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L’EU exhortée à s’engager en faveur de la liberté de presse dans les Balkans et en Turquie

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Bruxelles

par Catherine Castledine, traduit par MadayActuellement, 57 journalistes croupissent dans les prisons turques et on estime à 1’000 le nombre de journalistes en attente d’un jugement.

La situation est aussi sombre dans les pays du Sud-est de l’Europe, d’où émanent des rapports récurrents de censure, d’arrestations, d’attaques et d’intimidation de journalistes, notamment en Serbie, au Monténégro, en Macédoine, en Croatie et en Albanie. Les employés de B92, une agence de presse serbe, ont même du être placés sous protection policière permanente, juste pour pouvoir faire leur travail.

Dans les pays européens des Balkans, les journalistes travaillent continuellement dans la peur de subir violences ou persécutions. Pour marquer la Journée mondiale de la liberté de presse, des experts en médias du bloc européen se sont rencontrés à Bruxelles dans le but d’exercer une pression sur l’EU pour qu’elle agisse.

Ils sont persécutés pour le genre d’articles que publient régulièrement la plupart des organismes d’information des pays d’Europe de l’Ouest. Souvent, écrire à propos du terrorisme ou du sentiment anti-gouvernemental notamment, est interprété comme un soutien actif à ces activités. La plupart des journalistes emprisonnés en Turquie ont ainsi été accusés en vertu de la loi nationale contre le terrorisme.L’argent – ou plutôt le manque d’argent – constitue le cœur du problème. Dans le Sud-est de l’Europe certains organismes de radiodiffusion du service public disposent d’environ 10'000 Euros par an, ce qui ne représente qu’une infime partie du budget annuel de la BBC ou de ses équivalents en Allemagne ou en France. Ces pays n’ont donc pas la possibilité de disposer d’une voix éditoriale indépendante et forte. D’autre part, les contraintes financières rendent les organismes d’information de plus en plus vulnérables aux pressions commerciales et politiques, situation qui s’est empirée depuis la crise financière. En Serbie, l’Etat influence la politique éditoriale de plusieurs organismes d’information importants. Il se peut que les propriétaires des médias et les éditeurs en soient eux-mêmes complices, ne laissant aux journalistes que le choix de se soumettre, de démissionner ou de risquer leur vie.Les efforts des organismes d’autoréglementation sont souvent contrecarrés. Ils ne parviennent pas à punir les coupables et se retrouvent rapidement dans la ligne de mire des pouvoirs commerciaux et politiques. Face à ces nouveaux services d’information prenant de plus en plus la forme de relations publiques peu fiables pour diffuser une information objective, impartiale et transparente, la population n’accorde qu’une confiance limitée aux médias.Une législation inadaptée compromet encore davantage la liberté de presse. La célèbre loi turque no. 5651 introduite en 2007 a conduit à la fermeture de 5000 sites dans le pays, dont Google et You Tube. Mais, même avec de meilleures lois, des systèmes juridiques inadéquats compromettraient leur application effective.La conférence de vendredi à laquelle ont participé des professionnels et des experts des médias de la région et du reste de l’Europe a donné l’occasion, depuis longtemps nécessaire, de faire connaître le problème. La passivité de l’EU dans ce domaine a été unanimement critiquée et un appel a été lancé aux institutions pour qu’elles exercent une pression directe sur les gouvernements concernés en utilisant la promesse d’adhésion à l’EU comme outil pour exiger de ces pays un alignement de leurs normes. L’adhésion de ces pays candidats devrait en effet être liée à l’application de la Directive sur les services de médias audiovisuels et de la Charte des droits fondamentaux de l’UE.L’Open Society Foundation a également lancé un appel pour l’institution de nouvelles règles sur la transparence dans la propriété des médias.L’UE a aussi été sollicitée pour soutenir et promouvoir le développement du travail citoyen actuel. Veran Matić, fondateur de B92, a déclaré que des fonds de l’UE devraient être alloués aux journalistes d’investigation et organismes d’information qui tentent de survivre en fournissant un contenu de service public fidèle à la réalité. Le Balkan Investigative Reporting Network a, quant à lui, demandé un soutien en matière de formation locale des journalistes et des gouvernements afin de les sensibiliser à l’importance d’une information honnête et objective sur des sujets sensibles tels que les dépenses publiques, les processus électoraux et la corruption.La liberté de presse n’est pas seulement un sujet de préoccupation dans le Sud-est de l’Europe ; deux pays membres, l’Italie et la Hongrie, ont en effet été récemment critiqués. Toutefois, la situation dans cette région est particulièrement critique et nécessite une attention immédiate. Le statut de candidat à l’adhésion à l’UE de ces pays confère à l’UE une position de force dans les négociations, mais elle doit prendre conscience que des rapports annuels sur l’évolution de la situation ne suffisent pas à traiter le problème avec l’attention et l’application requise.