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Moscou-Minsk : échange de bons procédés

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Default profile picture Prune Antoine

La Biélorussie reste la marionnette du Kremlin. Mais au pays des glaces et du gaz, cette alliance qui profite à Poutine comme à Loukachenko n’est pas éternelle.

Voilà une devinette. Un pays d’Europe qui commence par la lettre « B », où vivent 10 millions de personnes, plat géographiquement dans sa majeure partie, avec deux langues officielles dominantes, même si l’Histoire en a favorisé une au détriment de l’autre. La Belgique ? Possible mais ce n’est pas d’elle dont il s’agit.

Dictature oubliée

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les problèmes de la Biélorussie concernent aussi l’Europe. Premièrement, qui sommes-nous, les Européens ? En quoi consiste notre identité ? Ne repose-t-elle pas sur nos racines, notre territoire et notre histoire commune ? Dans ce cas, la Biélorussie fait partie intégrante du continent européen et ceux qui s’intéressent aux affaires communautaires devraient accorder plus d’attention à ce curieux pays post-soviétique. Si la démocratie, l’Etat de droit et le respect des droits de l’Homme sont à la base de notre engagement européen, comment ignorer de ce qui se déroule à quelques kilomètres de Varsovie ?

Deuxièmement, le régime de Loukachenko adore s’inventer des adversaires. Une pratique dangereuse car les ennemis sont principalement extérieurs. Actuellement, l’ennemi public numéro un de Minsk est la Pologne, y compris la minorité polonaise en Biélorussie comptant 400 000 personnes. Nul besoin de préciser que Bruxelles fait elle aussi partie de ces partenaires indésirables.

Intérêts réciproques

Autre chapitre fondamental, la politique. La Biélorussie est dépendante économiquement et politiquement de son voisin russe. Avant de menacer l'Ukraine de couper son robinet énergétique si elle refusait l’augmentation des tarifs de transit, Gazprom s’était assuré d’excellentes conditions de fonctionnement en Biélorussie. La compagnie pétrolière nationale russe a d’ailleurs repris en 2004 le contrôle de l'ensemble de réseau de gaz biélorusse.

L’alliance de Loukachenko avec Moscou est certes avantageuse pour les deux parties. En se mettant la Biélorussie de Loukachenko « dans la poche », Poutine n’est pas et ne sera jamais isolé sur le territoire post-soviétique. Pour le Président russe, les alliés fidèles de la Communauté des Etats Indépendants (CEI) valent de l’or et il en reste peu. A Moscou, le mythe de l’union des Slaves orientaux (si ce n’est de tous les Slaves) est toujours vivace. Du côté de Loukachenko, le pacte avec Moscou est d’importance vitale. Sans l’appui de la Russie, le régime biélorusse ne survivrait pas longtemps. La Russie accueille les travailleurs biélorusses chez elle, lui vend à bas prix ses matières premières et ouvre son énorme marché de 140 millions d’habitants aux produits biélorusses. La bienveillance de la Russie a en outre un effet secondaire non négligeable. Lorsque les événements en Biélorussie font objet de critiques de la part de l’Occident, Alexander Loukachenko n’a pas à s’en soucier puisqu’il possède ce qui lui permet de gouverner en Biélorussie : le soutien de la Russie.

Contagion démocratique

L’attitude de l’Union européenne envers l’Europe de l’Est avant la 'Révolution orange' consistait à négocier avec Moscou sur des sujets concernant Kiev et Minsk. Funeste erreur : tôt ou tard, la Biélorussie prendra le chemin d’un Etat de droit où les droits de l’homme seront respectés. L’Union européenne doit être prête à débattre des affaires biélorusses à Minsk et non plus au Kremlin. Ce changement d’attitude devrait être anticipé longtemps à l’avance. Exemple particulièrement bien vu : le financement par l’UE d’une radio indépendante émettant en Biélorussie à un mois des élections présidentielles.

La 'Révolution orange' a démontré à quel point la lutte pour une bonne cause peut être efficace. La démocratie parvenue jusqu’en Ukraine signifie qu’elle est aussi possible en Russie. Des changements potentiels en Biélorussie signifieraient un pas en avant vers une Russie plus démocratique. A l’hiver dernier dans les rue de Varsovie, les manifestants témoignaient de leur solidarité avec leurs frères ukrainiens, scandant : « Kiev - Varsovie ! Une affaire commune ! ». Il est temps que ces slogans deviennent à la mode afin de soutenir les mouvements démocratiques émergeant derrière notre frontière européenne commune à l’Est.

Translated from Moskwa - Mińsk: wymiana przysług