L’ONU épingle l’Iran des mollahs pour les violations des droits humains
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Le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme en Iran, Ahmad Shaheed, a présenté son dernier rapport lors de la troisième commission de l’Assemblée générale de l’ONU à la fin du mois d’octobre. Il s’agit du sixième rapport présenté par Dr. Shaheed.
Les informations émanant de ce rapport proviennent avant tout de sources gouvernementales, de victimes présumées de violations des droits de l’homme et d’acteurs de la société civile dans et hors du pays.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’Iran est encore très loin de respecter les conventions internationales en matière de droits de l’homme. Comme le mentionne le rapport dès son premier article, les différentes mesures prises par le gouvernement Iranien n’ont « dans l’ensemble, abouti à aucune amélioration concrète et suffisante de la situation des droits de l’homme dans le pays. Plus précisément, il existe un écart sensible entre la loi d’une part, et certaines pratiques autorisées par l’État et qui portent atteinte aux droits fondamentaux d’autre part. »
Arrestations arbitraires, tortures, condamnations à la peine de mort…
Nous voilà directement dans le vif du sujet. Le rapport liste ensuite quantité de faits prouvant la mauvaise foi de la théocratie Iranienne sur le sujet. Pire encore, le pays n’accepte la présence d’aucun représentant de l’ONU, quel que soit son mandat, ainsi que le précise le rapport : « Les autorités iraniennes rechignent toujours à faire droit aux demandes de visite de pays adressées à plusieurs reprises, depuis 2005, par huit titulaires de mandat thématique au titre des procédures spéciales et par les titulaires du mandat propre au pays. Depuis cette date, aucun rapporteur ne s’est rendu en Iran. »
Difficile donc de juger des efforts éventuels que pourrait produire le gouvernement Iranien. Il ne répond qu’à 30 % des requêtes qui lui sont adressées, ne laisse personne enter sur son territoire, et continue de bafouer allègrement les droits humains, sous prétexte de rendre honneur à un Dieu qui ne supporterait pas que l’on contredise son porte-parole… Pour aller plus loin encore dans l’hypocrisie, le 26 novembre 2013, le président des mollahs, Hassan Rohani, avait rendu publique un projet de charte des droits civils. Par ce biais, il s’engageait à enfin protéger les droits humains. Bien entendu, il n’en a rien été. La rédaction de ladite charte n’est toujours pas terminée, les articles et dispositions rendus publics ne protègent absolument pas la liberté d’expression, pas plus que les droits d’association et de réunion, et, de toute façon, les gardiens de la révolution ne respectent pas les lois déjà édictées. Ils arrêtent et torturent impunément, sans même jamais être réprimandés…
De records d’horreur en records d’horreur.
Selon le rapport présenté ce jour à l’ONU, les associations de défense des droits de l’homme estiment entre 966 et 1 054 le nombre d’exécutions pour la seule année 2015. Un nouveau record depuis 20 ans. En réponse à ce rapport, le gouvernement Iranien refuse l’instauration d’un moratoire sur la peine de mort, et justifie la lapidation comme moyen dissuasion efficace contre l’adultère. De plus, « la République islamique d’Iran maintient la peine de mort pour les garçons âgés d’au moins 15 années lunaires et les filles âgées d’au moins neuf années lunaires. »
On note d’ailleurs une recrudescence des exécutions juvéniles, puisque pas moins de 73 ont été dénombrées au cours des 10 dernières années (2005-2015), et 160 autres attendent dans le couloir de la mort en ce moment. Pour continuer dans l’abjection humaine, le rapport fait acte de nombreux témoignages au sujet de la torture, très fréquemment utilisée dans les prisons Iraniennes. Outre le déni d’accès aux soins médicaux, les tortionnaires Iraniens usent de l’amputation, de l’énucléation ou encore de la flagellation. Toujours dans le même but ; obtenir des aveux pendant la détention provisoire.
Le rapport, qui compte pas moins de 87 articles sur près de 30 pages, relève de nombreuses exactions commises par le gouvernement Iranien sur son peuple. Chaque exemple donné est sourcé, précis et fait état d’une nouvelle atrocité. Ici, des mineurs flagellés pour avoir protesté contre le licenciement de leurs collègues ; là, des jeunes hommes et jeunes femmes condamnés à 99 coups de fouet pour avoir participé à une fête étudiante ; ailleurs, des détentions sans mandat d’arrêt, sans avocat et sans possibilités de voir la famille. Les cas sont malheureusement légions. Il suffit de lire le rapport du docteur Shaheed pour s’en apercevoir. Musiciens, artistes, journalistes, avocats… Toute personne qui, de près ou de loin, ose contredire le guide suprême est passible d’emprisonnement, avec ou sans mandat, avec ou sans jugement réel… Les plus chanceux échapperont à la torture quand d’autres verront très rapidement le peloton d’exécution.
Dr Shaheed achève son mandat mais l’ONU a déjà désigné un autre rapporteur spécial pour l’Iran, la pakistanaise Asma Jahanguir. Ce mandat a eu toutefois des effets, sous la pression des rapports dénonçant le régime, le ministre iranien de la justice, Mostapha Pourmohammadi, a évoqué une révision de la loi sur la peine capitale. Pour l’instant ce n’est qu’une promesse sans suite, le ministre précise toutefois que l’application de la peine de mort reste nécessaire. Il est vrai que Pourmohammadi est lui-même impliqué dans le massacre de plus de 30000 prisonniers politiques durant l’année 1988 suite à une fatwa de Khomeiny appliqué par une commission de la mort dont il était membre.
Il est impossible de résumer le rapport du rapporteur spécial en ces quelques lignes, tant le nombre des contraventions aux conventions internationales des droits de l’homme est impressionnant. D’aucuns pourraient traiter la république Islamique d’Iran de république Moyenâgeuse. Mais il semble que ce serait le moyen-âge qui se trouverait insulté par la comparaison.