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L’ombre du pétrole plane sur le Darfour

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Default profile picture ariella baltié

Dans plusieurs pays, les intérêts pétroliers ne concordent pas avec la défense des Droits de l’Homme, comme au Soudan et au Tchad.

La guerre civile, qui sévit au Soudan depuis 1983, oppose les milices arabes Janjaweed (des cavaliers) et les groupes rebelles du Mouvement pour la Justice et pour l'Egalité (MJE) et Sudan Liberation Army (SLA). Le gouvernement islamique de Kartoum est accusé d’avoir exacerbé les différences ethniques, désormais dépassées, et d’avoir soutenu les milices Janjaweed, auteurs de graves violences sur des civiles du Darfour. Les groupes rebelles soutiennent, quant à eux, qu’une plus grande part des profits générés par l’exploitation pétrolifère devrait être redistribuée. La communauté internationale craint que la crise du Darfour ne s’étende, déstabilisant ainsi l’ensemble de la région. La visite de Colin Powell au Soudan en juin dernier, et les pressions des Etats-Unis pour la signature des accords de paix à Nairobi le 9 janvier, prouvent que des intérêts américains sont en jeu : l’agenda des négociations comportait non seulement le respect du droit international et la sauvegarde des Droits de l’Homme au Darfour, mais également la négociation de garanties pour la défense des investissements pétroliers américains dans le sud du pays.

Une richesse souterraine

Avant le tsunami en Asie du sud, les experts décrivaient l’urgence humanitaire au Darfour comme la plus grave de tous les temps. Trente mille personnes ont succombé aux attaques militaires et un million d'habitants a abandonné les villages. Deux cent mille réfugiés se sont dès lors dirigés vers le Tchad, alors que les organisations humanitaires attendent l’arrivée prochaine de 100.000 Soudanais. La récente découverte de pétrole au Tchad a conduit des entreprises américaines à s’installer sur place. Elles préparent l’exploitation pétrolière et la construction d’un oléoduc qui rejoindra la côte camerounaise et qui permettra le transport du pétrole vers l'Occident par voie maritime. Pariant sur les profits à venir, le gouvernement tchadien a profité de l’occasion pour investir dans la production pétrolière. Le Tchad reste pourtant l’un des pays les plus pauvres au monde et l’arrivée de réfugiés a mis à mal le fragile système local. Le gouvernement de N’Djamena n’a pas investi dans les services et s’est retrouvé à cours d’argent : la santé, l’éducation, les infrastructures et la sécurité ont été paralysées suite à la crise humanitaire.

Tandis qu’au Soudan on meurt pour le pétrole, au Tchad, c’est donc le pauvre budget public qui s’est envolé. Et dans les deux cas, les profits n’iront pas à ceux qui en ont cruellement besoin, mais plutôt aux élites locales soutenues par les intérêts post-coloniaux et aux caisses des multinationales étrangères. Au Sahel, l’âne constitue le principal moyen de transport, et l’unique objet en plastique dérivé du pétrole utilisé par la population est le jerricane d’eau. Certains soutiennent que les industries pétrolières donnent du travail à la population locale, mais en réalité, les postes techniques sont occupés par des étrangers. En 2002, le Tchad, qui compte une population majoritairement ouvrière, a connu un important conflit syndical quand il s’est rendu compte que les multinationales pétrolières sous-payaient le personnel.

La politique au service des intérêts économiques pose un vrai problème. Les populations soudanaises et tchadiennes, affectées par la guerre et la pauvreté, doivent lutter seules pour survivre. Elles aussi rêvent qu’un jour elles pourront jouir des fruits du merveilleux sang noir extrait de leurs terres.

Translated from L’ombra del petrolio sulla crisi del Darfur