Message en bouteille: Sauvez-nous des réseaux sociaux!
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Par Masha Tarle
Traduit par Florence Marot Avez-vous déjà tenté de demander « êtes-vous en couple? » ou « combien d'amis avez-vous? » lors d'une première rencontre avec un inconnu? Ce qui semblait être une lubie de plus persiste, Facebook est aujourd'hui une toile dans laquelle nous nous laissons volontairement prendre.
Masha Tarle analyse comment Facebook a changé la manière dont nous communiquons.
Lorsque je me suis inscrite pour la première fois en 2008, Facebook était juste un réseau social de plus et non pas de la communication en soi. J'étais alors stagiaire à la Commission européenne et nouvelle arrivante à Bruxelles, désireuse de socialiser avec la jeune et chanceuse population européenne. Facebook offrait une opportunité parfaite pour ce mode de vie: comme l'on rencontre de nouvelles personnes tous les jours, on peut rapidement les ajouter comme amis et collecter des informations sur elles que l'on n'aurait jamais osé demander (comme par exemple s'enquérir de leur relation amoureuse ou de leur nombre d'amis lors de la première rencontre). Être inscrit sur Facebook signifie également que l'on est invité à des événements cools, mais que personne ne se soucie de notre absence. En ce qui concerne les amis d'enfance, l'on a l'impression de garder un contact permanent avec eux. Sans effort majeur de notre part ou de la leur, ils peuvent rester au courant des détails croustillants de notre fantastique nouvelle vie.
Facebook ne garantit pas une communication réelle
A la fin de mon expérience comme stagiaire, il n'y avait plus de Master à étudier, ni d'excuses pour continuer à faire des stages. J'ai trouvé un emploi à temps plein, un appartement, un compagnon et un groupe d'amis stable. La vie à Bruxelles était différente, mais une chose demeurait inchangée: Facebook faisait désormais partie de ma vie. De plus, ce réseau social était devenu le premier moyen de communication, dépassant même le téléphone et les mails. Lorsqu'un contact désire voir un ami ou l'inviter, il lui écrit rarement un mail, l'appelle ou lui envoie un SMS. Il lui adresse un message sur Facebook! Si nous désirons recevoir une photo d'un événement spécial, une personne doit nous taguer. Nos amis aiment-ils leur vie? Il nous suffit de surfer sur leur profil. Ce qui semblait être une lubie de plus persiste, Facebook est aujourd'hui une toile dans laquelle nous nous laissons volontairement prendre. Arriverons-nous à en sortir?
Analysons comment Facebook modifie la manière avec laquelle nous communiquons à propos de sujets personnels et la façon dont nous interagissons avec nos amis. Avec les réseaux sociaux, le destinataire d'un message que l'on poste ou twitte n'est pas une personne spécifique. Ce qui compte sur les réseaux sociaux, c'est la quantité: combien de personnes voient le message posté, y réagissent ou le partagent avec d'autres amis au sein de leurs propres réseaux? Ce qui importe, c'est que toi - le destinateur - et moi - le destinataire - soyons toujours là. Le réseau ne garantit pas que la communication ait réellement lieu. Par exemple, si mon amie Nina annonce sur Facebook qu'elle se marie en postant l'heureuse nouvelle sur son mur, la communication ne sera effective qu'avec les personnes étant connectées par pur hasard à ce moment précis et réagissant à cette nouvelle. Mon amie Nina ne saura jamais qui exactement a reçu le message. Ceci prive tristement de la satisfaction d'éprouver la variété des réactions humaines déclenchées par une telle annonce. Avec les réseaux sociaux, la palette infinie des réponses est simplifiée par un simple click sur l'option J'aime ou, avec un peu de chance, par quelques lignes grâce à l'option commentaire.
Si l'on veut réellement partager d'heureuses nouvelles avec ses amis, pourquoi ne pas leur dire en personne et observer leurs réactions? Si l'on souhaite inviter des amis à dîner, pourquoi ne pas les appeler? S'il y a un sujet particulier sur lequel l'on ressent le besoin de s'exprimer, pourquoi ne pas écrire un article, un essai ou un poème? Il y aura certainement bien plus à dire que le nombre de caractères autorisés dans les posts que l'on pourrait envoyer sur ce même sujet. De même, le résultat sera toujours plus gratifiant qu'une chanson que l'on ne fait que reproduire, un article que l'on lit ou une vidéo que l'on regarde.Choisissez un thème
On devrait garder les réseaux sociaux pour ce qu'ils sont supposés être, c'est-à-dire un moyen de construire un réseau et maintenir une communauté de personnes intéressées par un certain thème autour d'un projet commun. Repensons notre dépendance excessive aux réseaux sociaux comme moyens de communication et d'expression. Nous aident-ils vraiment à communiquer avec nos amis, partenaires, collègues, parents ou frères et sœurs? Nous rapprochent-ils véritablement de nos semblables? Notre profil Facebook reflète-t-il la complexité de nos personnalités et expériences? Si la réponse à toutes ces questions est négative, nous pouvons certainement faire une pause et insister davantage sur la communication en face-à-face, ainsi que sur les interactions qui nous assurent de savoir exactement qui reçoit les messages postés. Ou, si vous préférez laisser les choses aux aléas du hasard, jeter une bouteille à la mer est parfois bien plus libérateur et gratifiant que de poster ses prochaines actualités sur un réseau social.