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« Les négociations d'adhésion de l’Ukraine pourraient commencer en 2010»

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Ivan Kuleba, ambassadeur ukrainien en République tchèque, est convaincu que son pays parviendra à accomplir les réformes nécessaires à une possible entrée dans le club européen à l'horizon 2010.

Ivan Kuleba travaille pour le ministère des Affaires étrangères ukrainiennes depuis 1992, date qui a vu l’Ukraine s’émanciper du joug communiste. Ce diplomate a assisté aux développements de l’Ukraine dans ses moments les plus difficiles. Suite à la « Révolution orange » de décembre 2004, démocratie et justice ont été instaurées dans le pays. Une condition suffisante pour que l’Europe accueille bientôt un nouvel Etat membre ?

Pensez-vous que l’Ukraine pourrait devenir membre des 25 ? Quand ?

Adhérer aux organisations euro-atlantistes est notre principale priorité. Nous avons déjà demandé un statut de membre associé à l’Europe. Néanmoins, comme l’UE s’est récemment élargie, nous comprenons parfaitement qu’un ajout supplémentaire soit plutôt difficile à digérer. Par ailleurs, nous savons que les normes communautaires doivent s'appliquer, avec succès, à notre système. Par conséquent, nous essayons d’obtenir le statut « d’économie de marché fonctionnelle ». Pour cela, nous avons demandé à Bruxelles de soutenir la candidature de l’Ukraine à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Si nous parvenons à mener les réformes économiques et politiques requises, des suggestions officieuses de la part de certains Etats membres nous laissent penser que les négociations d'adhésion pourraient débuter en 2010-2012.

Y-a-t-il eu des tentatives concrètes de rapprochement entre l’Ukraine et l’UE ?

Début 2005, l’Ukraine a signé un plan d’action avec l’Union européenne, valable pour trois ans. Cette mesure suppose que l’Ukraine intégre la législation européenne, qu’elle préserve les droits de l’homme et crée une économie de marché et un développement stable. Elle prévoit aussi l'ouverture d’un dialogue concernant la création d’une zone de commerce détaxée entre l’Ukraine et l’UE qui ne prendra effet qu’une fois l’Ukraine admise au sein de l’OMC. Enfin, mais pas des moindres, le plan d’action va s’atteler à simplifier des demandes de visas entre l’Ukraine et les 25.

Quelles perspectives la fin des politiques de limitations de visas européens ouvre-t-elle pour l’Ukraine ?

Malheureusement, les Etats membres européens entendent conserver leur politique de limitation de visas en fonction de leurs besoins futurs. Le projet se présente ainsi : les citoyens européens peuvent visiter l’Ukraine sans visa ; tandis que les Ukrainiens devront en posséder un, délivré gratuitement par les autorités de Kiev, pour se rendre en Europe. C’est déjà le cas avec la Hongrie, la Pologne et la Lettonie. Il existe aussi un modèle simplifié avec la Slovaquie et d’autres pays. Nous souhaiterions également introduire cette initiative en République tchèque où près de 66 000 à 200 000 citoyens ukrainiens résidents possèdent déjà une carte de séjour. Cela ne veut pas dire qu’ils aient immigré illégalement. Néanmoins, la majorité des citoyens ukrainiens ne font pas de demandes d’extension de visas. Nous aimerions parvenir rapidement à un accord avec le Prague concernant ce problème.

Entretenir de plus étroites relations avec l’UE affectera t-elle les relations de l’Ukraine avec ses partenaires traditionnels comme la Russie et la Biélorussie ?

La Russie a toujours été notre voisin historique et nous avons beaucoup de choses en commun. Il nous est impossible de prendre nos distances. Nous avons créé d’excellentes relations économiques. Notre intérêt mutuel est ainsi de faire bénéficier nos concitoyens d’avantages économiques communs. Après les élections présidentielles ukrainiennes, la première visite officielle de notre président fût pour Moscou. Au mois de mars 2005, c’est le Président russe, Vladimir Poutine en personne, qui est venu à Kiev. Au cours de cette visite, les deux dirigeants ont déclaré qu’il n’existait aucun problème dans les relations russo-ukrainiennes ne pouvant être résolu. La Biélorussie est aussi un partenaire important. De tout temps, nous avons eu des rapports politiques et économiques enrichissants. Nous pensons d'ailleurs que de vrais amis peuvent parler ouvertement des problèmes comme des réformes démocratiques.

Quels pays ont le plus soutenu l’évolution de l’Ukraine ?

Nous avons reçu un incroyable soutien de la part des pays membres des 25 ainsi que des Etats-Unis. Parmi les Etats européens, je dois citer l’Allemagne qui a signé un accord afin de nous allouer 2 milliards d’euros pour reconstruire notre infrastructure. La Hongrie, la Pologne, la Slovaquie et la République tchèque sont des pays que nous considérons comme des « moteurs» imaginaires nous incitant à nous tourner vers l’Europe.

Cet entretien a été publié dans lePrague Club Magazine

Translated from “Negotiations over EU membership could start in 2010”