Manif' à reculons, course décalée : les artistes prennent les rues parisiennes
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Samedi 30 octobre. 4ème Journée internationale des arts de la rue et de la libre expression dans l’espace public. Paris.
Vite vite, ne pas manquer le coup d'envoi de la manifestation de 11h11 qui a ceci de spécial que ses manifestants, partis de la Place de la République, se sont mis à défiler joyeusement et... à reculons !
Rue Libre ! a proposé pendant 25 heures et dans toute l'Europe des évènements impromptus pour manifester l'attachement à la liberté d'expression dans l'espace public. Quoi de mieux qu'une manifestation à l'envers pour retourner les clichés contre les grévistes qui sont, plus souvent regardés avec compassion ou déni qu'avec respect pour le droit de sortir gueuler ce qu'on pense tout fort... D'ailleurs, si votre voix ne porte pas, il existe des alternatives musicales...
Bruxelles, Lisbonne, Athènes, Paris, de nombreuses capitales ont été envahies d'agitateurs spontanés et créatifs qui s'amusent à briser l'empathie quotidienne de la rue... Ils étaient parfois hauts en couleurs !
Métro Belleville, 15h15. Occupation spontanée du boulevard de Belleville.
Une occupation de rue, c'est pas que tout le monde peut le faire. Mais presque...
Fouet de cuisinier, carnet de note d'un écrivain, attaché-case de la jeune cadre dynamique pressée et fétiche de la jeune fille angoissée, voilà pour le déguisement. Le reste est dans l'impro, avec pour seul objectif de faire vivre la rue pendant 20 minutes, montrer qu'elle n'ait pas faite que pour circuler et cracher par terre, mais pourquoi pas aussi pour surprendre et divertir.
Le public est rare mais les visages éclairés par cette petite improvisation. Les rôles des acteurs sont simples et drôles. Petit coup de coeur pour le cuisinier italien qui chante des oeuvres d'opéra avec pour micro son fouet de cuisine...
Les artistes de rue précisent à la fin de cette (trop) courte improvisation de rue que la préfecture leur a interdit d'organiser une vraie scène de théâtre d'improvisation. La fanfare de l'école d'architecture d'à côté était de la partie, une scène devait être installée, mais pour cette Journée des arts de rue, la liberté d'expression n'était pas totalement au rendez-vous... Auraient-ils pu l'organiser quitte à se faire dégager par les CRS ? "Tout dépend des personnes qui participent, avoue un des membres du collectif d'artistes de Belleville, s'ils ont peur de la répression, mieux vaut ne pas essayer. Mais ça nous arrive d'organiser des évènements sans autorisation". Oui, mais avec le profil un peu bas. Ils sont partis au bout de 25 minutes. Mission accomplie, la gorge un peu nouée.
Photos : Manif' à reculons : ©Sladjana Perkovic ; Belleville : ©Emmanuel Haddad