Meet My Hood : Stuttgart-Ost, en Allemagne
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Manon ValèreStuttgart-Ost n’est pas branché. Enfin, pas encore. Mais quand ce sera le cas dans quelques années, vous pourrez dire que vous connaissiez déjà. À première vue, le quartier fait vieillot et sale. Mais à y regarder de plus près, on y trouve des bars sympas, des maisons en briques pittoresques et diverses curiosités : de l’observatoire aux vestiges d’une cité en passant par la statue d’un carlin.
Stuttgart-Ost se cache derrière le site historique de Wagenburg . On ne vient se perdre ici que pour rendre visite à des amis ou bien si l’on étend un peu sa promenade à travers le Schlosspark jusqu’à se retrouver dans le parc de la Villa Berg. En bus, le quartier est à 5 minutes du centre-ville de Stuttgart, de la gare ou de la Königsstraße, l’artère commerçante de la capitale du Bade-Wurtemberg. Les habitants se félicitent des nombreux commerces et infrastructures : que ce soit la poste, l’école ou le médecin, tout est à deux pas. Parallèlement, le quartier est vaste, tout à fait calme, très vert et absolument pas surpeuplé.
De briques et de broc
Mais : Stuttgart-Ost est loin d’être un quartier à la mode et encore moins un quartier dont on dirait qu’il est particulièrement beau. Ici prédominent d’inesthétiques constructions des années 60 et 70. Cela dit, en regardant de plus près, à côté de ces affreuses rangées de maisons se trouvent aussi des rues parsemées de belles propriétés de briques construites individuellement qui, bien souvent, disposent même de jardins et de balcons. Dans le quartier, les rues se rejoignent sur de petites places avec des arbres ou des bancs. Le cœur de ce joli coin de Stuttgart-Ost est la Teckplatz avec la fontaine Jünglingsbrunnen. Au début du 20ème siècle, elle servait de place du marché mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Cela en fait l’endroit idéal pour ouvrir un café avec des guirlandes lumineuses hipster ou un petit restaurant avec terrasse.
Enfin, on n’en est pas (encore) là. Mais la gentrification est déjà en marche. On trouve encore des cordonniers installés depuis fort longtemps et des boulangeries traditionnelles. Mais des boutiques et modèles commerciaux récents et branchés ont aussi fait leur apparition : un barbier, une boutique qui transforme de vieilles caisses de vin en étagères et les vend cher ou un salon de coiffure qui expose uniquement des machines à café dans sa vitrine. De plus en plus de jeunes familles viennent s’installer. Aussi, une crèche et une école de yoga pour enfants sont soudainement apparues. En parallèle, des tags « non à la gentrification » se sont multipliés sur les façades des maisons.
Ironiquement, Stuttgart-Ost a dû être transformé en immense cité il y a une centaine d’années pour pallier à une pénurie de logements. Avec l’industrialisation, la population de Stuttgart a quasiment triplé en l’espace de 35 ans : 250 000 personnes y vivaient en 1905 pour seulement 90 000 habitants en 1870. Le « Syndicat pour le bien de la classe laborieuse » a œuvré pour fournir des logements abordables. Du coup, une certaine « Kolonie Ostheim » a vu le jour à Stuttgart-Ost entre 1891 et 1903 avec ses 1 267 nouvelles habitations. Les maisons de briques sont un héritage de cette époque et ont depuis conservé tout leur cachet. Même si la même structure de base a été utilisée pour chacune d’entre elles, elles sont toutes uniques : les architectes ont utilisés différentes formes de toits, de fenêtres arquées, de balcons ou de petites tourelles afin de leur donner des apparences individuelles.
Le mot des voisins
Combien ça coûte ?
Un peu vieillot, à d’autres endroits négligé et pauvre, avec une population très mélangée, le quartier a aussi un côté farfelu. Stuttgart-Ost dispose en effet de son lot de bizarreries. Sur la Eugensplatz, où l’on peut savourer de délicieuses glaces en été chez le Glacier Pinguin et profiter toute l’année d’une vue magnifique sur Stuttgart, se trouve aussi la Mops-Säule (Sculpture du Carlin, ndt). Elle a été dédiée à l’humoriste Vicco von Bülow (1923-2011), rendu célèbre à la télévision allemande en tant que « Loriot ». C’est de lui que vient la phrase « Une vie sans carlin est possible, mais dénuée de sens ».
Les gens
Les endroits du quartier
Schlampazius - Wagenburgstraße 147, 70186 Stuttgart
Si l’on remonte depuis la place entre de vieilles villas, on tombe sur le secteur de la Uhlandshöhe sur laquelle se situe l’observatoire de la ville qui, les nuits sans nuages, reçoit des visiteurs venus admirer le ciel. Le Schlampazius est un bar légendaire qui n’est ni bien situé, ni d’apparence particulièrement accueillante. Celui qui s’y aventure se retrouve cependant face à une pièce unique de Stuttgart : des posters de Jim Morrison, Janis Joplin, Jimi Hendrix, du Che Guevara et de Frank Zappa sont affichés sur les murs et derrière le bar, entre bouteilles d’alcool et autocollants « Stopp Stuttgart 21 », une initiative citoyenne qui lutte contre des projets de travaux coûteux au niveau de la gare de Stuttgart, se cachent toutes sortes de curiosités. Avec leurs coulures de cire, les chandeliers témoignent de la longue histoire des lieux. Ramon se tient derrière le comptoir depuis 43 ans. Il a jadis fui la dictature de Franco et a atterri à Stuttgart. En réalité, il aurait voulu fermer le bar fin décembre 2016, mais il est toujours là – ce que la Stuttgarter Zeitung a célébré dans un long article sur le Schlampazius.
Laboratorium - Wagenburgstraße 140, 70186 Stuttgart
Le Schlampazius et le Laboratorium qui se trouve juste à côté, étaient les lieux de rendez-vous de la scène alternative de Stuttgart dans les années 1970 et 80. Au Laboratorium, des concerts ont, aujourd’hui encore, régulièrement mais également des représentations de cabaret et de théâtre, C’est en ces lieux que la RAF (Fraction armée rouge, ndlt) serait née et se serait régulièrement réunie – du moins, d’après les bruits qui courent.
À la limite sud du quartier se tient le Parc Villa Berg qui est relié au Schlosspark par un pont. Dès le mois de mars abondent sur son versant sud des amateurs de soleil venus se dorer la pilule à demi-nus. Le parc a hérité son nom de la Villa Berg, un bâtiment du milieu du 19ème siècle dans le style de la Haute Renaissance italienne. Elle a servi de résidence d’été au roi pendant une courte période, puis est devenue propriété de la ville et plus tard, de la chaîne radio et télé Süddeutscher Rundfunk qui l’utilisait pour retransmettre des concerts. Depuis, le bâtiment est resté vide mais il devrait être de nouveau utilisé.
Buschpilot - Karl-Schurz-Straße 28c, 70190 Stuttgart
Sur l’autre versant du Parc Villa Berg, entre buissons et arbres bas, le Buschpilot, un établissement construit sur pilotis, fait à la fois office de restaurant, de café et de Biergarten : la journée on est servi à l’intérieur et si une envie de douceurs et de soleil nous prend, on peut se procurer un café et une part de gâteau et s’installer sur un transat dans l’herbe – et le soir, on peut manger sur la terrasse.
Udo Snack - Schwarenbergstraße 40, 70190 Stuttgart
Une petite faim se fait sentir après avoir fait le tour du quartier ? Une halte à Udo Snack semble être toute indiquée. C’est un restaurant de burgers dont la filiale jouit d’un très grand succès dans le centre-ville : il n’est pas rare de devoir y faire la queue pendant une demi heure. Pourtant, le bistrot tire ses origines du quartier Stuttgart-Ost. Et ici, on peut (encore) commander son burger à la pause déjeuner sans avoir à attendre une minute.
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Cet article fait partie du projet de cafébabel, Meet My Hood, qui a pour objectif de faire découvrir les quartiers des principales villes européennes, en chantant. C’est ici pour participer, si vous voulez présenter votre quartier.
Translated from Meet My Hood: Stuttgart-Ost