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Michel Barnier : « Avec la PAC, on ne peut pas toujours être sur la défensive »

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Politique

La réforme de la PAC qui sera présentée par la Commission en novembre prochain cristallise les inquiétudes des agriculteurs français. Entretien avec Michel Barnier, actuel ministre de l’Agriculture.

« Telle qu'elle existe aujourd'hui, la PAC ne peut pas répondre aux défis de l'après-2013. » L’affirmation, sans appel, est signée du chef de l’Etat français, Nicolas Sarkozy, qui entend « préparer durant présidence française de l'UE [dans le deuxième semestre 2008] un nouveau cadre politique pour notre agriculture en Europe ».

C'est que le contexte a changé. La hausse des prix des céréales et du lait à mis en évidence une mauvaise planification de la PAC, qui impose des quotas de productionn encourageant les producteurs européens à produire moins tandis que les consommateurs doivent payer plus. Ce diktat des subventions ne favorise pas les pays producteurs, comme la France ou la Pologne, qui aimeraient produire plus pour gagner plus d'argent.

Michel Barnier, il y a de la réforme dans l'air et probablement avant 2013 qui était la date prévue initialement pour réformer la politique agricole commune...

Moi, ça me va bien qu'il y ait de la réforme dans l'air. Il faut être en tête du débat d'idées à Bruxelles, on ne peut pas toujours être sur la défensive.

L’attitude de Nicolas Sarkozy tranche quand même avec celle de son prédécesseur Jacques Chirac...

Il y a un nouveau président qui a promis la rupture. En ce qui concerne la PAC, on va passer d'une logique de guichet à une logique de projet. C'est un projet de sécurité, d'indépendance alimentaire et de solidarité mondiale. Mais le président n'a pas demandé à bousculer la PAC actuelle, stabilisée dans un cadre budgétaire fixe, et à laquelle nous ne toucherons pas. Mais on peut ouvrir le débat dès maintenant, en 2008.

Qui seront les alliés de la France pour réformer la PAC ?

Il y a en Europe des gens qui ne veulent plus de la PAC. Certes, c'est une vision anglo-saxonne mais ce n'est pas la nôtre. Nos alliés sont la Pologne, l'Italie, l'Espagne, qui sont des grands pays agricoles et qui voient les mêmes problèmes que nous ! L'Europe doit avoir des politiques économiques intégrées. Et la première politique économique européenne reste la PAC.

Vos partenaires européens vont-ils être d’accord sur le principe de ‘préférence communautaire’, évoqué par Nicolas Sarkozy ? Cela ressemble à du protectionnisme...

Je ne crois pas qu'on veuille pratiquer un quelconque protectionnisme. En revanche, il faut mettre en place des protections tarifaires contre ces produits qui entrent en Europe sans aucune considération pour les exigence de l'écologie ou de la sécurité sanitaire. Nous ne serons pas naïfs ! Et je souhaite que le commissaire européen au Commerce et que tous ceux qui négocient en notre nom à l'OMC soient très rigoureux dans cette négociation. Je ne crois pas que nous parviendrons aussi facilement à un accord au niveau du cycle de Doha. En tout cas nous n'accepterons pas que l'agriculture soit la variable d'ajustement d'un accord à tout prix.

Les propos ont été recueillis lors de l'émission 'Carrefour de l'Europe' (écouter l'émission) présentée chaque vendredi par Daniel Desesquelle sur RFI

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