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L’Internationale des stagiaires allemands au cinoche

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CultureSociété

Après The Edukators, un nouveau film « rebelle » vient de sortir sur les écrans de cinéma outre-Rhin. Résiste - Aufstand der Praktikanten est une plongée dans le monde des stagiaires. Comment lutter contre l’exploitation de la jeunesse laborieuse ?

Till, comme pas mal de ses compagnons d’infortune du monde réel, se laisse emporter par la vague de précarité sur laquelle surfe tout éternel stagiaire. Il en est à son huitième stage et ne désespère pas d’être un jour embauché définitivement. Mais quand son patron (le neuvième) l'envoie sur les roses, il ourdit sa vengeance et crée avec deux autres stagiaires sa propre agence : Pakt, la première boîte de conseil pour stagiaires. Son but n'est pas philanthropique, il veut se faire du blé. Beaucoup de blé. 

Sauf qu’arrive à Berlin son amour de jeunesse, Sydelia, moitié française, idéaliste et toujours combattive. Mais son poste en CDI dans un « magazine de gauche sérieux » (toutes similitudes avec le magazine Spiegel sont, bien entendu, fortuites) s'avère bien vite être stage… non rémunéré. Mais on ne la fait pas à Sydelia qui met un grand coup de pied dans la fourmilière, bien décidée qu'elle est à faire sa petite révolution pour que les stagiaires aient un sort plus juste. Les chemins de Sydelia et de Till ne tardent pas à se croiser. Et c'est le grand chambardement, en particulier dans la tête de Till. Quand se déclenche la première grève générale des stagiaires, Till doit choisir : sa boîte ou son idéalisme fraîchement ressuscité.

Kino révolutionnaire

En Allemagne, le film révolutionnaire devient petit à petit à la mode : avec des accents un tantinet romantiques, de jeunes réalisateurs tentent de ressusciter l’esprit rebelle de 1968. Comme dans Die fetten Jahre sind vorbei (The Edukators en français) ou encore Free Rainer, une satire où Moritz Bleibtreu campe le rôle d'un producteur télé qui manipule les résultats d’audimat pour favoriser les programmes les moins débiles.

(Movienet Film GmbH)

Ces films ne sont généralement pas très réalistes. Mais ils éveillent toujours cette envie singulière de faire comme jadis Philipp Scheidemann quand il proclama la « République allemande » du haut d'un balcon berlinois. Ou plus simplement de bomber sur un mur : « Nique le système ! » Pour en revenir au film qui nous intéresse, et même en le souhaitant très fort, Aufstand der Praktikanten n’atteint pas sa cible. Le réalisateur Jonas Groll, à trop finement ciseler son histoire d'amour, perd de vue son objectif malgré une belle entrée en matière. Il aurait pu concocter une satire acide de cet univers totalement dantesque, de cette farce dont sont victimes les stagiaires. Certes quelques moments intéressants ressortent, mais ils sont trop vite esquissés pour la plupart et souvent sortis de derrière les fagots.

Agence fédérale

Et pourtant, le sujet permettait largement de sortir de l'ombre des films précédemment nommés ! Par exemple, alors que le gouvernement allemand refuse de reconnaître le droit de grève des stagiaires, la détermination des jeunes s'effrite. Et l'intrigue du film tourne vite à la tempête dans un verre d'eau. Dans la dernière scène, on voit la chancelière qui envoie vite fait un SMS. Ellipse temporelle avant de retrouver, trois mois plus tard, tout notre petit monde content de son sort : nos stagiaires sont paisiblement attablés, leurs ennemis d'hier oubliés, en compagnie de l'ancien patron de Till et de l'homme en blanc, le personnage qui symbolise le capitalisme prédateur. Dans le salon vieillot des parents de Till, ils fêtent ensemble la création d'une agence fédérale pour les stagiaires. Pas précisément l'éradication de l'esclavagisme dans les entreprises, mais la récupération bureaucratique du problème des stagiaires. Pas très révolutionnaire…

Translated from Generationenkino im Weichspüler: 'Résiste - Aufstand der Praktikanten'