Les musées crayonnés
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La toute première édition du festival Paris Musée Off nous présentait des plumes très en vue, le jeune dessinateur Léon Maret et le renommé Li Kunwu, invité d’honneur du Festival d’Angoulême.
Le festival Paris Musée Off casse les codes. Le principe ? Un artiste s'installe dans un musée parisien, l'investit et offre un regard décalé sur l'endroit. Il s'adapte au lieu, et non l'inverse. Musiciens, plasticiens, ils étaient nombreux à s'activer dans la capitale samedi et dimanche, dans huit musées de la ville de Paris. Et parmi eux, deux dessinateurs. Deux artistes, deux lieux, deux visions du monde.
D'un côté une dizaine d'encres de Chine de Li Kunwu, encore jamais révélées en France, au musée Cernuschi. De l'autre, une bande-dessinée du jeune Léon Maret éditée spécialement pour l'occasion, où des petits êtres fantasques investissent la maison de Victor Hugo, place des Vosges.
Une plume de l’ordinaire
Première exposition en France pour l'artiste et journaliste chinois, qui exposait au musée des arts asiatiques des scènes de vie dans sa province du Yunnan. Son passé de journaliste a fait de Li Kunwu un véritable « dessinateur du quotidien », à l'œil très attentif. Ses toiles fourmillent de détails truculents. Avec une plume toujours juste, le dessinateur glisse ça et là des traits d'humour irrésistibles. L'attente dans une gare, les valises entassées, les familles qui s'occupent, et là-bas au fond, cet homme qui dort la bouche ouverte. Une scène de bain public, les hommes discutent, se reposent, se nettoient, et soudain on aperçoit l’intimité d’un visiteur, disons, sous un angle original ! Une telle plume de l’ordinaire, que l’artiste ne pouvait s’empêcher samedi de croquer, en quelques traits rapides, les visages de ses admirateurs venus le saluer !
Esprits frappeurs et fantômes mondains
Avec Léon Maret, au contraire, le visiteur sort de la réalité, et c’est un euphémisme. Victor Hugo, qui pratique le spiritisme, oublie de désinvoquer les esprits appelés. Des êtres loufoques se retrouvent enfermés dans les appartements de l’écrivain. Le décor chargé et fastueux se retrouve envahit « d'esprits frappeurs » et de contorsionnistes fous. Le visiteur déambule dans les lieux avec la petite bande dessinée, et découvre des têtes sans corps dans l’escalier et des fantômes mondains discutant philosophie.
L’humour, c’est là le point commun entre les propositions des deux artistes, au travail pourtant très différent. C’était une bouffée de bonne humeur au cœur de l’hiver que nous offrait le Festival Paris Musée Off. La chance d’avoir profité de la première exposition française de Li Kunwu, et la petite bande-dessinée-souvenir de Léon Maret.
Alice Campaignolle