Macédoine : vivre avec un handicap
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Anaïs DE VITALa Macédoine, candidat officiel à l'intégration dans l'Union Européenne depuis 2004, se montre sensible aux questions du handicap physique chez les étudiants. L'Association des Étudiants et des Jeunes Handicapés se bat pour faire valoir les droits de ces jeunes souvent incompris et destinés à des filières que la nécessité plus que la vocation leur permet de suivre.
Article de : Jelena Đorić, Hrvoje Nimac, Haris Dedović Publié par: Ana Alibegova & Stefan Alijevikj
« Quand je me présente à un guichet, je dois lire sur les lèvres de la personne qui me reçoit parce que je ne peux pas entendre sa voix. Quelque fois, je ne la comprends pas, alors je lui demande de répéter plusieurs fois. Puis cette personne s'impatiente et commence à hausser le ton en me parlant mot à mot, comme si j'étais attardée. Puis je dois lui dire : Désolée mais je ne suis pas une idiote, c'est juste que je n'entends pas très bien. » Voici comment Sandra Peshevska-Mickovska, peintre jusque dans l'âme et membre de l'Association des Étudiants et des Jeunes Handicapés (Association of Students and Youth with Dissabilities), dépeint une situation peu commode tirée de la vie quotidienne d'une personne handicapée en Macédoine. Daniela Stojanovska – Djingovska et le président de l'association présentent ensemble des activités, expliquent les défis à relever, débattent sur l'intégration des personnes handicapées en Macédoine et portent le message qu'avoir un handicap ne signifie pas recevoir un traitement spécial ou susciter des émotions démesurées, mais bénéficier des mêmes droits que les autres citoyens de leur pays.
M! : Parlez-nous de votre association. Quelles activités proposez-vous ?
Daniela : Notre association a été fondée en 2002 et avait d'abord pour statut celui "d'association étudiante", mais plus tard nous avons modifié ce statut en "association destinée aux jeunes", afin d'accueillir d'autres personnes atteintes d'un handicap physique. Elle compte 150 membres, la plupart sont handicapés et nous permettont l'adhésion de 10 à 20 % de l'effectif de total à des personnes sans handicap.
Concernant nos activités, elles ont pour but de promouvoir et faciliter l'intégration de nos membres. Nous travaillons également à instaurer des droits, plus d'égalité et à corriger les lois qui bloquent le système en Macédoine. Dans le fond, nous essayons de faire sauter les barrières du handicap pour que nos membres puissent mieux aborder leur scolarité.
M! : Travaillez-vous avec des institutions de Macédoine ?
Daniela : Côté financement, en qualité d'association, nous n'avons obtenu aucune subvention de la part du gouvernement actuel, ni des précédents. Nos moyens proviennent des dons venus de l'étranger. Depuis que nous œuvrons en tant que service et de ce fait sous un statut unique, nous avons tenté d'obtenir des fonds de la part d'institutions de notre pays, mais en vain. Mais je peux assurer que nous sommes en bonne entente avec notre gouvernement pour créer de nouvelles lois. En 2008, un acte a été adopté pour permettre aux personnes handicapées d'être exemptées de frais de scolarité dans l'enseignement supérieur. Ainsi, le nombre de personnes handicapées a augmenté dans les universités. À échelle locale, à Skopje, nous avons permis de développer le transport des personnes en fauteuil roulant.
M! : Quelle est la capacité en terme d'accessiblité aux personnes en fauteuil roulant en Macédoine ?
Daniela : Quasiment aucun effort n'est fait de ce côté là. Pire encore, une loi régit l'accessibilité d'un espace construit, mais elle n'est pas appliquée. Même les bâtiments neufs et les institutions publiques ne sont pas équipés. Pourtant, quelques établissements scolaires ont réglé ce problème, telle que la Faculté de Philosophie de Skopje, où la plupart des personnes handicapées étudient. Mais il subsiste encore des universités où les solutions d'accessibilité sont inexistantes, telles que la Faculté d'Architecture et celle du Génie en Bâtiment, n'est-ce pas ironique ? Seuls les établissements bien équipés accueillent les étudiants en fauteuil, car il est difficile de s'inscrire quand on ne peut pas rentrer dans un bâtiment. Le cas des personnes sourdes et malentendantes est un exemple frappant : elles s'inscrivent le plus souvent dans des sections artistiques, en sculpture ou peinture.
M! : Que dire des personnes malvoyantes ?
Daniela : C'est un sujet très délicat. Les personnes malvoyantes vont souvent en Faculté de Droit à Skopje. Aucune littérature adaptée ne leur est proposée et les livres professionnels en Braille n'existent pas. La plupart des étudiants utilisent le logiciel JAWS (Job Access With Speech). Avant la création de ce logiciel, les étudiants malvoyants se faisaient lire leurs manuels par des camarades et toutes leurs ressources étaient enregistrées sur des cassettes.
Translated from Life with Disability: “I am not Feeble-minded, I just Can’t Hear You Well”