Les Klaxons : « c’était une arnaque »
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4 ans après Surfing the Void, le trio londonien sort un nouvel album, Love Frequency, le 2 juin prochain. Et à en croire les premiers extraits, le groupe a bel et bien décidé de tromper tout le monde, pour mieux siffler dans son coin. Rencontre avec les Klaxons et portrait d’une bande de fieux filous qui ont décidé de se rendre insaisissables pour mieux subsister.
« On fait toujours ce que personne d’autre n’a envie de faire. » C’est donc sans détour ce que Jamie Reynolds, leader du groupe, répond à ceux qui cherchent encore les raisons pour lesquelles les Klaxons ont sombré dans les méandres de la pop. Parce qu’il faut bien le dire, les deux extraits très dance de Love Frequency laissent un goût amer dans la bouche de ceux qui applaudissaient l’inventivité du groupe il y a 8 ans. Pour autant, Jamie rappelle : « on a toujours dit, depuis le début, qu’on était un groupe pop. »
« Un pouvoir supérieur nous a envoyé nos chansons »
Myths of the Near Future, leur premier album sorti en 2007, n’avait pourtant rien de pop. À sa sortie, les critiques et le public l’ont adoubé comme le signe annonciateur d’un nouveau genre rapidement baptisé « le new rave ». Jamie, quant à lui, y a vu un signe tout court : « c’est comme si on avait eu accès à un pouvoir supérieur qui nous avait envoyé ces chansons. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé mais il doit y avoir une sorte de raison magique à la noix ! » Avec des influences empruntant à la fois au rock, au hip-hop et à la dance, les 11 morceaux sonnent à l’époque comme des ovnis sur une scène musicale alors rompue au retour du rock classique des années 2000. 8 ans après, tout a changé. La musique, le succès, le mode de vie (James Righton est accessoirement le mari de l’actrice Keira Knightley, ndlr)… Reste ces tenues criardes dont témoigne le tee-shirt de James - le même que sur les dernières photos promo du groupe - qui côtoient néanmoins des motifs désormais plus classiques comme la veste en tartan de Simon et le jean noir de Jamie.
Le style des Klaxons a toujours été aussi compliqué à décrire qu’à expliquer. Rien d’étonnant quand on sait que le groupe londonien n'était pas dans leur état normal pour composer leurs premières chansons. « On était vraiment bourrés », raconte Jamie. « On avait bu beaucoup de bières et mangé beaucoup de frites ! , ajoute James hilare. Il y avait une bonne friterie de l’autre côté de notre rue, ça nous a inspirés en quelque sorte ! » Simon, le guitariste, reste discret face aux blagues de ses acolytes, et préfère rappeler : « dès le départ on savait qu’on voulait être un groupe plein de couleurs et faire référence à la scène rave. On trouvait ça excitant de voir des groupes habillés tout en noir sur scène et plutôt torturés. On voulait contourner ça et être plus colorés, un groupe fun à regarder ! ».
Arnaque, triche et mécanique
Pour savoir comment les Klaxons sont nés, il faut remonter presque 10 ans en arrière. Un voyage dans le temps difficile à entreprendre même pour Jamie qui tente de refiler le bébé à Simon Taylor-Davis, imperturbable. « Je crois que c’est à toi de répondre là », lance-t-il à Jamie qui déroule, « on en parlait depuis un moment tous les deux mais on ne vivait pas au même endroit. Quand on s’est retrouvés dans la même ville, on s’est dit que c’était le moment de faire quelque chose. Puis on a rencontré James (Righton) et on s’est lancés ! » Il continue : « je crois que tout à commencé à Nottingham, où Simon allait à l’université. On allait souvent au Liars Club, on voyait souvent des groupes là-bas, on se disait "Ils sont vraiment nazes, on pourrait faire mieux que ça" ».
A l’époque, Jamie travaille dans un magasin de disques et James enseigne l’anglais, ou presque. Quand on lui rappelle l’époque, il rit, gêné. « Je n’étais pas qualifié pour ce job, je n’étais pas un vrai professeur ! » « T’étais un prof hippie », lui lance Jamie. « Je passais mon temps à bavarder avec les élèves, répond l’intéressé. C’était une arnaque ! »
Une arnaque les Klaxons ? Plutôt l’histoire d’un groupe d’ados déshérités qui a pas mal emprunté sans beaucoup rendre. « On faisait de la dance mais sans aucun équipement. Nos synthés et nos guitares étaient pétés et on avait même pas de quoi se payer les câbles parce qu’on était au chômage ! On empruntait tout. » Tantôt à une jeune guitariste philanthrope mais éphémère dont le trio a gardé le matos après l’avoir virée. Tantôt à Finn (Finnigan Kidd), leur ancien batteur qui quittera le groupe juste avant qu’il ne soit signé. « Il va bien », assure Jamie plié en deux. « Il était même là à notre after show à Londres », finit de plaisanter Simon.
C’est donc lesté de matos et d’inconvenance que le trio aborde la sortie de son troisième album, Love Frequency, dont la sortie est fixée au 2 juin prochain. Malgré les critiques, les Klaxons sifflotent, pas anxieux le moins du monde quant à la réception du disque. « On n’en peut plus d’attendre ! », confesse James. Ni malaisés lorsqu’il s’agit de négocier leur virage pop-machine. « On a changé la réalisation et l’instrumentalisation mais l’écriture des chansons est la même que sur le 1er album », explique Jamie. « Ce sont les mêmes gens qui ont fait cet album, ça n’est que nous trois ! », argue James. Pourtant, Love Frequency enchaîne volontiers les featuring que ce soit avec Tom Rowlands des Chemical Brothers, DJ Erol Alkan ou le duo de Gorgon City… Histoire d’enfoncer les critiques une bonne fois pour toute, Jamie résume : « il y a différentes facettes de la musique électronique sur Love Frequency. Il y a de la vraie musique électro et des choses plus accessibles. Comme notre 1er album ! »
Le manifeste du futur
Le temps passe, les garçons sont bavards et les blagues fusent. Le moment opportun pour rentrer dans la légende de ce manifeste futuriste d’où le nom du groupe aurait éclot. Vrai ? « Je crois que tout ça a été un peu déformé. Je voulais que le nom commence par un k. J’avais lu que la lettre avait été retirée de l’alphabet, elle était interdite puis a fait son comeback. Je me sentais assez proche de ça. Un soir on passait sous un pont à Deptford (près de Londres) et le nom m’est venu à l’idée. C’était un nom percutant qui faisait référence à la rave culture et à beaucoup de bruit, tout ce qu’on voulait que le groupe représente ! »
Du bruit, les Klaxons en produisent déjà à la veille d’un album qui à travers deux singles – There is no other Time et Children of the Sun – s’annonce comme le buzz de ce début d’été. Qu’on le veuille ou non, beaucoup méditeront sur les nouvelles aventures musicales du trio. Ça tombe bien, Simon aime bien philosopher : « c’est plus intéressant de provoquer les gens que de plaire à tout le monde ! »
Klaxons - There Is No Other Time (non ce n'est pas les Backstreet Boys)