Les pirates du Net à la barre
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anne fargeasTélécharger ou payer l’amende ? L’Union européenne veut durcir ses textes sur la protection des données online. Mais les poursuites pénales sont-elles efficaces ?
Qui ne se souvient des « success story » des années 2000 ? Des jeunes génies du clavier et de la souris, devenus millionnaires en l’espace d’une nuit pour avoir créé des sites de partage de données tels Napster ou Kazaa ? Quand ce fameux Napster s’est éteint début 2002, suite à un conflit sur les droits d’auteurs, 38 millions d’utilisateurs étaient alors déjà conquis par le principe.
Pourtant, Napster a été racheté par le groupe de médias allemand Bertelsmann et transformé en site payant. Kazaa a dû adapter des filtres de gestion numérique des droits sur ses fichiers, payer de lourdes amendes, et se bat depuis contre une baisse manifeste des visites sur son site. Quant à BitTorrent, le plus populaire des réseaux de partage sur internet actuellement, il perce grâce à ses offres de films et tient tête à Hollywood.
La politique à la rescousse de l’industrie
Après la directive sur le copyright de 2004, la Commission européenne a publié un nouveau projet de loi afin de protéger la « creative content online ». En France, les fournisseurs nationaux d’accès à Internet ont conclu le 23 novembre dernier, un accord avec l’industrie du disque et du cinéma et le gouvernement. Dans ce texte, les fournisseurs s’engagent à avertir les utilisateurs qu’ils sont entrain de télécharger des fichiers non protégés, et dans les cas extrêmes, à les exclure de la toile.
En Allemagne, la loi sur les droits d’auteur a été durcie suite au décret du 1er janvier 2008. Il renforce la clause sur les téléchargements illégaux de chansons et de vidéos. Ainsi, les utilisateurs de ces fichiers à usage non commerciaux peuvent se voir menacés d’une peine de prison allant d’un à trois ans avec sursis.
L’Espagne a décidé de prélever un impôt sur chaque nouveau disque dur acheté, dont l’utilisation pourrait servir à télécharger des données. Et le partage de données a été interdit. « A partir de janvier, le coût des téléphones portables, des lecteurs MP3, des graveurs de CDs et de DVDs, augmentera de respectivement 1,5 €, 3,15 €, 17 cents et 44 cents », rapporte l’agence de presse typicallyspanish.com.
Des poursuites pénales efficaces ?
Dans la blogosphère, les utilisateurs n’ont pas tardé à réagir avec colère contre l’industrie du disque. « Le seul avantage qu’ont les majors, comme EMI, face aux petits labels qui sont généralement bien meilleurs niveau programmation musicale, c’est justement leur énorme capacité marketing. Elle leur permet d’injecter des morceaux de qualité moyenne sur le marché », critique ardemment FAZ. Les experts sont tous d’accord : les poursuites pénales ne ralentiront pas la piraterie sur Internet. Les utilisateurs qui téléchargent à but lucratif, peuvent protéger leurs données et contourner les filtres mis en place.
Dans le magazine online de la radio autrichienne Futurezone, on peut entendre un défenseur des fournisseurs d’accès à Internet. Lui exclut l’idée de surveiller les clients à l’avenir. Un durcissement de la loi actuelle sur les droits d’auteur n’est apparemment pas d’actualité en Autriche et le téléchargement à but privé resterait condamnable, si l’on en croit les propos d’un homme politique social démocrate, cité dans le Standard. En effet, la production de copies piratées à but commercial est déjà punie par une peine maximale de deux ans de prison ferme. Lors d’un sondage informel de l’émission ORF Radio Vienne, 70 % des auditeurs ont déclaré acheter encore des CDs en magasins.
Le CD : condamné à mort ?
« Il faut être clair : le format MP3 ne remplacera pas totalement le CD à l’avenir. On entend clairement la différence entre un enregistrement digital en studio et un enregistrement gravé en MP3 », estime un technicien du son de la radio publique hongroise qui préfère garder l’anonymat. « Notre production sera continuellement volée ! Et nous ne pourrons rien faire contre ça. Personnellement, ça ne m’atteint pas du tout », poursuit-il.
Le grand intérêt d’Internet repose bien plus sur une commercialisation efficace du contenu artistique. C’est dans ce sens que les grands acteurs de l’industrie du disque abondent. Ils proposent depuis peu des fichiers musicaux et vidéo, téléchargeables sans protection.
(Photo: ©patrickwoodward/flickr)
Avant-garde contre Ancien Régime
Tandis que les défenseurs de l’industrie du disque se réjouissent des mesures prises contre les copies piratées de leurs produits, et comptent beaucoup sur leurs téléchargements contrôlés proposés en ligne, les ventes dans les magasins de disque continuent de baisser. Ils ont apparemment un peu trop suivi l’avis de leurs clients. Des opinions données sur des sites comme Wired ou Slashdot qui prônaient la qualité, la diversité artistique, des plans d’affaire réalisables et des rémunérations raisonnables pour les auteurs et les artistes.
Dix ans après le coup de génie de Napster, l’avant-garde a toujours une longueur d’avance sur les « vieux dinosaures », comme les définit un bloggeur du journal français Le Figaro. Avec la technologie du wireless, sans fil, on peut échanger des données du web, d’un ordinateur à un autre, sans téléchargement. Prouver une quelconque piraterie devient alors bien difficile.
« Quand la piraterie commence à se propager sur un marché, c’est le signe que le développement d’un marché n’est pas réaliste », peut-on lire sur le site du groupe de médias Bloomberg. La commercialisation de la musique sur Internet a un fort potentiel de croissance. Mais elle est directement liée à l’échange libre des données sur le web. Un gros dossier qui s’alourdit avec le contrôle des enregistrements et leur transformation, sur des supports amovibles.
Translated from Mit Internetzensur gegen Musikpiraten: Viel Rauch um Nichts