L’Ukraine est « au bord de la guerre civile ».
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Le président ukrainien fait machine arrière. Les lois autoritaires ont été annulées mardi 28 janvier. Le premier ministre a « démissionné » sur ordre. Peut-on croire à un printemps ukrainien ? L’opposition en doute, pour elle seule la démission du président peut conclure ce mouvement de révolte.
Après l ‘assassinat de cinq manifestants la semaine dernière, le président ukrainien a fait machine arrière. La pression de la rue a payé, mais pour combien de temps ? En effet les reculades du président peuvent apparaître comme n’étant qu’un moyen pour lui de gagner du temps. Leonid Kravtchouk, le premier président de l'Ukraine indépendante (1991-1994), a estimé, mercredi 29 janvier, que le pays était « au bord de la guerre civile ».
Une opposition inquiétante
Trois parties politique se revendiquent d’opposition et sont les interlocuteurs « privilégiés » du président Ianoulevitch. Le parti Oudar est peut être le plus proche des manifestants. Son leader le boxeur Vitali Klitschko se rend régulièrement sur les barricades où ont lieu les affrontements. Le parti de l’ancienne premier ministre Ioulia Timochenko, est représenté par un des ses proches collaborateurs : Arseni Iatseniouk. Celui ci est dcrié car selon les manifestants il ne soutient pas assez la cause de Iula Timochenko ; de plus il a déclaré « prêt à prendre ses responsabilités », avant de se reprendre et d'expliquer qu'il ne croyait pas le président. Enfin le dirigeant du parti ultranationaliste Svoboda, Oleg Tiagnibok, est dépassé par la radicalisation d'une grande partie des manifestants et n’est plus considéré comme un interlocuteur valable.
Plus inquietant sont les groupes extremes qui grossisient chaque jour. L’un, Praviy Sektor (« Secteur droite »), est une alliance de groupes d'extrême droite nationalistes ; l'autre, Spilna Sprava (« Cause commune »), aux contours plus flous, se veut une émanation de la société civile militant pour un « pouvoir redevable aux citoyens ». Leur composition est assez hétéroclite mais l’ultra patriotisme est le ciment qui lie ses membres. Ils sont rejoints par de plus en plus d’ukraineien dégouté devant les atermoiment de l’opposition « traditionnel ». Il n’et pas dit que nous, europeens, dussions etre rassurer par l’alternative ukrainiene.
C’est pour rester dans la course que l’opposition parlementaire a refusé de voter les lois d’amnistie qu’avait proposé le president. Elles seront votées à 232 voix sur 416 suffrages exprimés. L’opposition s’offusque des conditions qui y sont liées. Il était notemment question d’amnistie pour les policiers et de liberation du Maidan. S’ils avaient voté ces lois le parlementaire de l’opposition aurait definitevement coupés les ponts avec la rue.
L’Ue se fait attendre
C’est à l’Union euroopéene de jouer les médiateurs. Comme le dit le ministre polonais des affaires etrangeres « Nous devons encourager l'opposition et le gouvernement à se parler ». Herman Van Rompuy en visite à Varsovie, a condamné sévèrement, samedi 25 janvier, « la brutalité des autorités contre des manifestants en grande majorité pacifiques ». « Personne ne peut empêcher le peuple ukrainien de voir ses rêves se réaliser un jour », il a par ailleurs rappellé que « notre porte reste ouverte », et que donc l’accord d’association proposé par bruxelles au president ukrainien est toujours valable.
Le ministre polonais des affaires étrangères, Radoslaw Sikorski illustre bien l’ambivalence de la position de l’Europe. Dans un entretien donne au journal le monde il déclare « Je n'ai pas à commenter ce genre de déclaration (a propos des demandes de demission du president). M. Ianoukovitch est un président démocratiquement élu qui a négocié avec nous un accord d'association avec l'Union européenne (UE) qu'il a décidé, de façon surprenante, de ne pas signer ». Mais si la siutation dégénere il admet que : « Les dirigeants ukrainiens savent de quels instruments nous disposons. Il ne s'agit pas seulement de sanctions portant sur les visas ou les avoirs, mais aussi des sanctions commerciales. Si l'Ukraine choisissait le mauvais scénario. »
Selon toute vraisemblance, la crise économique liée à la révolution que traverse actuellement le pays, précipitera l’issue de la crise. Le président ne pourra tenir sans avoir les moyens de payer les fonctionnaires et les soldats. L’aide que peut apporter l’europe ou le FMI seront soumises à des conditions que Ianoukovitch ne pourra refuser. Catherine Ashton est à Kiev le 5 fevrier pour rencontrer les divers protagonistes de la crise, en espérant qu’elle se montre à la hauteur de la tâche.