L'Euro 2016 en série : l'Italie, l'équipe ouvrière
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Theo WurmserC'est parti. Malgré la pluie et les poubelles qui débordent, la grande fête du football européen a bel et bien débuté en France. Et dans sa formule enrichie à 24 équipes, l'Euro 2016 promet un tournoi plus long, plus bon. Pendant ce temps-là, prenons le pouls de quelques sélections nationales entre pronostics, style de vie et débats sociétaux. Place à la Nazionale, éternelle.
Le contexte
Cannavaro, Totti, Del Piero et Pirlo ne sont plus là. De la Coupe du Monde 2006, il ne reste que Buffon, Barzagli et De Rossi. Si l’Italie d'aujourd'hui semble moins talentueuse, elle n'en est pas moins affamée. La Nazionale du sélectionneur Antonio Conte a l'esprit d'équipe chevillé aux crampons. Une équipe ouvrière, dans laquelle tout le monde fait sa part du boulot et où l'on rêve d'une revanche par rapport à la défaite en finale de 2012.
Comme toutes les années paires, 3o millions de sélectionneurs italiens ont donné leur avis sur les meilleurs joueurs à sélectionner pour participer à l'Euro. Et, comme toujours, les choix du seul et unique habilité à les faire ont été critiqués. Antonio Conte a franchi les Alpes entouré d'un scepticisme général, et conscient qu'il ne disposait pas de joueurs qui sortent le lot. Mais le coach a bel et bien construit son équipe et fait taire les critiques après les victoires méritées contre la Belgique et la Suède. On le sait bien pourtant : le foot est cette chose qui, que l'on soit une pépite ou une chèvre, renvoie à une question de temps (et de chance).
La re-sta
En prenant l'équipe dans son ensemble, la star ne peut être que le secteur défensif. Adepte du catenaccio (tactique défensive du verrou) ? Peut-être, mais c'est de cette défense composée exclusivement de joueurs de la Juventus de Turin que l'Italie doit partir. Le quatuor Buffon-Barzagli-Bonucci-Chiellini offre un socle en béton sur lequel peut s'appuyer une équipe qui ne crève pas les plafonds à partir du milieu de terrain et au-delà. Parier sur les individualités ? Certes, Buffon est là, en admettant qu'il survive à sa prochaine gamelle en s'accrochant à la barre transversale...De Rossi aussi est là, avec son look de bucheron suédois. Mais la solution ne peut venir que de lui, le sélectionneur des sélectionneurs : Antonio Conte. En poche, il a déjà son contrat millionnaire de trois ans avec Chelsea, un nez broyé (glané après le but de Giaccherini contre la Belgique) et sa grinta légendaire. Il sait aussi organiser et diriger une équipe comme un empereur romain. What else?
Antonio Conte et sa grinta. Si seulement il arrivait entier à la fin du tournoi...
Ouais, Buffon aussi devrait prendre ses cachets.
Mais qu'est-ce qu'ils foutent ?
Le camp de base de la sélection italienne pour cet Euro se trouve à Montpellier. Parmi les événements au programme, on note les concerts d'Enrico Ruggeri et d'Alex Britti, ainsi qu'une rencontre avec l'astronaute italien Luca Parmitano, mais aussi d'intenses sessions playstation, dont Cassano était le champion incontesté. Sans oublier des débats intellectuels : Insigne et Immobile sont loin des autres...
Insigne et Immobile : la stratégie du choc de neurones
Ce que vous entendrez sur la Nazionale
Cette année, les commentaires de la Rai ont été confiés, pour les matchs de l'Italie, à Alberto Rimedio, accompagné de la touche technique de l'ancien gardien international Walter Zenga. S'il est impossible d'arriver au niveau du couple historique de la chaîne Sky Caressa-Bergomi, le tandem des deux journalistes de la Rai est plutôt plaisant. Même si, il faut bien l'admettre, les perles de spontanéité de l'ancien sélectionneur Giovanni Trapattoni manqueront dans la cabine des commentateurs, n'ayant que faire du politiquement correct de mamma Rai : « Je suis inquiet pour Buffon, avec cette inactivité il pourrait attraper un rhume ». Une perle, on vous dit.
Comment tout cela va-t-il finir ?
En une expression - « Passa' 'a nuttata » (Comme une lettre à la poste, ndlr) - le premier tour est passé, on verra le reste plus tard. Même si, timidement, tout le monde commence à espérer. Nous, on espère rien, on ne s'attend à rien. Mais bon, les joueurs sont arrivés en Fiat Panda, et on compte bien repartir en bus... découvert.
Translated from Euro 2016: l’Italia operaia di Antonio Conte