Lykke Li: «Une âme agitée»
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Philippe-Alexandre SaulnierUn nom norvégien, une enfance suédoise et une tournée européenne. L’année 2008 a révélé la chanteuse de 22 ans dont le patronyme signifie « bonheur » et « félicité ». Une étoile, filante ?
Jusqu’à la dernière minute, il n’était pas évident que Lykke Li Timotej Zachrisson ait le temps de prendre un café en notre compagnie. Depuis plus d’un an, changeant presque chaque semaine de continent, de pays et de langue, la petite suédoise vit à un rythme d’enfer. Si bien qu’elle ne sait plus toujours très bien où elle se trouve quand elle se réveille le matin.
« Je vis partout et nulle part. Le petit déjeuner est la seule habitude quotidienne qu’il me reste », précise-t-elle un peu abattu en se redressant pendant qu’elle caresse les franges de son bonnet. Depuis qu’elle a produit le texte très déstructuré de son premier album Youth Novels, sa vie n’est plus la même. D’un seul coup, tout le monde est accouru pour travailler avec elle ou lui proposer un contrat.
Depuis l’enfance, Lykke Li est dévorée par une grande ambition. « A l’école, j’avais toujours les meilleures notes, bien que je trouvais les cours souvent vraiment nuls. Mais, je hais l’échec, c’est pour cela que je me suis toujours efforcée de réussir », explique-t-elle en disant savoir se débrouiller par elle-même. Les exercices de chant ? Oui, elle s’y exerce souvent mais c’est pour elle plus que de simples vocalises. Pour le prouver, elle se fait en vitesse une petite descente de gamme qui ravit Henri, le propriétaire du bistrot. Dommage pour lui qu’il n’y ait pas de bis. Lykke Li explique avec beaucoup de conviction qu’elle a plus appris en voyant les docus sur Joe Strummer (le chanteur et guitariste des Clash) que durant toute sa scolarité.
Hippies suédois au Portugal
Apprendre, elle l’a aussi fait un peu en regardant ses hippies de parents qui aimaient bien danser et chanter ensemble. Le père, Johan Zachrisson compose des bandes originales de disques et de films et joue dans un orchestre de worldmusic suédoise. Quant à Karsti Stiege, la mère, elle est photographe.
Une fois que Lykke li atteint l’âge de sept ans, toute la famille plie bagages, troquant les rivages de la Baltique contre les collines du Portugal. Les photos qu’elle me montre témoignent d’une enfance heureuse. On la voit, en compagnie de sa sœur âgée de 10 ans et de son petit frère vieux de trois printemps, courir heureux tout nus dans les vignes. D’autres images racontent aussi les voyages de la famille au Maroc, au Népal et en Inde…
« J’avais déjà l’âme agitée », commente Lykke Li qui dit avoir appris parfaitement, dès cette époque et par elle-même plusieurs langues : le suédois, le portugais, l’anglais, l’espagnol et bien entendu le norvégien et le danois. Elle aimait bien chanter, mais toujours uniquement en anglais afin que tout le monde puisse s’identifier à ses textes.
C’est d’abord sa voix glaciale et sensuelle qui vous pénètre. Sur Little Bit, le premier single de l’album, elle mélange la Lofi et les rythmes electros dans un halo de clarté musicale qui semble flotter en état d’apesanteur. Le second morceau I’m Good, I’m Gone, très pop, qu’elle chante munie d’un mégaphone, marie le clavecin et la tonalité des flutes à des piétinements de pas. Durant l’enregistrement à New-York sont venus s’ajouter à la sarabande d’autres instruments tout aussi exotiques comme ceux qu’affectionnent Tom Waits : le Theremin ou le Kazoo qui sonne quand on l’érafle à la manière des ondes Martenot… « Nous avions ces trucs à portée de main dans le studio et nous nous sommes demandés ce que nous pouvions en faire », nous explique la petite suédoise juchée sur ses hauts talons comme à chacune de ses apparitions.
Petite Femme : grande marque !
A un moment, elle a dansé pour la télévision suédoise mais statistiquement parlant, ce n’était pas grand-chose pour l’infatigable Lykke. Elle cherchait en ce temps-là des contacts. C’est alors qu’elle rencontre Björn Yttling, membre d’un groupe de pop suédois Indie formé aussi par Peter Bjorn et John, ainsi que Philippe Wilhem. Ils ont, pour ainsi dire, pris un ascendant sur sa carrière. Quand on lui demande si elle a bien toutes les cartes du jeu en mains, Lykke s’enflamme : « Je veux garder tous mes droits sur ma musique que d’autres pourraient violer. Mais, sans un grand label, le tour du monde aurait été pour moi impensable. De toute façon, après un certain temps, ces droits me reviendront. »
Près d’elle traîne un exemplaire de Metro, un journal gratuit d’origine suédoise : « Tu sais que c’est le journal que je préfère parce qu’il ne coûte rien. » A Paris, son concert n’a pas été un franc succès. En revanche, en Suède, ce fut un triomphe. Une salle pleine à craquer et une troisième place dans le top de meilleures ventes. Devenir une star ? « Non merci ! Je ne veux pas mettre constamment en péril ma vie privée. » Toutefois, depuis un an, pour Lykke, le succès a été au rendez-vous ! Bien entendu, elle doute qu’elle continue toujours à faire de la musique dans cinq ans. « Quoiqu’il en soit ce sera toujours de l’art, rajoute-t-elle rapidement. Je veux jouir d’une vie équilibrée n’importe où, où je puisse me sentir chez moi. Je veux rester sûre de moi et conserver ma créativité comme quelque chose de toujours nouveau chaque jour. »
Où vivra-t-elle, ensuite ? Elle ne le sait pas et ne peut pas encore le dire. Elle se définit juste comme une inconditionnelle de Paris et de Berlin, tout en entretenant des relations avec l’Amérique du Sud. Le reste du temps, Lykke Li aime se balader entre deux tournées de concert. Elle s’assoit alors dans un parc, sur un banc et se laisse emporter par une chasse à Roggen, la lecture de Paulo Coelho ou bien…. On the Road again.
Lykke Li en tournée européenne
France : 09 décembre à Paris, au Trabendo
UK/ Ireland dates: 5 Octobre- Birmingham, 6 Octobre - Bristol, 8 Octobre - Liverpool, 9 Octobre - Edimbourgh, 10 Octobre - York, 24 Novembre - Dublin, 25 Novembre - Glasgow, 27 Novembre - Manchester, 28 Novembre - London
Rest of Europe: 6 Decembre - Amsterdam, 10 Decembre - Oslo, 11 Decembre - Copenhagen, 12 Decembre - Stockholm
Translated from Lykke Li: Zuckersüßer Elektropop gegen Beziehungskrise