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Lutte contre le terrorisme: quand la protection prend le pas sur la prévention

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Bruxelles

Les attaques terroristes du 13 novembre à Paris ont plus que jamais remis la question de la lutte contre le terrorisme sur le devant de la scène. Pas étonnant que le sujet figure à l’ordre du jour du Conseil européen de ce vendredi 18 décembre. Profitons de notre présence sur place pour analyser la manière dont le Conseil l'aborde.

Cafébabel vous propose un bilan des points d'accord importants sur la lutte contre le terrorisme à la suite du Conseil européen.

Unanimité sur les PNR de l’UE

L’évolution rapide du dossier sur les données des dossiers passagers (PNR) a été saluée par tous. Après un premier rejet en 2013, la commission des libertés civiles a, ce 10 décembre, approuvé l’accord provisoire conclu entre le Parlement et le Conseil au début du mois. La volonté exprimée des dirigeants ce vendredi 18 décembre est désormais la mise en place effective du système la plus rapide possible. Objectif : permettre une identification des personnes « à risque » systématique et plus sûre. La protection du territoire européen ne peut, dans ces conditions, que s’en trouver renforcée et le risque d'attentat terroriste diminué.

Unité franco-allemande

François Hollande a rappelé l’importance des contrôles systématiques à toutes les frontières extérieures de l’espace Schengen pour tous les ressortissants qui y entrent. Il a également marqué sa détermination dans l’intensification de la lutte contre le trafic d’armes et le financement du terrorisme.

Angela Merkel, quant à elle, a exprimé sa volonté d’une utilisation systématique du système d’information Schengen et réaffirmé sa solidarité avec la France.

Collaboration avec les pays tiers

A peu de choses près, les déclarations des dirigeants européens concordent avec les conclusions du Conseil. Celles-ci rappellent néanmoins l’importance de travailler avec les pays et régions tiers tels que les États-Unis, l’Afrique du Nord, le Moyen Orient, la Turquie ou les Balkans de l’Ouest.

Oui, mais…

La stratégie de l’UE visant à lutter contre le terrorisme, livre sacro-saint de la lutte antiterroriste européenne est fondée sur quatre piliers : prévention (s’attaquer aux causes profondes qui conduisent à la radicalisation), protection (réduction de notre vulnérabilité aux attentats), poursuite (enquêter sur les terroristes, désorganiser les réseaux de soutien) et réaction (atténuer le plus possible les conséquences d’un acte terroriste).

Qu’en est-il du premier pilier et la prévention de la radicalisation ? Si les piliers de la protection et de la poursuite semblent avoir étés au cœur de ce Conseil, il apparaît clairement que le premier pilier, celui de la question de la prévention de la radicalisation ne semble pas avoir été à l’ordre du jour. Les dirigeants ne l’ont pas non plus évoqué lors de leurs conférences de presse aujourd’hui. Alors, la question est-elle secondaire ? Le Conseil du 17-18 décembre semble accorder la priorité voire l’exclusivité aux mesures de protection et de poursuite. Cela a pour conséquence de reléguer au second plan la question des sources profondes qui conduisent un citoyen européen à basculer dans le terrorisme. Il faut remonter aux conclusions de la réunion informelle du 12 février dernier pour y trouver clairement inscrit la volonté du Conseil de prévenir la radicalisation et préserver les valeurs.

En bref

S’il est important de saluer les efforts effectués pour améliorer les mécanismes qui nous protègent d’une éventuelle attaque terroriste sur le sol européen, la question de la prévention passe à la trappe. Ne serait-il  pas intéressant de mener une réflexion à l’échelle européenne sur l’identification des causes qui mènent le citoyen européen à basculer dans le fanatisme terroriste et tenter de l’endiguer ?

Alors que les attentats de Charlie Hebdo ont poussé les chefs d’Etat ou de gouvernement à  appeler à « rassembler les instruments dans le cadre d'une approche globale destinée à faire face à la radicalisation », ceux de novembre semblent avoir modifié les priorités en la matière. Traquer efficacement et juger rapidement les terroristes sont, aujourd’hui, les priorités de fait du Conseil européen.