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"L'Europe a un besoin urgent d'initiatives locales"

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Bruxelles

Propos recueillis par Véronique Le Guen A quelques mois des élections européennes, Juan Arcas, directeur de l'agence bruxelloise Tipik, analyse les défis que devra rélever la communication. Café Babel :Le taux de participation aux élections européennes ne cesse de diminuer, passant en 1999 sous la barre des 50%. Comment amener les électeurs dans les urnes en juin 2009?

Juan Arcas : ''La démocratie, la participation électorale, c'est du boulot. Ca ne s'installe pas en un jour. Face à l'Europe on est aujourd'hui dans une logique de résignation du tous pourris, rien ne va changer. Une situation qui arrange d'ailleurs bien les partis d'extrême droite du Parlement, qui ont tout intérêt à ce qu'elle se maintienne en l'état.

Pour moi la solution au défi de la participation électorale c'est la communication. L'année 2008 a été révélatrice de la nécessité de notre secteur : si les banques et les gouvernements avaient mieux communiqué, nous n'en serions peut-être pas là. Le problème c'est que cette communication n'est pas bien relayée.''

CB : La faute aux médias?

JA :Plusieurs acteurs ont leur part de responsabilités. Les médias oui, parce qu'un sujet sur l'Europe leur rapporte moins que le mariage de Nicolas et Carla. Mais les choses sont en train de changer.

Les gouvernements particulièrement ne jouent pas le jeu. Ils s'attribuent les politiques européennes qui ont le soutien de l'opinion publique et mettent sur le dos de l'Europe les réformes impopulaires. Les instutitutions freinent aussi parfois par la lenteur de leur processus décisionnel.

Enfin, il y a la question du budget. Chaque Etat membre dispose de moins d'un million d'euros pour la campagne aux élections européennes. Quand on pense que la campagne du Front National en France représente 7 millions et demi d'euros, l'Europe se trouve bien pauvre pour réaliser un profond travail de pédagogie.''

CB : Confrontées à la professionnalisation et à la concentration du secteur, les agences de communication n'ont-elles pas également une part de responsabilité?

JA : ''La professionnalisation du processus de sélection engagée par Mme Edith Cresson, avec des réponses aux appels d'offre de plus en plus détaillées à fournir, a fait la part belle aux financiers, par rapport aux créateurs, et ça, c'est dommage !

Mais je me félicite en général de cette professionnalisation. D'abord, selon moi, il existe davantage de boîtes de communication aujourd'hui . Beaucoup d'appelés pour peu d'élus. Mais l'on n'entre plus en communication par pistons. Tout est plus transparent.

Les appels d'offre sont régulièremet renouvelés. Ce qui donne une grande visibilité sur l'avenir. On sait que si on loupe le contrat, on pourra le décrocher quatre ans plus tard.''

CB : La télévision en ligne du Parlement Européen Europarl peut-elle rapprocher l'Europe des citoyens?

JA : Le Parlement Européen a toujours été à l'avant-garde de la communication, parce qu'ils ont une vocation particulière à être audacieux. Je pense qu'Europarl est une initiative extraordinaire ... à améliorer. Il est nécessaire qu'elle existe mais elle pourrait faire beaucoup plus. En tout cas ce n'est pas du fait de la société, capable de réalisations fantastiques.

CB : Que pensez-vous d'initiatives de journalisme participatif comme Europocket ou Café Babel ?

JA : Je suis convaincu par les initiatives locales de diffusion. J'essaie de me faire l'avocat de cette pratique. L'Europe a un besoin urgent de travail de terrain. Ce n'est que comme ça que peut se créer un intérêt. Il faut aller à la rencontre des gens par des petites actions de terraindistribuer des cartes postales ou poser un stand à la foire aux Boeufs de Braine-le-Château. Même ce qui paraît anecdotique participe à la démocratisation de l'Union.