La petite folie capillaire est née en Grande-Bretagne où ladite coupe était très courante chez les pêcheurs du 19ème siècle. Son nom aurait été inspiré par sa ressemblance avec un poisson assez allongé et à grosse tête, le ‘mullet cabot’, que les Anglais pêchaient près des côtes. Si la coupe était populaire parmi les marins, c'est parce qu'elle leur permettait de mettre leurs nuques à l’abri des grosses bourrasques maritimes. D'ailleurs il arrive que les Français appellent ces roufflaquettes la 'coupe du matelot letton'.
La mode du mulet, chez les Scandinaves, est restée cantonnée à la sphère sportive. ‘Hockeyfrilla’ pour les Suédois, ‘hockeysveis’ pour les Norvégiens… Deux termes qui renvoient au hockey, sport national. Traduits littéralement, ils signifient : ‘la coupe de hockeyeur sur glace’.
Mais le ballon rond reste le sport préféré des Européens. Le mulet reste donc l'apanage des footballeurs. Ainsi cette tendance, pourtant un tantinet rétro, a carrèment été rebaptisée ‘coupe de la Ligue’ [‘bundesligahaar’ outre-Rhin, ‘bundesliga-hår’ au Danemark, et ‘bundesliga’ en Hongrie].
En version hexagonale, cette coupe s'appelle un 'mulet’ alias 'coupe Vanier' ou 'nuque allemande', les Français l'attribuant, non sans justesse, à leurs voisins rhénans !
Les Italiens aussi : ils utilisent l’expression ‘capelli alla tedesca ’ qui signifie ‘coiffure à l'allemande’. Quant aux Néerlandais, plutôt revanchards, ils l'appellent ‘le paillasson allemand’.
Plus à l'Est, les Polonais préfèrent faire porter la ‘mulette’ aux Tchèques: cette coupe ringarde porte ainsi chez eux le nom de ‘czeski pikarz’ soit ‘coupe du joueur tchèque’. Pas très fair play tout ça...
Tour de Babel publiée initialement le 21 novembre 2007
Translated from Es gibt nur einen Vokuhila!