L’UE a trouvé dans la défense un pilier majeur de sa relance.
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57 ans après l’échec de la CED, l’Europe de la défense revient sur le devant de la scène internationale.Tout d’abord, avec la Stratégie européenne de défense qui a, notamment, conduit à la création de l’Agence européenne de défense en 2004, l’Union européenne a réinvesti le champ sécuritaire.
Adoptée en 2003 puis ré évaluée en novembre 2006 par le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne, cette stratégie ne constitue pas un simple affichage politique. Etablie selon des critères d’appréciation prédéfinis par les Etats membres et poursuivant des objectifs bien identifiés – dont le détail figure dans le Rapport général de l’Union de 2006 – cette stratégie marque un pas en avant dans la réalisation d’une défense intégrée.
Apparaître comme un acteur uni
En prévoyant une clause d’assistance mutuelle et en introduisant la stratégie européenne de défense dans son nouveau traité modificatif, le Conseil de juin dernier a fait de la PESD le nœud gordien de l’intégration fonctionnelle. On ose enfin dire que sans un rapprochement plus étroit des Etats membres en matière de gestion budgétaire, industrielle et capacitaire, aucune défense européenne proactive n’est possible. Et autant dire que sans défense commune, c’est l’Europe entière qui risque de disparaître de la scène politique internationale. Au lendemain du 11 septembre et avec l’apparition du terrorisme transnational, qui a perturbé l’équilibre mondial et bouleversé les enjeux diplomatiques, les organisations internationales ont dû repenser leur rôle respectifs. Afin de trouver sa place dans ces nouveaux rapports de force, tout en assurant sa relance, l’ Union européenne a aujourd’hui besoin d’apparaître comme un acteur unifié, fiable, capable de se positionner et d’agir dans un système global rendu anxiogène par la multiplication des crises.
Un cadre plus flexible
Cependant, lorsque l’on évoque la sécurité mondiale, l’Alliance atlantique demeure encore le cadre de référence privilégié. Bien que les bouleversements évoqués plus haut aient contraint l’OTAN à modifier substantiellement son mandat et, du même coup, à s’extraire de son champ de compétence initial, ceci n’a fait que très peu d’émules. Il est vrai qu’avec la caution morale des Nations unies, il est difficile de susciter le scepticisme... Pourtant, si le changement de la donne mondiale et le déplacement des conflits semblent justifier un tel glissement de l’OTAN, pourquoi la volonté de montée en puissance de l’Union européenne demeure-t-elle subversive ? Pourquoi une politique européenne de sécurité et de défense unitaire serait-elle moins légitime à répondre aux crises régionales qu’une Alliance atlantique ne disposant, a fortiori, pas des outils conceptuels et opérationnels adaptés à ce type de conflits ? Au contraire, il semble que l’Europe soit un cadre plus adapté car plus flexible, permettant aux Etats à la fois membres de l’UE et de l’OTAN une plus grande souplesse dans le ''choix des armes.''
Force de réaction rapide et Gestion civile des crises, deux leviers de la PESD. L’UE a donc développé son pilier « Défense » de façon empirique, en proposant de nouveaux concepts d’opération et en investissant le terrain, et c’est bien là sa force. La défense européenne s’inscrit dans une lignée programmatique et conceptuelle unique, fondée sur la coopération civilo-militaire, le renforcement des synergies et la mutualisation des compétences. Ce projet est notamment défini par le programme des Headline Goals 2010 où l’on trouve plusieurs propositions allant dans ce sens : conception d’une nouvelle politique de défense commune dans le domaine maritime ; précisions sur le rôle des forces de réaction rapide, des battlegroups et autres générations de force, ainsi que sur leur déployabilité en zone de crise ; etc. Par delà le conceptuel, l’activation de la Force de gendarmerie européenne (FGE) et l’inauguration du Centre d’opération européen en juin dernier par le chef de l’Etat major de l’Union européenne, le britannique David Leakey, témoignent de cette volonté de doter l’Union de ses propres outils stratégiques et opérationnels.
Quel avenir ?
Le mot de la "fin" Si, du côté institutionnel et du côté communautaire, l’Europe semble s’essouffler, il faut considérer d’autres éléments de sa relance. Le besoin de diplomatie et la nécessité de réaffirmer notre unité sur la scène internationale ont fait renaître la politique de défense européenne dans les consciences. Reste, à présent, à profiter de ce déclic pour concrétiser ce pour quoi l’UE avait été créée : assurer la paix.
Sophie Helbert