Mon mur de Berlin : les communistes pratiquent-ils le skateboard ?
Published on
Lorsque l'on se balade dans les rues de Sofia, il n'est pas rare encore aujourd'hui de tomber sur des vielles façades, bâtiments ou monuments qui rappellent le « bon vieux temps ». La vue de ces vestiges du passé communiste, dans le respect de l'architecture « soviet style », provoque toujours des réactions passionnées tant pour les Bulgares que pour les étrangers.
En effet, pour certaines personnes, il faut faire table rase et détruire ces symboles du communisme pour définitivement marquer le coup de la modernité et de la démocratie.
Prenons le cas par exemple du mausolée de Gueorgui Dimitrov, le premier grand communiste bulgare. Le mausolée, construit en 1949 en un temps record, a été détruit en 1999 du temps du gouvernement de droite d'Ivan Kostov. Les débats sur fallait-il ou non le détruire ont passionné les Bulgares tout l'été 1999 : d'un côté, une partie du gouvernement estimait que le mausolée n'était qu'un symbole du totalitarisme qu'il faut radier de la carte de Sofia ; de l'autre, un sondage relevait que deux tiers des Bulgares souhaitaient préserver le monument. Quoiqu'il en soit, l'ancien leader communiste a dû se retourner plusieurs fois dans sa tombe car il aura fallu 4 essais pour le détruire, le mausolée étant prévu pour résister à des attaques nucléaires ...
En images, la troisième tentative de destruction ... ratée :
A la une, à la deux, à la trois ...
Un autre bâtiment issu de l'héritage communiste mais qui a survécu pour des raisons pratiques est l'ancien quartier général du parti communiste.
Photo : Martin Mitov
Achevé d'être construit en 1954, ce bâtiment où se déroulaient toutes les réunions du Comité central du parti communiste bulgare est devenu après la transition ….. son contraire. En effet, il abrite actuellement les bureaux administratifs de l'institution réputée comme la plus démocratique dans un pays de droit : l'Assemblée nationale !
Mais le chef d'œuvre architectural que j'ai choisi pour cet article représente selon moi le symbole d'un passé communiste que s'est réapproprié la jeunesse bulgare. Il s'agit du Palais National de la Culture.
Inauguré en 1981, ce palais a largement été soutenu par la fille du dernier dictateur bulgare, Lyudmila Zhivkova. Sorte de mastodonte architectural au milieu d'un parc, ce complexe se voulait être le plus grand centre de congrès dans l'Europe du Sud-Est. Symbole de l'architecture communiste, ce lieu de culture (presque tous les grands concerts à Sofia s'y déroulent, comme par exemple celui de Sylvie Vartan la semaine dernière) est devenu pour beaucoup de jeunes Bulgares l'endroit idéal pour y pratiquer le skateboard tout en buvant des bières d'un litre en écoutant les derniers tubes des chanteurs de hip hop bulgares.
Photo : Ivan Topliiski
La manière dont les jeunes bulgares se sont réapproprié le lieu interpelle plus d'un passant étranger : pratiquent-ils le skateboard à cet endroit par esprit de provocation ou bien tout simplement par ce qu'il n'existe pas vraiment de pistes appropriées à Sofia ? Quoiqu'il en soit, 20 ans après la chute du mur de Berlin, et en dehors des célébrations classiques de l'anniversaire, c'est cette image mélangeant passé et avenir qui me vient à l'esprit lorsqu'il s'agit de commémorer la chute du mur.
Enfin, pour les amateurs d'architecture mais aussi pour tous ceux qui s'intéressent aux changements des réalités urbaines , n'oubliez pas de participer à la seconde édition internationale de Sofia Architecture Week, qui se termine le 5 novembre 2009.
Sofia Architecture Week 2009