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Madrid en morceaux

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Default profile picture laura sali

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Default profile picture florence brisset

Madrid pleure alors qu’elle ne sait toujours pas qui est son assassin. Punir les coupables ne sera pas suffisant. L’Europe doit tirer les leçons de ses erreurs afin que cela ne se reproduise pas.

L’Europe, en deuil. Après la série d’attentats qui ont frappé Madrid jeudi dernier, qui ont coûté la vie à 200 personnes, et détruit celle de milliers de familles, la capitale espagnole est toujours en état de choc. Qui ? Pourquoi ? Dans quel but ? Sont les questions qui paralysent tous les regards alors qu’elles attendent des réponses.

Renouer avec la vie quotidienne paraît vain, jeudi à 7:40- lorsque s’est produite la première explosion dans le train en arrêt dans la gare d’Atocha-, l’horloge de l’histoire s’est arrêtée… Encore une fois. Incrédulité, impuissance, douleur, incompréhension. Ces sentiments se reflétaient dans le regard de chaque Européen, inébranlables devant la déflagration d’une mort non annoncée qui a brisé le cœur de la péninsule ibérique et qui a causé la mort d’étudiants, d’immigrés et d’ouvriers, cibles d’un terrorisme aveugle, macabre et cruel.

Silence à Atocha

Deux jours après, Atocha n’avait toujours pas retrouvé ses bruits habituels. Au même moment, les hypothèses sur les auteurs des attentats commençaient à être débattues.

Au départ, le doigt accusateur collectif s'est posé sur l’ETA, pour sa cruauté instinctive, sa ridicule et absurde tactique de gagner du terrain « démocratique » par les armes. Mais cette idée partait en fumée au fil des heures. La dimension des attentats, leur organisation, la quantité de terroristes nécessaire pour mettre au point ce plan démoniaque, laissaient deviner que ce n’était pas le groupe armé basque qui avait programmé « les trains de la mort ». Et alors, comme un fantôme, a commencé à déambuler l’hypothèse Al Qaeda.

L’Europe paye le prix de l’Irak

Que Ben Laden ou une organisation proche d’Al Qaeda aie programmé ces attentats, étant donné qu’ils ont touché l’Espagne, sponsor de la guerre en Irak, comme d’autres pays européens- l’Angleterre, l’Italie, la Pologne- ne devrait surprendre personne. Le juge Baltasar Garzon l’avait anticipé il y a un an lorsque dans une lettre publique adressée à Aznar il l’avertissait à propos de cette « guerre injuste qui ne parviendra qu'à générer l’augmentation du terrorisme intégriste à moyen et à long terme… Son augmentation vers d’autres cibles, entre autres l’Espagne, est quelque chose d’évident tout autant que de terrible, et vous ne voulez ou ne savez pas le voir ». Malgré cet avertissement et tant d’autres, sans compter le refus collectif du peuple espagnol et d’une bonne partie de l’Union européenne, Aznar a décidé de monter au front avec Bush, ce qui impliquait un autre massacre, celui de milliers d’Irakiens.

Plus les choses arrivent près, plus le sentiment est fort. Ca s’est passé à Bologne dans les années 80, à Lockerbie en 1988, à New York en 2001 et maintenant en Espagne, en mars 2004. Un mouvement de solidarité a parcouru toute l’Europe devant la tragédie qui a frappé ces villes. Cependant, quand les morts sont loin et que les bombes américaines détruisent les maisons de gens humbles et innocents en Afghanistan ou en Irak, tout en est réduit aux traces des « dommages collatéraux », et les gouvernements restent impassibles au lieu de rejeter l’acharnement occidental.

L’Europe doit arrêter de diviser le monde en deux et apprendre de la douleur dans sa propre chair pour, au moins, ne pas être indifférente lorsque ce sont d’autres qui voient les leurs assassinés pour le bon plaisir du pouvoir politique qui a son bunker de ce côté du monde.

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Translated from Madrid, en pedazos