L’homme orchestre ou le soliste politique
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Dominika BuczkowskaEn ce lendemain de fête de la musique, comment reconnaître l’homme orchestre ? Par le silence qu’il laisse derrière lui. Par contre, lui-même a du mal à vivre sans bruit. C’est pour ça il joue. Mais souvent seul.
L’homme orchestre joue fort, joue avec les autres. Comme Louis de Funès dans ses films, il domine la scène par son charisme. Il jongle avec plusieurs instruments à la fois. De la trompette à la guitare. De la rigolade à la provocation. Il a toujours quelque chose à dire. Des fois nous avons envie d’une reprise (souvent il ne faut pas) et parfois nous avons envie de dire comme le roi d’Espagne : ¿ Por qué no te callas ? (Pourquoi tu ne la fermes pas ?). L’homme orchestre est comme Stehaufmännchen (DE), impossible à arrêter. Toujours prêt à faire un commentaire. Comme un boomerang, plus tu le lances fort, plus il revient vite. Prendre la parole ? Impossible. Enfin, c’est un show d’un seul acteur.
Toutefois, le one man show (EN) a ennuyé le public arabe. Certains acteurs ont été sifflés et ont dû quitter la scène. Le premier, qui s’est essoufflé, c’est Zin al-Abidin Ben Ali. Comme el hombre orquestra, il s’est baladé dans les petits villages espagnols. Il a pris ses instruments puis a entamé un long voyage pour s’arrêter dans le royaume d’un autre acteur, Abdullah bin Abdulaziz al Saud, un vrai Ein-Mann-Orchester, président et Premier ministre éternel, gardien de deux saintes mosquées (attention à tous ceux qui se pressent d’y aller, les convertis sont condamnés à mort en Arabie Saoudite) et prince d’un conte des mille et une nuits. Un prince, tout comme Abdullah, venu du golfe Persique jusqu’en Pologne pour financer une opération de séparation de jumelles siamoises en 2005. Après qu’Olga et Daria Kolacz ont été déliées au niveau de la colonne vertébrale, il a invité la mère des jumelles en Arabie-Saoudite. Le 3 janvier 2005, l’intervention a été transmise par la télévision saoudienne. Ça c’est un show !
Mais, il ne faut pas chercher loin le one man show politique. En Europe, nous avons el hombre orquestra del gobierno ( l'homme orchestre du gouvernement) en personne : Alfredo Pérez Rubalcaba, vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur.
Il y a beaucoup de jeunes qui arrivent à jouer sur scène et qui savent jongler avec sa vie, non ? Comme par exemple ce jeune journaliste qui écrit, fait des photos, tourne des reportages et, entre-temps, cherche un autre job à côté. Et tout cela, sans les applaudissements.
Translated from Człowiek orkiestra - show must go on