L'Europe cherche une solution pour la crise en Libye
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L'Union européenne se demande comment soutenir la Libye et le peuple libyen alors que le pays s'enfonce dans le plein chaos. Mais avant ça, que faire ?
« Nous sommes prêts à soutenir avec tous les moyens possibles le nouveau gouvernement d'unité nationale en Libye ». La voix est forte et unanime au sein du Conseil européen, mais l'enthousiasme pour la discussion sur les dangers de l'Afrique du nord est déjà plus nuancé. L’exemple de la Syrie, l'Iraq et l'Egypte a montré que se déclarer rebels et démocratiques ne suffit pas pour recevoir le soutien de la communauté internationale.
Le Parlement européen s'engage aussi dans la bataille
« La situation en Libye est dramatique ». Le premier à aborder le thème délicat de l'ex-royaume de Kadhafi a été le président du Parlement européen, Martin Schulz. C’est avec cette phrase, qu’il a ouvert jeudi la conférence de presse qui a suivi son intervention devant les 28 chefs d'État europeéens.
Une intervention qui a passé en revue tous les thèmes à la une de ces derniers jours, notamment l'attentat au musée Bardo, à Tunis. Mais la Tunisie n'est pas la seule préoccupation des 28 chefs des États membres. Toute l'Union européenne est en fait consciente qu’en Afrique du Nord, il faut une vision d'ensemble, tout d’abord en Libye. « Nous devons aider le peuple libyen », a clairement déclaré Schulz devant les leaders européens. « Nous ne pouvons pas fermer les yeux devant les souffrances du peuple libyen. Nous ne pouvons pas tourner le dos à notre voisin » a poursuivi l'Allemand, qui a précisé aux journalistes quelques minutes plus tard que « le Parlement européen fera tout ce qu'il est nécessaire pour améliorer la situation en Libye et éviter un effondrement ».
Le discours de Schulz et une intervention du premier ministre italien Matteo Renzi ont permis de commencer à aborder le thème des frontières méditerraneénnes de l'Europe. Mais c'est pendant la deuxième journée que les chefs d'État ont eu la possibilité d'analyser le sujet plus en détail. « La crise en Libye est l’une des plus aigues et dramatiques en dehors de nos frontières », a déclaré Federica Mogherini, Haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères à son arrivée aux Conseil vendredi matin. « De cette réunion je m'attends à avoir un mandat fort pour explorer toutes les moyens possibles avec lesquels l'Union européenne pourra non seulement soutenir le dialogue, mais aussi les résultats de ce dialogue. À condition qu'il y ait un gouvernement d'unité nationale »
Les conclusions du sommet
Les attentes de madame Mogherini étaient donc très claires, et le Conseil européen n'a pas manqué de les satisfaire. Les 28 chefs des États membres ont en effet conféré un plein mandat à la Haute représentante pour trouver « des actions concrètes capables de donner un soutien à un futur gouvernement d'unité nationale en Libye », a elle expliqué à la sortie du sommet. Plein soutien donc, mais pas à n'importe qui.
L’exemple de la Syrie, l'Iraq et l'Egypte a montré à l'Union européenne que se déclarer contre un régime ne suffit pas pour recevoir le soutien de la communauté internationale. Il faut d'abord créer et identifier un interlocuteur institutionel crédible et stable, avant d’envoyer l'argent par delà la Méditerrannée.
« Je veux être claire, nous ne sommes pas en train de planifier une intervention militaire de l'Union européenne en Libye », a precisé madame Mogherini.. « Le développement de la menace de Daesh devrait être l'occasion pour toutes les parties de la Libye d'être unies contre le terrorisme, pas de se battre les unes contre les autres. Les Libyens doivent comprendre qu'il n'y a pas d’autre solution que le dialogue, donc ils doivent arrêter de se battre entre eux et former un gouvernement d'unité nationale ». Pour une fois, l'Union européenne semble réellement parler d’une seule voix, qui est aussi la voix des Nations Unies, comme a rappelé aussi le premier ministre belge, Charles Michel.
De la Lybie à la Tunisie : un danger pour l'Europe
En Libye règnent l'instabilité et le chaos, mais la récente attaque terroriste à Tunis a démontré qu'il ne faut jamais baisser le niveau d'alerte dans toute la région, même dans les « démocraties les plus prometteuses », en utilisant les mots du président du Conseil europeéen, Donald Tusk. « Quand on parle d'instabilité en Lybie, on parle d'instabilité en Tunisie aussi, et donc d'instabilité dans toute la région et d'un danger pour l'Europe » a bien expliqué madame Mogherini.
Pour cette raison, la Haute représentante et le président du Conseil européen ont décidé de se rendre à Tunis le 31 mars prochain pour réncontrer les autorités locales. L'objectif déclaré de l'Union est de renforcer la coopération avec l'État africain sur différents niveaux, comme la lutte au terrorisme, l'économie, les réformes sociales, les droits humains et la transition démocratique.
Les experts europeéens en sécurité sont déjà en Tunisie depuis quelques semaines et, après l'attentat dans la capitale, leur fonction a pris de l’ampleur. Par contre, « il faut comprendre qu'il n'y a aucune solution facile et à court terme pour la région, there is no superbullet (il n'y a aucune solution miracle, ndr)» a voulu préciser Tusk. Mais plus le temps passe, plus la situation devient explosive. Le printemps pourrait ajouter des scènes dramatiques à la tragédie, poussant encore plus de gens à essayer de rejoindre les côtes europeéennes en passant par la Mer Méditerrannée.
La Haute représentante a promis que des solutions concrètes seront trouvées et proposées aux États membres dans les prochaines semaines. Elle devra notamment communiquer sur le dossier lors du Conseil des Affaires étrangères du 20 avril. La volonté semble donc forte et commune aux 28 États membres, même si Matteo Renzi, premier ministre d'un des pays plus concernés par la crise africaine, a répondu ainsi aux questions sur la Libye : « nous avons eu une bonne discussion, mais une discussion ne suffit pas ».