L’État de droit
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J’adore l’État de droit,
Le vrai, le faux. Celui de notre souverain Maître,
Amoureux des retraites ensoleillées,
De Jaurès et des augmentations de salaires méritées,
De l’ouvrier et du grand bateau de son patron.
Celui des porteurs de valises lunettes noires,
Amoureux de leurs entreprises et des avocats fiscalistes,
Du compte de résultat et des mutations d’office,
De l’innovation et des voitures anciennes aussi.
Celui des vendeurs de soupes même pas bonnes,
Amoureux des têtes de gondoles,
Des premiers prix et des faux rabais,
Et des vrais tiroirs-caisses surtout.
Celui des saccageurs de rayons de fruits et légumes et autre préfecture,
Amoureux de la terre et de la leur,
Libéraux dans l’urne et régulateurs dans la manif,
Charmeurs des princes et de notre souvenir à tous.
Celui de tous les écrivains du grand Amour,
Qui vont le vivre à Phuket ou à Marrakech pour les moins riches,
Donneurs de leçons le jour,
Et arpenteurs du désespoir la nuit.
Celui de tous les chefs de service corrigeurs et correcteurs,
Alpinistes de la grille indiciaire,
Des objectifs et de l’absurde,
Ronds de jambe et croûte de cuir noir de préférence.
Celui de nos grands Maîtres démocratiques,
Défenseurs des pauvres et du FMI,
Des droits de l’Homme et du citoyen,
De la sécurité chez eux et des bombardements ciblés chez les autres.
Celui des petits chats bottés,
Étoile rouge, étoile noire,
Phares de la pensée et des défilés en culottes courtes,
Régime sec et douilles pleines.
Celui des vendeurs du livre avec un L majuscule,
Gardiens de tous les temples,
Et du bonheur éternel,
Tous à genoux et surtout Elles.
Celui, celui, celui,
J’adore l’État de droit, le faux, le vrai,
Celui que nous apprend la faculté,
Et qui prend l’eau à la première averse.