Morts pour la chanson
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Philippe-Alexandre SaulnierIls ont des styles bien différents mais partagent une caractéristique rare : un statut de star mythique, toujours vivante dans le cœur des fans, même après une tragique disparition.
De Clo-Clo à John Lennon, certains musiciens ont laissé une empreinte particulière dans la société. Et pour cause : ils ont incarné la révolte de toute une jeune génération et sont ancrés dans la mémoire collective. Révolutions sociales, mouvements de libération des mœurs, époque hippie, Mai 68… Reflet de son époque, le chanteur mythique représente aussi la figure antique du héros de tragédie : « Cet artiste incompris a souffert et quitte la vie prématurément après avoir lutté pour pouvoir exister », explique Jaume Ayats, professeur d’ethnomusicologie à l’Université autonome de Barcelone. Rétrospective en images.
Krystof Komeda : jazz polonais et cinéma américain
Krystof Trzcinski Komeda, artiste polonais, a créé une nouvelle forme de jazz, y mêlant des éléments de la musique traditionnelle nationale. Même après ses études de médecine, il ne perd pas une miette de sa passion pour la musique et dans les années 1960, il se rend célèbre en composant des musiques de film : l’une des plus fameuses reste la bande son du premier long métrage de Roman Polanski, Le couteau dans l’eau. Victime d’un accident au cours d’une fête entre amis, il meurt quelques mois plus tard des suites d’un mauvais traitement médical.
Nino Bravo brille toujours des deux côtés de l’Atlantique
Bien que sa disparition remonte à plus de 30 ans, les nouvelles générations espagnoles et latino-américaines fredonnent encore ses chansons. Originaire de la communauté autonome de Valence, il nait en 1944 dans le petit village d’Aielo De Malferit, où depuis 2006, s’est ouvert un musée qui célèbre sa mémoire. Il disparait à l’âge de 29 ans dans un tragique accident de la route. Bien qu’il n’ait connu qu’une brève carrière (à peine trois ans), ce représentant unique de la pop espagnole continue d’éblouir plusieurs générations, remarque Dario Ledesma, 26 ans, qui gère le site Internet officiel de l’artiste, également coauteur du livre Mémoire vivante de Nino Bravo.
Rino Gaetano : l’illustre inconnu
L’œuvre de ce chanteur et compositeur calabrais dévoile un personnage singulier. Comme il mérite de ne pas disparaître dans les oubliettes, il reste toujours bien vivant. Rebelle, original, provocateur, celui qui a l’âme d’un incompris, incarne à la perfection l’esprit de cette époque. Au premier abord, Rino semble joyeux, voire très superficiel. Mais, pour qui sait lire entre les lignes et écouter plus attentivement les paroles de ses chansons, il porte à réfléchir sur la société italienne et les conflits intérieurs qui la déchirent.
« Je pense que peu de gens le connaissent vraiment », commente Anna Castellari, une italienne fascinée par ce chanteur, mort à 31 ans dans un accident de la circulation après avoir s’être vu refoulé de cinq hôpitaux différents. Un film sorti l’an passé porte le titre de l’une de ses chansons les plus célèbres : Il Ciel E Sempre Piu Blu. En octobre 2007, un grand concert a été organisé à sa mémoire : Big Mamma di Roma Happy Birthday.
Claude François : nouveaux rythmes en Europe
Durant les années 60 et 70, Claude François, qui est né en 1939, a accommodé le rock et la pop musique à la sauce européenne. Mort électrocuté en 1979 dans la salle de bain de son appartement parisien, il fut auprès du public français, l’un des principaux vulgarisateurs de ces genres musicaux d’avant-garde. Juste retour des choses : Comme d’habitude, qui fut son plus grand succès, fit le tour du monde grâce une adaptation en anglais popularisée par Frank Sinatra sous le nom de My Way.
Ted Gärderstad : secte et succès
A l’âge de 15 ans, le jeune Ted né en 1956 commence la musique. Et dès ses débuts, il devient l’idole des adolescents. La carrière de ce chanteur suédois évolue tout au long de son existence, alliance de l’âme scandinave et de la nouvelle vague. Au début des années 1980, il intègre une secte. Cette expérience lourde de conséquences lui laisse des séquelles mentales dont il ne se remettra jamais. De retour en Suède après des années de silence, il se remet en scène dans le courant des années 1990. Toutefois, des rumeurs qui l’accusent d’avoir participé à l’assassinat du premier ministre Olaf Palme, qui eut lieu en plein cœur de Stockholm, ont finis de le traumatiser. Il se suicide en se jetant sous un train en 1993.
John Lennon : la pop et la paix
Lennon, étoile au firmament de la pop musique, s’est métamorphosé peu à peu en apôtre de la paix entouré d’une cohorte de fidèles, observe Lucy Carter qui écrit pour la revue du club des fans des Beatles. Pourtant, l’ancien membre du groupe britannique mondialement connu trépasse sous la main de l’un d’entre eux. En novembre 1980, à New-York, Mark Chapmann, un déséquilibré, tire cinq coups de revolver sur son idole. Et la vie d’un musicien, déjà entré dans la légende de son vivant, s’achève. « Après ce tragique évènement, il se transforme en martyr », précise Ken Mc Nab, 45 ans, journaliste au Glasgow Evening Times, fan de Lennon et auteur d’un livre sur les Beatles qui doit sortir prochainement en Ecosse. « Lennon restera pour toujours dans les mémoires. Il continuera encore à exister dans sa musique et dans l’histoire pendant un très…très grand nombre d’années », poursuit Lucy.
Translated from Los cantantes-mito de Europa: Vivos tras la muerte