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Marseille, capitale européenne de la culture: si, si !

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Maitre Sinh

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Puisqu'on vous le dit, vous êtes sourd ou quoi ? ! Depuis quelques jours, le verdict est tombé. Ce ne sera ni Toulouse, ni Bordeaux, ni même Lyon qui sera capitale européenne de la Culture en 2013 pour la France, mais la quatrième des candidates, Marseille.

Pourtant, on a du mal à y croire.

Marseille capitale "Européenne", et de la Culture en plus, c'est un peu comme Bernard tapis en costard : ça passe mais on y croit pas autant que s'il était en jogging...

Et pourtant, c'est un Marseillais vrai de vrai (pas tatoué) qui vous parle, certifié 100 % né dans les "quartiers nord" ( le Canet), cette "banlieue de la banlieue" qui fait les beaux jours du JT de TF1 (rubrique : banlieue exotique) et fait baver d'envier les "caillra" du 9-3.

Les autres marseillais eux aussi seront certainement partagés entre une vague incrédulité, la fierté d'avoir "gagné", et peut être un certain manque de confiance en eux ( le syndrome du jogging, aussi connu des spectateurs du JT de TF1 sous le nom de oh-putaing-je-vais-sur-le-vieux-port-il-est-frais-le-poissong-té-bodiou).

Mais après tout, pourquoi pas ?

pwc8ied1.jpg inutile d'aligner les personnalités, de césar (l'artiste, pas l'empereur), à Pythéas, d'accumuler les statistiques sur le nombre de théâtre par habitant, ou d'aller exhumer la vitalité populaire du music-hall et de l'opéra...

Marseille vaut bien, et largement, une autre métropole française dans ce rôle.

Le malaise des marseillais vient d'ailleurs...

il n'est pas question de nier le passé ou le présent de la cité phocéenne, ni ses spécificités. Mais pourquoi faut-il que chaque initiative culturelle dans cette ville soit forcement "ouverte sur la méditerranée", "populaire", "dans la rue" et tout le catalogue d'épithètes qui collent à la ville depuis qu'Albert Londres inventa la "porte de l'orient" ?

A Lyon, Milan, Athènes, Barcelone ou Rotterdam, villes toutes aussi "ouvertes" sur le monde à leur façon, une manifestation culturelle n'a pas besoin d'autant d'alibis, de justifications, de contextualisation.

Tout comme la modernité a "inventé", pour mieux se définir, un orient fantasmatique et une galerie de zoo humains, les Marseillais ont trop souvent repris le commode "jogging" identitaire que leur ont fabriqué les voyageurs "étrangers", dans une sur-enchère rebelle et ambigüe.

Pour n'importe quel Marseillais, la ville au quotidien est avant tout une Metropolis latine grise et ambivalente, ou les rêves de bétons futuristes se sont réalisés pour se muter ensuite en friches éventrées et sinistres, désormais investies de lofts "pittoresques" et déplacés.

A Marseille, il y a aussi des gens qui n'aiment pas le foot, ne vendent pas de poisson, peuvent être introvertis ( salut Giovanni) et regarder vers le nord ou l'est de l'Europe, voire au delà, au moins aussi souvent ou davantage que vers l'autre rive de la mediterranée...comme n'importe ou en Europe.

Le défi de Marseille "capitale européenne de la culture", c'est aussi, peut être, d'oublier les pagnolades et l'orientalisme de rigueur pour reconnaitre enfin à la ville le droit d'être par elle même, et non à travers le regard extérieur, fut il intériorisé.

liens:

http://www.marseille-provence2013.fr/

http://www.marseille2013.org/

crédit photo

Montage réalisé par des supporters de l'om avec les personnage du capitaine tsubasa.

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