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Lou de Laâge : "J'ai toujours l'impression d'en être au commencement"

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Berlin

Les interviews s’enchaînent mais Lou de Laâge reste souriante, les cheveux bien plus courts que lors de ses dernières apparitions sur les écrans. Dernière nous, le tapis rouge du palais du festival. Sur les tables, des bretzels que personne ne semble vouloir approcher. Mais un café, tout de même, pour la jeune actrice française présente à Berlin dans le cadre du programme European Shooting Stars.

La carrière française de Lou de Laâge est déjà depuis quelques années sur une belle pente ascendante. Après le remarqué J’aime regarler les filles, elle obtient une nomination pour le César du Meilleur Espoir féminin en 2014 pour Jappeloup de Christian Duguay. Rebelote en 2015 pour Respire de Mélanie Laurent. Depuis les rôles s’enchaînent : Le Tournoi (Elodie Namer), L’Attente avec Juliette Binoche et Les Innocentes, d’Anne Fontaine qui vient tout juste d’arriver sur les écrans français. C’est désormais Lou de Laâge qui est tout en haut de l’affiche de ce film difficile traitant du viol de bénédictines polonaises par des soldats soviétiques. A Berlin, elle nous parle de perverse narcissique, de théâtre et de naturalisme.

Votre actualité, c’est la sortie récente du film Les Innocentes où vous jouez le rôle principal, celui d’une jeune médecin de la Croix-Rouge qui vient en aide à des bénédictines violées en Pologne ? Quels sont déjà les premiers échos de cette sortie sur les écrans ?

Nous avons fait une tournée en province avant la sortie officielle et les premiers retours étaient très positifs. Je ne me sens pas au centre de quoi que ce soit avec ce premier rôle principal, ce qui m’intéressait, ce de raconter l’histoire vraie de ce personnage, de pouvoir remettre en lumière son action. Ce n’était pas une héroïne, juste une femme normale.

Vous jouez donc dans une histoire polonaise, après avoir joué L’attensa (L’Attente) qui se déroule en Italie et où vous parlez aussi italien, qu’est-ce qui vous attire dans ces horizons différents ?

Travailler avec des langues différentes, c’est extrêmement enrichissant. Je ne maîtrise pas bien les langues, mais je trouve cela justement plutôt agréable comme sentiment de distance avec le texte, cela permet de s’abandonner dans son jeu.

Est-ce que vous ressentez ce premier grand rôle comme un tournant dans votre carrière ?

J’ai toujours l’impression que j'en suis au commencement…

Parce que vous estimez être arrivée tard au cinéma ?

J’ai commencé très tôt le théâtre, vers l’âge de dix ans, mais c’est un milieu bien moins médiatisé que le cinéma. Le cinéma est venu après, quand je suis arrivé à Paris. Je faisais une école de théâtre, comme je n’avais pas assez d’argent, je suis allé voir une agence de pub.

Et c’est là que le public français vous découvre sur le petit écran d'abord en égérie du rouge à lèvres Bourjois.

C’est finalement un destin inattendu puisque cette agence de publicité m’a tout de suite réorienté vers une agence de comédiens. En me disant qu’il ne fallait pas que je m’inquiète et que j’allais rater tous mes premiers castings. Partir avec cette idée m’a permis d’aller beaucoup plus sereinement aux castings ensuite.

Un casting que vous avez bien réussi apparemment, c’est celui de Respire, avec Mélanie Laurent. L’histoire d’une amitié un peu toxique entre deux jeunes filles. Comment vous avez abordé ce rôle, notamment sous le regard de Mélanie Laurent, elle-même article reconnue ?

J’ai trouvé très agréable de jouer ce rôle de perverse narcissique. Ca fait du bien de jouer les méchants. Mélanie Laurent connaît évidemment ce que c’est qu’être acteur et cela se ressent. C’est bien d’avoir derrière la caméra quelqu’un qui nous comprend.

Comme si votre carrière au cinéma n’était déjà pas assez remplie, vous continuez donc le théâtre. Quelles interactions voyez-vous entre ces deux carrières ?

Il n’est pas envisageable pour moi d’arrêter le théâtre. Sur scène, on n’est complètement responsable de ce qu’on joue et cela peut changer selon l’humeur du jour. Je vois le théâtre comme une école d’acteurs. Le cinéma est plus comme du naturalisme et c’est une expérience qui me permet aussi d’améliorer mon jeu au théâtre.

Vos prochains projets donc, plutôt cinéma ou théâtre ?

Théâtre. Je travaille avec ma compagnie à la pièce C’est tout pour cette nuit, sur un projet du réalisateur Michel Ocelot. Celui qui a réalisé Kirikou. C’est un projet qui date un peu mais nous allons jouer ces prochains mois, notamment à Paris.