Merci la crise
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Comme tous les ans, ce lundi 15 mars marque la fin de la trève hivernale : les 45 000 ménages français qui ne peuvent plus payer leur loyer sont de nouveau expulsables. A Lyon comme ailleurs en France, le réseau RéSEL appelle à se mobiliser. Une bonne raison pour aller un peu battre le pavé.
Manifestation du lundi 15 mars devant la préfecture de Lyon, à l'appel du Résel
Deux chiffres suffisent à résumer le mal-logement en France. En 2008, d'après la Fondation Abbé-Pierre, plus de 100.000 ménages ont vu leur bail résilié faute de pouvoir payer leur loyer ; une famille sur dix a été expulsée de chez elle manu militari. A Lyon, quelque 300 personnes ont ainsi perdu leur logement l'année dernière.
De son côté, le Sénat estimait dans un rapport de 2009 que le nombre de logements vacants se situe entre 1,5 et 2,5 millions. Vous avez dit bizarre ?
Ça spécule sec
Le problème est double : la majorité des logements sont trop chers, et les HLM sont trop peu nombreux. 50 à 55 000 personnes seraient ainsi en attente de logement social dans le Grand Lyon, selon ABC HLM, un regroupement de bailleurs sociaux. Chaque année, moins d'une demande sur quatre aboutit. Quant aux logements vacants, la loi dite du droit au logement opposable permet à la préfecture de les réquisitionner ; elle n'est en fait jamais mise en pratique.
La pierre ne connait pas vraiment la crise : si les logements se vendent moins cher, explosion de la bulle immobilière oblige, les loyers sont plus élevés que jamais. Sachant qu'ils pourront le louer facilement, certains propriétaires préfèrent donc conserver vacant leur logement et prendre le temps d'obtenir des conditions ou des locataires qui leur conviennent. D'autres peuvent décident de vendre leur appartement au lieu de le louer, de peur qu'il ne perde de sa valeur, et virer ses occupants. 1 expulsion locative sur 5 relève de ce cas de figure.
Chômage à tous les étages
Manifestation du lundi 15 mars devant la préfecture de Lyon, à l'appel du Résel
En 2010, 1 million de chômeurs arrivent en fin de droits. Avec la crise et les modes de calcul de l'aide au logement qui ont changé, on risque une explosion du nombre de personnes expulsables. Les retraités ne sont pas mieux lotis, car ils accusent une baisse de revenus en quittant la vie active : 13% des cas traités par le Tribunal d'instance de Lyon les concernent. En fait, ça nous concerne tous : le mal-logement touche toutes les catégories de population, jeunes actifs comme familles nombreuses.
Aujourd'hui, une petite centaine de personnes s'était rassemblée devant la préfecture de Lyon, à l'appel du Résel. Samedi 20 mars à 15 heures, un nouveau rassemblement est prévu place des Terreaux. Une initiative de la coordination des groupes anarchistes de Lyon, qui invite à venir débattre des questions de logement à la librairie La Plume Noire le samedi 27.