L’homophobie dans le sport : une discrimination sourde
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Jane MeryA l’heure des JO 2008, les communautés gays, en Chine et en Europe, tissent des liens. Car dans le monde du sport, il ne fait pas bon faire partie d’une minorité sexuelle. Discussions avec deux militants homosexuels, à Barcelone et Hong Kong.
En Europe, une compétition sportive européenne et gay peut avoir lieu. Cela s’appelle Eurogames : 5300 sportifs européens issus de la communauté gay, lesbienne, bisexuelle et transsexuelle, se sont rencontrés à Barcelone, du 24 au 27 juillet, lors sa 12e édition lors de laquelle les athlètes se sont affrontés dans 28 disciplines différentes. Alors que le sport tient le haut de l’affiche grâce aux Jeux olympiques de Pékin, les organisateurs ont souhaité mettre l’accent sur les droits des homosexuels, loin d’êtres respectés dans le pays organisateur : la Chine.
« Les Eurogames sont une sorte de forum », lance Pepe García Vázquez, le co-président de la fédération des sports gays et lesbiens. Il organise cette manifestation avec l’aide d’associations locales. Pour lui, l’objectif est « d’améliorer la visibilité et la coopération des membres de la communauté qui partagent les mêmes intérêts. » Avec plus de 1600 membres, venus de 110 associations de 21 pays de l’Union européenne, cette fédération tente de combattre la discrimination en encourageant l’intégration et l’émancipation des gays et des lesbiens dans le sport.
« On me demande souvent si nous voulons créer une sorte de ghetto réservé exclusivement aux gays. Mais les ghettos sont le produit de la société, ils existent uniquement parce que les gens rejettent la différence », estime Pepe García Vázquez. Les Eurogames de Barcelone ne sont d’ailleurs pas réservés aux homosexuels, mais plutôt ouverts à tous : « Nous recherchons constamment l’excellence dans le sport », poursuit le responsable.
12 homosexuels aux JO d’Athènes en 2004
Pour Pepe García Vázquez, cette compétition est le symptôme d’une homophobie omniprésente dans le monde du sport : « La première insulte que l’on entend sur un terrain de foot est très souvent dirigée contre les gays », explique-t-il. Aux JO et dans toutes compétitions sportives de haut-niveau, Pepe García Vázquez rappelle d’ailleurs que le nombre de sportifs qui se disent publiquement gays est très faible.
« Certains révèlent leur homosexualité quand ils prennent leur retraite », explique-t-il donnant l’exemple de stars comme John Amaechi, le basketteur anglais engagé à la NBA. « C’est de la discrimination sourde. Les sportifs ne s’affichent pas car ils ont peur d’être rejetés par leurs collègues ou de perdre des contrats publicitaires. Il faut voir l’argent que cela représente ! Par exemple, la joueuse de tennis tchèque Martina Navratilova vaut 12 millions de dollars en contrats de sponsoring. » Autre exemple, la dernière édition des Jeux olympiques qui a eu lieu à Athènes en 2004 : « Sur 11 000 sportifs, seuls deux hommes et une petite dizaine de femmes étaient ouvertement gays », poursuit García qui précise d’ailleurs que les joueurs issus de minorités sexuelles sont plus nombreux dans des sports individuels, comme la course équestre ou le lancer de disque, discipline dans laquelle la sportive australienne Lisa-Marie Vizaniari, qui est également lesbienne, excelle.
En Chine, une communauté gay sous pression
Bien que le rapport de China BBS (un organisme dédié à la recherche sociale, financée par la fondation Volkswagen) estime qu’il existe environ 30 millions de gays et lesbiennes en Chine, là-bas, aucun sport ne comporte d’athlète gay. Reggie Ho, délégué d’honneur de l’association Horizon basée à Hong Kong acquiesce : « Légalement dans tous le pays, l’homosexualité n’est pas reconnue comme un thématique de société (bien qu’elle ait été décriminalisée en 1997, après avoir été sévèrement réprimée lors de la révolution culturelle). Mais les minorités sexuelles sont persécutées par d’autres lois, qui ne vont pas à l’encontre des gays ouvertement, comme celles sur l’ordre public et la sécurité. » Selon Ho, dans la région administrative de Hong Kong, Macao et Taiwan, des cas liés à l’homosexualité ont poussé les juges à faire des déclarations individuellement, sous leur autorité propre, sur ce thème. « Et la plupart du temps, ces jugements vont à l’encontre des minorités sexuelles. »
Les gays ne sont pas une priorité
Les JO de Pékin vont-ils changer quoi que ce soit à cette situation difficile ? Reggie Ho n’ai pas convaincu : « Pékin ou Hong Kong sont préoccupés par d’autres problèmes sociaux et l’orientation sexuelle n’est même pas dans la liste des priorités dans le futur. Pékin ne prend pas officiellement ces problèmes en charge, mais il souhaite quand même ignorer ou supprimer l’existence de minorités sexuelles. Les policiers font régulièrement des descentes dans les bars gays. Il y a une grande crainte de l’inconnu et les autorités pensent qu’une image publique des gays ou lesbiennes en Chine fait mauvaise pub au pays. »
Bien sûr, ces dernières années, des personnalités gays ont « organisé des services pour la minorité et obtenu de fonds du gouvernement, notamment dans le cadre de la prévention contre le Sida. » Selon Ho, « le mot gay est toujours synonyme de Sida pour les autorités ». Et la plupart du temps, les homosexuels restent cachés. « D’autres activistes ont fait beaucoup de boulot en ligne, termine Ho. En réalité, les minorités sexuelles dans toute la chine se structurent grâce à Internet, pour avoir un endroit où les individus peuvent se sentir eux-mêmes. »
Translated from Homosexuales en los JJ OO: “una discriminación sorda”