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L'Europe et le brassage ethnique : ça se passe comment ?

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Diego Jenowein

Dans certaines États membres de l'Union européenne, créée pour faciliter les échanges et la mobilité entre de nombreux pays, le brassage ethnique semble être en crise. Ainsi, la Belgique détient le record du pays à rester le plus longtemps sans gouvernement, tandis que la Lettonie et l'Estonie comptent un pourcentage élevé de personnes d'origine russe qui restent « sans nationalité ».

L'Union européenne porte son regard sur l'ex-Yougoslavie en vue de nouveaux membres potentiels, mais cette région présente des défis ethniques conséquents pour Bruxelles.

Le mot « ethnie » vient du terme grec qui signifie « peuple ». C'est un groupe aux caractéristiques communes telles que la langue, la culture, la religion ou la génétique. Bien que le terme soit assez confus, il est plus facile de partir de cette définition pour mieux se comprendre. Un groupe ethnique partage souvent un même territoire, mais dans d'autres cas, celui-ci l'est par plusieurs groupes, et cela peut donner lieu à une certaine instabilité.

Du chaos à l'union

L'Union européenne est parvenue a unifier ce chaos qu'était l'Europe, dont les pays s'étaient affrontés dans deux guerres mondiales. Cette organisation se distingue pour avoir ouvert les frontières entre un grand nombre de pays aux cultures différentes. Non seulement ça, mais il existe aussi une grande quantité de programmes financés par la Commission européenne qui encourage la mobilité chez les jeunes pour parvenir à une meilleure intégration de tous les citoyens et une meilleure connaissance des langues et cultures voisines : tout le monde connaît le célèbre programme Erasmus ou les programmes de volontariat. La majorité des pays qui forment l'Union européenne sont constitués d'une ethnie majoritaire et d'autres plus petites, généralement formés d'immigrés arrivés sur le continent au cours des dernières décennies. Et les pays à ethnie minoritaire importante sont ceux qui rencontrent le plus de problèmes. Cet article se penche sur ces groupes et les problèmes posés par les pays où il existe deux groupes puissants.

Si l'on regarde la carte des 15 pays qui formaient l'Union en 2004, on peut voir que presque tous sont plutôt homogènes, avec une ethnie majoritaire qui représente plus de 80 % de la population, et puis diverses minorités. Tous, sauf un : la Belgique. Au centre de l'Union européenne, avec Bruxelles comme pivot de l'organisation, le pays compte deux groupes importants : les Flamands, qui constituent autour de 58 % de la population et les Wallons, qui comptent pour 31 % des habitants du pays. Les 10 % restants se répartissent entre Luxembourgeois et individus de divers pays africains, asiatiques et latino-américains ou de l'est et du sud de l'Europe. Il est donc intéressant qu'en Belgique, la diversité linguistique et les problèmes entre les deux groupes majoritaires ont débouché sur la création d'une organisation territoriale complexe, constituée de trois communautés, trois régions et quatre communautés linguistiques. Deux des régions sont subdivisées en province, et celles-ci en municipalités. Sans vouloir approcher de façon trop simpliste un problème de longue date aux multiples, origines les différences entre les deux groupes et leurs intérêts respectifs ont conduit le pays à être sans gouvernement pendant un an et demi, dépassant le record détenu par l'Irak jusqu'à avril dernier.

L'Union européenne a déjà défendu la diversité ethnique et tout ce qui y est lié depuis sa création. Dans la Convention européenne des droits de l'homme, qui a été adoptée par le Conseil de l'Europe en 1950 avant d'entrer en vigueur en 1953, l'article 14 interdisait déjà la discrimination et spécifiait que « la jouissance des droits et libertés reconnus dans la présente Convention doit être assurée, sans distinction aucune, fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, la langue, la religion, les opinions politiques ou toutes autres opinions, l'origine nationale ou sociale, l'origine nationale ou sociale, l'appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance ou toute autre situation. »

Élargissement, brassages et frontières

Avec l'arrivée de nouveaux pays lors des élargissements de l'Union européenne en 2004 et en 2007, la question des brassages ethniques est devenue plus prégnant. En général, les pays d'Europe occidentale ont des frontières établies depuis longtemps, tandis que le centre et l'est du continent appartenaient à l'Union soviétique il y a 20 ans à peine. Par conséquent, la Lettonie et l'Estonie comptent près de 30 % d'habitants d'origine russe, une importante minorité que ces deux pays ont dû intégrer à travers un programme pour lequel l'Union européenne a fait pression. Au début de l'année 2004, il y avait encore 100 000 habitants d'Estonie et presque 500 000 de Lettonie considérés comme « non citoyens » et qui possédaient respectivement des « passeports gris » ou « passeports violets » car ils étaient d'ethnicité russe. Pour cette raison, les droits politiques de ces individus étaient limités : interdiction de voter aux élections générales et d'accéder à certaines professions déterminées comme celle d'avocat, de notaire ou de fonctionnaire. De plus, le russe n'a pas statut de langue officielle bien qu'elle soit la langue maternelle d'une grande partie de la population.

Sous la pression de bruxelles, la lettonie  a modifié sa Constitution pour accorder la citoyenneté à cette ethnie minoritaire qui constitue plus d'un tiers de sa population.

Sous la pression de Bruxelles, la Lettonie a modifié sa constitution pour pouvoir accorder la nationalité à cette ethnie minoritaire qui constitue plus du tiers de sa population, que les citoyens d'origine russe peuvent maintenant acquérir à travers un processus de « naturalisation », comme l'explique une Lettonne nommée Marta, fille d'une Russe et d'un Letton, ce qui lui donne automatiquement accès à la citoyenneté de ce pays balte, dont elle brandit le drapeau avec fierté. Ce processus s'appuie sur plusieurs preuves. Selon Marta, il faut montrer que l'on puisse se prendre en charge financièrement, passer un examen sur l'histoire de la Lettonie ainsi qu'une épreuve de langue (qui « n'est pas très difficile, on doit juste être capable de communiquer en letton »), connaître et chanter l'hymne national et avoir une certaine idée de la constitution du pays. L'Estonie, quant à elle, connaît une situation similaire.

Avec l'entrée des pays baltes dans l'Union européenne, beaucoup de personnes de nationalité russe ont décider de passer au passeport « rouge », comme dit Taisiya, de nationalité russe mais née en Estonie. Ce passeport rouge, qui est celui de l'Estonie depuis qu'elle est est entrée dans l'Union européenne, facilite la circulation des citoyens au sein de l'espace commun sans problème de visa, ce qui l'a rendu plus attractif et a poussé de nombreux russophones à produire les preuves nécessaires à l'acquisition de la citoyenneté du pays dans lequel ils vivent depuis leur naissance. L'intégration de ces pays à l'Union européenne a conduit beaucoup de Russes d'Estonie à se considérer comme appartenant à une entité plus grande que celle qu'ils cherchent à rejoindre.

Photos: couverture, lecercle/flickr; texte: harry_nl/flickr et Service des Nations Unies/flickr

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Translated from Europa y la mezcla étnica: Y esto, ¿cómo se maneja?