L'Iran, le pays où la coiffure est un crime
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Aleksandra Sygiel
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C BLe ministre iranien de la culture a publié le 6 juillet 2010 un catalogue de coupes de cheveux masculines correspondant aux critères de l’Islam. La tendance générale ? Au plus simple pardi, même si un zest d’excentricité, s’il reste mineur, est permis. Jusqu’ici, les restrictions concernant l’apparence touchaient d’abord les femmes, lesquelles, repérées par la police religieuse dans la rue avec une mèche de cheveux sortant du foulard, pouvaient se faire rappeler à l’ordre. Toute protestation étant suivie d’un voyage gratuit au commissariat le plus proche. Je me demande si les hommes arborant une queue de cheval ou un mulet seront escortés vers le coiffeur le plus proche… A moins qu’elle ne soit coupée sur le lieu du crime.
Un jeune iranien proteste devant l’ambassade de Londres, le 14 juin 2009, deux jours après les élections présidentielles iraniennes suite auxquelles Mahmoud Ahmadinejad a débuté un second mandat. L’opposition a considéré que les élections avaient été truquées. Des émeutes ont traversé le pays. Selon les données officielles, 26 personnes ont été tuées ; plus de 100 selon les sources officieuses. Le jeune iranien photographié risque une double peine : protestation subversive et coupe de cheveux non-conforme à la ligne esthétique officielle. Pas de pointes. Des cheveux en broussaille équivalent à une pensée trouble…
(Photo : © lewishamdreamer/Flickr)
La tempête capillaire n’est acceptée que si elle est domptée par une forte couche de gel. Une mèche de folie s’infiltre dans la ligne officielle : la coupe de cheveux à la Elvis est permise. Assez surprenant de la part d’un code de conduite sensé prévenir de l’influence de l’occident impérialiste. Parmi les autres comportements issus de l’impérialisme occidental à bannir est la possession d’un chien : « L’amitié avec un chien est une imitation aveugle de l’Occident », a dit l’Ayatollah Nasser Shirazi Makar le 19 juin 2010. Dans l’Islam, les chiens sont des « animaux impropres ». Mais Elvis, comme nous le savons tous, était un Dieu, donc pure et sacré.
(Photo : © Spencer Finnley/Flickr)
Les pensées de ce citoyens sont non seulement troubles, pis, explicitement hostiles. Les racines de Mohawks prennent leur source dans le style de coupe de cheveux des indiens Mohicans du nord de l’Amérique, issus de la tribu des Iroquois. C’est peut-être la dernière fois que l’on voit une coupe aussi révolutionnaire de sortie en Iran.
(Photo : © tommy forbes/Flickr)
Insondables sont les jugements du Prophète. Alors que le style Mohawk est perçu comme hostile par la République Islamique, sa version plus libérale, à la Marine, semble beaucoup mieux acceptée.
(Photo : © nukeit1/Flickr)
En Grande Bretagne, la même coupe de cheveux serait probablement appelée « à la Beckham ». Le ministère iranien de la culture semble apprécier l’image de la star anglaise du ballon rond. Personne ne le blâmera là-dessus.
(Photo : © jsrcyclist/Flickr)
A l’inverse, cette coupe n’est pas du goût du Prophète. Appelée mulet, cheveux court à l’avant et long à l’arrière, tombant sur la nuque, elle s’avère être un ennemi sérieux à la santé morale de la République.
(Photo : © found_drama/Flickr)
En Pologne, on appelle aussi mulet la coupe du footballeur tchèque, alors qu’en France, par analogie, on parle de celle des footballeurs allemand. On peut surtout se demander si l’abolition de cette tradition capillaire tient plus à des raisons idéologiques ou à un certain bon sens esthétique chez le Prophète ? Le site Slate.fr précise en tout cas que le mulet n'a rien d'une invention occidentale puisqu'on trouve des traces du mulet dans les anciennes civilisations de Mésopotamie, de Syrie et d'Asie mineure.
(Photo : © Thomas Duchnicki :: Location Scout/Flickr)
Le pauvre homme sur la photo est en train de commettre trois crimes similaires en un. Une seule queue de cheval suffirait à le faire embarquer au poste de police le plus proche. Je me demande comment la police iranienne aurait réagi face à Steven Seagal et sa queue de cheval, la plus célèbre de l’histoire, qui n’est heureusement plus que de l’histoire ancienne. Remercions-en Dieu et son Prophète !
(Photo : passage du film « Hard to kill » ©mynameisharsha/Flickr)
Non, non, non ! Coupez-moi cette mèche tout de suite ! Impossible, à part pour le Très Grand, de savoir ce qui se passe dans la tête de celui-là ! Il faut couper plus court... Jusqu'au raz des idées...
(Photo : © JesseMenn/Flickr)
Tiens. Prenez celui-ci par exemple. Pas trop long, pas trop court, avec une barbe (symbole d’une foi profonde), un brun avec un sourire délicat et de la sincérité dans le regard. Juste ce qu'il faut.
(Photo : ©José Cruz/wikipedia)
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