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Mouvements politiques internationaux : David Adler fait le bilan de DIEM25

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David Adler est économiste et coordinateur de programme du mouvement international paneuropéen DIEM25 (Mouvement pour la démocratie en Europe d'ici 2025). Créé pour les élections européennes de 2019, ce mouvement n'a pas obtenu de sièges au Parlement européen. Dans cette interview, David Adler tire les leçons de l'échec ou de la réussite des mouvements internationaux actuels.

David, comment peut-on expliquer le succès ou l'échec d'un mouvement international ?

Pour comprendre le succès ou l'échec d'un mouvement international, il faut se baser sur différents éléments. Certains sont mécaniques : il existe des obstacles linguistiques difficiles à affronter dans un premier temps. Et cela n'a pas été pris au sérieux. La façon dont cet élément linguistique interagit avec les classes sociales est précise. Un mouvement basé sur l'anglais mobilise une certaine strate d'activistes et exclut la grande majorité des membres qui pourraient, potentiellement, rejoindre le programme. À coté de cela, il y a une autre facette : être capable d'établir un programme commun.

C'est-à-dire ?

Ce n'est pas évident d'adopter une vision qui répond véritablement aux besoins des gens des différents pays. La sphère politique européenne est particulièrement orientée vers la perception d'un jeu sans intérêts entre les différents pays. Il n'y a qu'à prendre l'exemple des discours médiatiques établissant un conflit entre les Allemands et les Grecs, ou entre les états du Sud et du Nord, etc. Donc, vouloir développer un mouvement paneuropéen signifie être capable de franchir ce fossé. Et, plus particulièrement, prendre conscience qu'il existe des outils politiques qui peuvent nous aider à résoudre les problèmes sociaux ensemble.

Pouvez-vous nous donner un exemple concret?

Le Green New Deal développé par DIEM25, est un programme d'intervention dirigé par un mouvement international. Pour simplifier, il explique que les retraités allemands peuvent tirer profit d'investissements environnementaux dans des communes d'Europe du Sud qui ont connu l'austérité. Et qu'un retour sur investissement pour, disons, des retraités en France et en Allemagne est possible, avec parallèlement, de l'emploi pour les actifs en Grèce.

Pourtant, les mouvements nationaux spécifiques, tels que le mouvement des Gilets Jaunes, mobilisent davantage de citoyens. N'êtes-vous pas d'accord ?

Si, et il existe une troisième pièce au puzzle qui explique pourquoi. À savoir : l'infrastructure institutionnelle. Cette dernière peut soit permettre, soit entraver la mise en place d'un mouvement social international. Basé sur l'expérience du DIEM25, je dirais qu'il existe un consensus répandu sur le fait que les problèmes spécifiques sont à l'échelle européenne (finance, environnement, etc). Mais lorsque vous demandez à un parti politique de s'engager à lancer un mouvement international, ils vous répondent que leurs électeurs sont en France ou en Allemagne.

Et alors ?

Et bien, quel avantage aurait un parti national à séduire un électeur en dehors de son pays ? Malgré un consensus sur le diagnostic des problèmes sociaux, ce qui importe finalement, c'est « de répondre à sa nation ». Le mouvement des Gilets Jaunes est en effet l'exemple parfait. Pourquoi ce mouvement a-t-il pris un tel élan ? À cause du système électoral particulier en France : Macron était simplement terrifié à l'idée que ce mouvement puisse briser son image de président pacificateur.

Etant donné que vous n'avez pas réussi à faire parti du Parlement européen, quelles leçons avez-vous tirées de l'expérience de DIEM25 ?

Nous avons tiré des leçons sur le contexte dans lequel nous étions actifs et sur notre manière interne de travailler. Peu importe à quel point nos idées étaient bonnes, il restera toujours une façon dont le programme se croise et s'entrecroise. Il est aussi souvent entravé par la façon dont est mis en place une structure institutionnelle donnée. Nous avons appris à nous adapter à ces contextes institutionnels particuliers. Au niveau interne, nous faisons encore beaucoup d'introspection. Il est essentiel de placer l'expérience de DIEM25 dans un cadre plus large de la déception de la gauche. Les élections européennes de mai 2019 ont démontré à quel point la gauche est dévastée : de Podemos en Espagne à Mélenchon en France, en passant par Die Linke en Allemagne.

Selon vous, pourquoi est-ce arrivé?

Il y a eu une vaste attaque contre les partis qui étaient incapables d'agiter un drapeau pro-européen. De manière plus générale, nous devons comprendre pourquoi il est si éprouvant de porter les mouvements sociaux aux urnes. Cela concerne également les autres mouvements sociaux, tels que Extinction Rebellion et ce même mouvement des Gilets Jaunes, qui ne s'identifie pas nécessairement comme étant de gauche.


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Translated from Transnational politics is damn hard: David Adler on DIEM25's experience