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Mes souhaits pour l’Europe en 2008

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Le zinc de l'Europe

Ca y’est, 2007 c’est bientôt fini. Et qu’est-ce qu’il en reste ? Pas mal de tragique, un peu de bien quand même, et pas grand-chose de beau.

Pour l’Union européenne, c’était un peu l’année de la reprise en main. Et de la discrétion. Traumatisée par les référendums français et néerlandais, elle a repris son avancée sans se faire remarquer.

Un peu comme le bon élève au fond de la classe qui rend ses devoirs à l’heure, mais ne lève jamais la main pour aller au tableau… Deux nouveaux Etats membres, un nouveau traité, quelques succès comme l’affaire Microsoft… Et l’impression désagréable que tout le monde s’en fout. Et moi le premier…

Le tragique, c’est ce peuple pris en otage entre des extrêmes trop présents et des modérés trop absents. C’est l’histoire d’un territoire déchiré à cause d’une minorité de nationalistes. Non, je ne parle pas de la Palestine, mais bel et bien de la Belgique. La Belgique aujourd’hui, c’est un peu la recette de l’échec. Comment a-t-on pu laisser les jeunes Wallons connaître si peu le néerlandais ? Comment a-t-on pu laisser l’anglais devenir plus important que le français en Flandres ? Comment a-t-on pu laisser les divisions régionales avoir plus de sens que les divisions partisanes ? La Belgique d’aujourd’hui est le miroir des dangers qui guettent l’Europe si elle persiste dans son idéalisme aveugle.

Le tragique, c’est aussi un nouveau président français qui veut enfermer son peuple dans une vision de l’Europe qui ne serait qu’une extension de la France. L’« Europe protectrice » de Nicolas Sarkozy n’est que le reflet des angoisses franco-françaises. En valorisant le nationalisme, en flattant les angoisses au lieu d’ouvrir les esprits, les dirigeants français font reculer l’idée européenne. En affichant un libéralisme de kermesse tout en refusant les conséquences de la libre concurrence, ils favorisent la stagnation. Triste cocktail au goût de déjà vu…

Alors, que souhaiter pour l’Europe en 2008 ? Tout d’abord une ratification rapide et sans accroc du traité de Lisbonne. Parce que y’en a marre des drames autour des institutions ! Il faut qu’on arrête d’en parler toutes les cinq minutes, tout simplement parce que ce n’est pas la question essentielle.

Surtout, je souhaite à l’Europe qu’on arrête de parler de ses échecs et qu’on commente plutôt ses succès. Environnement, commerce international, lutte contre le terrorisme, cette année l’Europe a la possibilité d’être en première ligne sur tous les fronts. Mais pour cela il faudra que les institutions de Bruxelles sortent de leur complexe vis-à-vis des Etats membres et abandonnent une fois pour toute leur « neutralité » qui n’est qu’une excuse à l’impuissance. Cela veut dire qu’il faudra afficher les grandes lignes et les objectifs clairement avant les négociations et ne pas hésiter à critiquer ceux qui bloquent les avancées.

2008 sera une année cruciale aussi pour les partis politiques européens. Si le traité de Lisbonne est en vigueur au moment des élections européennes de 2009, le président de la Commission européenne devra être choisi dans le respect de la majorité au Parlement. En 2008, les fédérations européennes doivent donc se réunir et choisir la personnalité qu’elles comptent soutenir pour ce poste. Si le PPE, le PSE, les libéraux, les Verts, et le reste, sont sérieux dans leur engagement européen, ils n’ont pas le choix.

2008 sera aussi l’année de la présidence française, au deuxième semestre. Certains considèrent cela comme un événement, voire comme une chance. Peut-être… Quant à moi je souhaite surtout à l’Europe que ces six mois lui permettent d’ouvrir les yeux sur la réalité de l’engagement libéral et européen de Sarkozy et que celui-ci cesse d’être le « candidat de l’international » qu’il a été pendant la campagne présidentielle de 2007.

En conclusion, 2008 sera, je l’espère, l’année de la clarté. Clarté sur les engagements de chacun, sur qui est ou qui n’est pas en faveur de la construction européenne. Clarté sur les compétences de l’Union. Clarté sur ses réussites et ses échecs. Les défis à venir, et au premier chef la question environnementale, ne nous laissent pas le choix. Fini les réformateurs tièdes, les européens en peau de lapin. Il faudra que ce soit bien clair pour tout le monde : en 2008, le compromis n’est pas une option !

Bonne année 2008 l’Europe !