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L’Euro 2012 est multiethnique et à la fin c’est toujours l’Allemagne qui gagne

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Cécile Vergnat

Style de vie

Il y a ceux qui essayent de convaincre les émigrés de la seconde génération, ceux qui ont la double nationalité et choisissent l’équipe la plus forte, et ceux qui valorisent simplement un vivier de jeunes de différentes ethnies. L’Euro 2012 se gagne grâce au multiculturalisme, à un football plus globalisé, varié et imprévisible. Les temps changent mais les Allemands restent les plus forts.

Durant la Coupe du Monde de 2010, la Nationalmannschaft de Joachim Low semblait toute sauve. Il fût un temps où l’Allemagne était une équipe de tête aux buteurs imbattables, cyniques avec leurs pieds, rarement aidés par le jeu imaginatif de Tommasino Hassler. L’Allemagne parle désormais brésilien, turc, ghanéen, elle joue un football rapide, énergique. En Afrique du Sud, elle a rendu tout le monde fou hormis les Espagnols, honorables vainqueurs. Mais l’Allemagne a surtout ramener ses attaquants à la maison puisque malgré les matchs de poules programmés en Ukraine, c’est en Pologne qu'elle réside. Et comme on l’a justement fait remarquer à l’est de Berlin, Miroslav Klose et Lukas Podolski sont Polonais. Arrivés enfants, dans le sillage de l’émigration de leurs parents, ils ont appris à jouer au foot en Allemagne et - attirés par les trophées- ils ont a juste titre choisi la nationalité allemande.

Les Polonais ne sont pas restés là sans agir : en 2009 ils ont récupéré le milieu de terrain français Ludovic Obraniak du club de Bordeaux qui n’avait jamais mis les pieds sur la terre de son grand-père, pour ensuite tenter d’engager au poste d’attaquant, Robert Acquafresca, attaquant italien jouant à Bologne dont la mère est polonaise. En ce qui concerne ce dernier, la Pologne a essuyé un refus catégorique.

On ne peut pas dire non à la superpuissance allemande. Même quand il s’agit de diviser une famille. Et les frères Boateng sont un exemple parlant. Jérôme, défenseur au Bayern Munich a choisi les couleurs du pays où il est né et a grandi. Kevin, redoutable milieu de terrain au Milan AC a choisi de jouer pour le Ghana, pays d’origine de son père. En milieu de terrain, l'équipe nationale allemande compte deux stars du Real Madrid, Mesut Özil et Sami Khedira. Tous deux sont fils d'immigrés turcs et tunisiens et se sont parfaitement intégrés au sein des écoles de foot allemandes pour finalement devenir pratiquement à eux-seuls le moteur de la Mannschaft.

Trêve d’angélisme, ça ne fonctionne pas de la même façon dans les autres pays. En France, au Pays-Bas et en Angleterre, ex-pays coloniaux dotés d’un système d’intégration plus rodé, on fait bande à part. L’Espagne ne compte pas de noms exotiques, la Grèce non plus. L’Italie s’est en revanche réveillée. Après des années d’ostracisme et de chants racistes répugnants, Mario Barwuah Balotelli est finalement devenu un titulaire indiscutable de l’effectif italien. « Je suis un génie, je veux devenir le jouer le meilleur », a déclaré ce dernier à l’hebdomadaire français France Football. Plus personne ne le conteste même après les innombrables frasques commises durant l’année passée à Manchester City (qui lui ont quand même valu d’être écarté par l’entraineur du club, en fin de saison, ndlr). Entre les cartons rouges à répétition et les gestes fous (il a incendié sa maison avec des feux d'artifices, ndlr), Mario reste le plus fort. Et les supporters racistes qui l’ont auparavant pris pour cible devront se faire une raison.

Né il y a 22 ans à Palerme, abandonné par ses parents ghanéens et finalement recueilli par une famille d’Italie du nord, Balotelli a dû attendre son 18ème anniversaire pour obtenir la nationalité italienne à cause de l’absurdité des lois sur la filiation sanguine. Le Ghana a frappé à sa porte et il a dit non. Mario est fier d’être italien. Enfin, un autre joueur tout aussi bon mais moins discuté car il est de tempérament plus calme, est aussi le fruit du « réveil » italien : Angelo Ogbonna. D’origine nigériane, c’est le vice-capitaine de Turin (le club de Torino, tout nouveau promu de Série A), ce joueur mériterait selon moi une place de titulaire dans la défense de Cesare Prandelli. « Si ces deux joueurs faisaient gagner l’Italie à l’Euro 2012, ça serait une belle leçon pour les Italiens », commente un intellectuel italien exilé à Paris, en faisant allusion au racisme qui sévit au sein de la Série A.

Beaucoup d’autres équipes devront faire confiance aux attaquants d’origine étrangère. Zlatan Ibrahimovic pointure de la Suède est un cocktail de talent serbo-croate, qui est né et a grandi en Suède à Rosengård, banlieue multiethnique de Malmoe. La Croatie orpheline d’ancien champion tel que Davor Suker parie en revanche sur les frappes d’Eduardo, brésilien du Shakhtar Donetsk arrivé à Zagabria à l’âge de 15 ans. Enfin on pourrait également citer Jores Okore, prometteur défenseur central du Danemark né en Côte d'Ivoire et Theodor Gebre Selassie, l’arrière-central tchèque d'origine éthiopienne. Le foot européen se colore, le jeu des équipes nationales se transforme mais les talents multiethniques ont malheureusement corsé le jeu des allemands. Et maintenant qui peut les arrêter ?

Photo de couverture (cc) Morgan Ossola/Flickr; Texte : (cc) zeropuntosedici/flickr. Video: 92lenin/YouTube et topfootballclips/YouTube.

Translated from L’Euro 2012 è multietnico. E alla fine vince sempre la Germania…