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Médias participatifs : état des lieux des deux côtés du Rhin

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L'Aigle et le Coq

Les médias participatifs de type Cafebabel sont devenus des vecteurs d’information privilégiés de l’eurogénération. Alors que ce type de médias connaît un véritable essor en France, où la presse papier est au plus mal, le journalisme citoyen doit encore faire ses preuves pour s’imposer en Allemagne, explique le professeur Michael Jaeckel.

Les grèves se succèdent les unes aux autres dans les rédactions des plus grands quotidiens français (Libération, Le Monde), et les résultats des grands noms de la presse papier sont en chute libre. En face, la concurrence d’Internet et des journaux gratuits (Metro, 20 Minutes, etc.) se fait toujours plus forte. Alors que la presse française traverse une crise des plus profondes, c’est bien sur Internet que l’info est mise à l’honneur.

Des milliers d’usagers accédant à des milliers d’informations diffusées par des milliers de réseaux communautaires, de journaux en ligne et de blogs persos. Professionnel ou non, chacun peut désormais faire de l’info. Les « médias participatifs » sont devenus un vecteur d’information privilégié pour l’eurogénération. Le succès de Cafebabel en est le plus parfait exemple, cela ne vous aura pas échappé. Bien sûr, cela existait déjà avant, avec les journaux amateurs et les fanzines, édités à quelques dizaines d’exemplaires dans quelque recoin sombres de l’imprimerie familiale. Mais aujourd’hui, avec Internet, ce sont des centaines de réseaux qui se constituent, des milliers d’internautes anonymes (ou non) qui se rencontrent sur la toile pour travailler ensemble et donner LEUR vision de l’actu, raconter en direct la manière dont ils la vivent et exprimer leur point de vue.

En France, les médias partipatifs comme Agoravox ou Cafebabel sont en plein essor. Mais qu’en est-il de l’autre côté du Rhin ? En Allemagne, les médias participatifs sont appelés « Mitmach-Medien « , on parle aussi de « Bürger-Journalismus » (journalisme citoyen). Cependant, la situation de la presse allemande n’est pas celle de la presse française, explique le sociologue allemand des médias Michael Jaeckel. Même si la presse allemande se sent aujourd’hui délaissée par la jeune génération, le « journalisme de qualité » a encore un avenir en Allemagne, et on n’en est pas encore arrivé au point où le journalisme classique et la presse payante sont devenus superflus, explique cet expert. Au contraire, les voix discordantes se multiplient. Déjà, dans les années 1970, Daniel Bell avait constaté que « l’augmentation d’un droit d’intervention, paradoxalement, n’est que l’expression d’une plus grande frustration. »

Michael Jaeckel: Die Diskussion um "Mitmach-Medien" wird auch in Deutschland seit einiger Zeit geführt. Einige Zeitungen operieren mit "Leser-Reportern", andere nennen es "Bürger-Journalismus". Aber wir sind in Deutschland weit davon entfernt, dass diese Art der Partizipation den klassischen Auftrag des Journalismus überflüssig macht. Im Gegenteil: Die skeptischen Stimmen mehren sich. Bereits in den 1970er Jahren hat Daniel Bell festgestellt: "So löst das erhöhte Mitspracherecht paradoxerweise meist nur das Gefühl einer größeren Frustration aus." "Un journal? Non, merci" - so lautete ein Artikel von Sylvain Bourmeau in der Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung (20. April 2008). Er behauptet dort, dass die französische Presse am Ende sei. Die deutsche Presse ist nicht am Ende, auch wenn sie seit Jahren Akzeptanzprobleme in der jüngeren Generation hat. Aber Qualitätsjournalismus hat in Deutschland eine Zukunft.

La fin de la presse payante serait assimilée à une perte en termes d’image, explique Michael Jaeckel, sans compter le fait que si le marché publicitaire devient le seul bailleur de fonds pour la presse nationale écrite, l’indépendance des journalistes est mise en danger. Des débats semblables ont déjà eu lieu en France, alors que les grandes familles du business français prenait le contrôle de nombreuses rédactions nationales (aujourd’hui, c’est Edouard de Rotschild qui est principal actionnaire chez Libé, jornal de gauche français !)

MJ: Der Artikel von Bourmeau hat mich überrascht. Sie sehen daran, dass ich diese Entwicklung in Frankreich nicht wirklich verfolgt habe. Kostenlose Zeitungen ist ein Trend in Großstädten, Amsterdam ist ein wichtiges Beispiel. Wenn überregionale Tageszeitungen nichts mehr kosten sollten, wäre das aus meiner Sicht ein Imageverlust, ungeachtet der Tatsache, dass die Erlöse aus dem Verkauf der Zeitungen an Leser keine Redaktion finanzieren können. Wenn der gesamte Anzeigen- und Werbemarkt für gedruckte Medien so dominant wird, dass man auf den Verkaufserlös verzichtet, ist das keine gute Entwicklung.

Quant à l’avenir du Web 2.0 et de l’Internet participatif dans les deux pays, il n’en est que plus soumis à la sphère juridique, ajoute Jaeckel, car le pouvoir législatif s’intéresse de plus en plus à la position constitutionnelle de ces « communities of interest ».

MJ: 15 Jahre Internet hinterlassen einen faszinierenden und bedenklichen Eindruck zugleich. Die Grenzen zwischen Privatheit und Öffentlichkeit sind in manchen Bereichen kaum noch existent. Andererseits entstehen neue Formen des vorübergehenden oder dauerhaften Zusammenwirkens von "communities of interest", die viele interessante "small world"- Phänomene möglich werden lassen. Aber der öffentliche Raum wird zugleich noch mehr als eine vermachtete Arena wahrgenommen. Die politischen Spielregeln geraten unter Druck. Es fällt auf, dass die Legislative in jüngster Zeit vermehrt auf ihre verfassungsrechtliche Stellung hinweist. Wer mehr Partizipation will, der muss auch an die Entscheidungsfindungskosten denken. Das gilt im Prinzip für alle Bereiche des Alltags.

Aurélien Bordet