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Merci, mes amis Anglais !

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Default profile picture hélène couderc

Les Anglais et les Allemands ne s’aiment pas ? N’importe quoi ! D’ailleurs, le football peut prouver le contraire. C’est du moins ce qu’affirme le rédacteur munichois de café babel dans une lettre ouverte.

Chers Anglais,

Un préjugé malveillant mais volontiers cultivé par nos deux peuples prétend qu’on ne peut pas se sentir, surtout sur un terrain de football. A l’heure où l’Europe non seulement s’élargit mais où ses membres ne cessent de se rapprocher, il est grand temps de faire la peau aux clichés superficiels répandus par une presse de caniveau fielleuse. La vérité est que nous vous aimons, et que vous nous aimez aussi. Inconditionnellement et du fond du cœur. Cela vous surprend ? Alors, jetez un petit coup d’œil à ces arguments de poids.

Il faut bien reconnaître que la seconde guerre mondiale, l’assaut aérien contre l’Angleterre, les fusées V2 lancées sur Londres, ce n’était pas très gentil de notre part. Mais tout doux, tout doux. Réfléchissez un peu : d’où venait ce vilain garçon, nommé Hitler, qui dans les années sombres prit sans crier gare l’ascendant sur notre paisible petit peuple. Alors ? Eh oui, Adolf était autrichien, pas allemand. Aussi, sauf votre respect, les fouille-merde de vos tabloïds, qui ne reflètent sûrement pas l’opinion de votre peuple, feraient mieux d’arrêter définitivement de ressortir à chaque coupe d’Europe ou du monde les sempiternelles comparaisons avec les nazis et d’en faire leur une. Du genre Fritz attacks ou Fight against the German Tanks... Et puis vous auriez l’air malins aujourd’hui si à l’époque vos soldats avaient été aussi rarement victorieux et patauds que les joueurs de l’équipe nationale en coupe du monde. Cela suffit déjà à rendre ce genre d’arguments complètement déplacés.

Nous vous aimons

Bien loin de vous haïr, nous vous aimons. Indépendamment du fait qu’on ne peut qu’aimer un peuple auquel le monde doit les Beatles, David Beckham et la circulation à gauche : nos peuples sont frères. Comme vous, nous sommes d’éternels guerriers, des chiens de chasse. Comme vous nous comprenons aussi peu le football moderne que Tony Blair la politique pacifiste de gauche. Comme vous, et à la différence des Français, grands buveurs de vin , nous avons tendance à descendre les bières les unes après les autres, jusqu’à l’arrivée du médecin. Après un mauvais match, nos hooligans aussi tabassent volontiers quelques innocents supporters du club adverse. Oui, nous aimons tellement la culture anglaise que non contents de vous piquer des mots, nous y ajoutons même nos propres innovations, qui n’existent pas en anglais. Par exemple, nos téléphones mobiles s’appellent des Handy. Avoir une bonne hygiène de vie ne nous suffit pas, nous faisons plus pour notre wellness [bien –être] personnel. Ouah ! Nous, les Allemands, nous sommes vraiment un peuple très cool.

C’est bien beau tout cela, direz-vous. Mais pourquoi diable les Anglais devraient-il aimer les Allemands? C’est très simple : parce que dans tous les matches de football de l’histoire, vous nous avez toujours laissé gagner. Comment expliquer que, dans des matches très importants, vous manquiez les buts, vous glissiez, vous renonciez en permanence lors des « Big Points », si ce n’est en raison d’un amour qui se donne jusqu’au sacrifice de soi. Les joueurs du pays où, on le sait, le football a été inventé ne peuvent pas être bêtes au point de laisser passer tant de bonnes occasions d’éliminer des tournois importants ces Allemands qu’ils sont censés tant haïr. Le feraient-il exprès ?

Demi-finale de la Coupe du monde de 1990. Vous aviez enfin une occasion de vous qualifier à nouveau pour une finale. Mais Chris Waddle a shooté tellement au dessus des cages qu’on aurait cru qu’il faisait du tir au pigeon. Un footballeur professionnel peut-il vraiment tirer si mal ? Non. A moins de viser l’entente entre les peuples.

I-l g-l-i-s-s-e !

Shit happens, rétorquerez-vous, mais ce n’est pas si simple. Autre demi-finale, de l’Euro 1996 cette fois. On joue les prolongations. Le match doit se terminer par un « but en or », Gascoigne réceptionne une passe à droite, dans la surface, il a le ballon, il lui suffit de tirer. Et pourtant, que se passe-t-il ? Il glisse ! Je répète, sinon vous ne me croiriez pas : i-l g-l-i-s-s-e. Imaginez un peu : vous seriez allés en finale, cette fois là, dans votre propre pays ! Mais c’était vraiment laid de la part de Gascoigne de laisser libre cours à son amour pour l’Allemagne et de ne pas mettre le ballon dans les cages. Après cela, lors de la séance de tirs au but qui a suivi, Southgate a tiré avec tant de douceur et de délicatesse que notre gardien de but Andi Köpfe n’avait plus qu’à ouvrir les bras pour réceptionner le ballon et avec lui notre qualification en finale, je suis bien obligé de le préciser.

Mais tout cela n’était pas nécessaire. En fin de compte, nous avions déjà 3 titres de champions du monde et 3 de champions d’Europe, alors que vous n’aviez qu’un titre mondial et aucun titre européen. Nous avons aussi compris depuis longtemps qu’en fait, à Wembley, en 1966 [lors de la finale de la Coupe du monde, gagnée par l’Angleterre 4-2] vous vouliez aussi nous offrir la victoire et que c’est cet imbécile d’arbitre de touche russe avec son but (qui n’en était pas un) qui a contrecarré votre projet.

Mais peut-être bien que cet Euro 2004 sera le vôtre. En tout cas, et je suis sûr de parler ici au nom de tout le peuple du football allemand, nous vous l’accorderions de tout cœur. Et si nous le pouvons, nous nous vengerons volontiers de tous les cadeaux que vous nous avez faits au cours de l’histoire du football. N’ayez aucun doute là-dessus.

Translated from Thank you, England!