Manuel Valls et l'assemblée des frondeurs
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Frondeur ? Pas frondeur ? Les 50 milliards d'économie qu'a fait voter Manuel Valls ont révélé les dissonances au sein du parti au pouvoir, avec 41 socialistes qui ne se sont pas alignés sur le tout nouveau Premier ministre. Voyons comment se passe la « fronde » en Europe.
Qui étaient ces députés socialistes qui n'ont pas suivi Manuel Valls mardi 29 avril ? Qui étaient-ils, ces abstentionnistes qui ont saisi cette occasion pour marquer leur opposition ? Saisissons-là aussi en faisant un tour d'Europe des « frondeurs ».
Manuel Valls «assume » son plan. Pas les « frondeurs ».
Les autres langues de notre Vieux Continent ont presque toutes un mot pour désigner ceux qui défient leur propre parti, avec plus ou moins d'intensité. On commencera par les Italiens, qui ont une bonne expérience des « frondeurs », qu'ils désignent aussi par le terme « frondisti ». Même si on peut largement les comprendre, deux des soutiens de Silvio Berlusconi l'ont laissé tomber lorsqu'il était encore Premier ministre pour créer leur parti, ou se rallier à d'autres. Exemple donné avec Gianfranco Fini, « frondeur » au sein du Peuple de la liberté, il se rallie au mouvement « Futur et Liberté » (presque inexistant aujourd'hui), trahissant ainsi le Cavaliere qui lui a bien rendu à coup de campagnes de presse accablantes. Angelino Alfano a lui aussi trahi son mentor en refusant d'adhérer au nouveau parti « Forza Italia » avant de former une coalition avec la gauche. Opportuniste ? Peut-être. « Frondisti » ? Sûrement.
Plus imagé, en Angleterre on retourne sa veste. Les « frondeurs » sont des « turncoats » et le Premier ministre David Cameron a vu quelques vestes se retourner notamment lorsqu'il a voulu en août 2013 intevenir en Syrie.
Quand les Espagnols, logiques, utilisent « contestatario », les Allemands emploient le terme « déviationniste », « Abweichler ». Un très bon synonyme de « frondeurs », mais teinté d'une petite connotation stalinienne, les « déviationnistes » étant à l'origine les opposants au régime communiste. Quand on sait quel sort leur était réservé, on est très soulagé que le plan de Manuel Valls soit passé, même « ric rac ».