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Les jeunes Européens : « perdus » mais pas blasés

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C B

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Nous sommes la « génération perdue ». A peine éclose, déjà bonne à jeter. Vraiment ? A lire les journaux ces dernières semaines, les jeunes diplômés se demandent s’ils ont encore une raison de tenter de faire leur trou. Inspirez, expirez. Envers et contre tout, 4 jeunes Européens se sont permis de rêver à leurs boulots idéaux et aux pires jobs qu’ils pourraient avoir à faire pour y parvenir.

Parenthèse d’espoir pour la génération des paumés.

Delphine, jeune française diplômée d’un master 2 de direction de projets culturels, cherche un emploi, mais pas trop long, parce qu’elle veut voyager, ça forme la jeunesse (plus que le chômage ?) :

« Si pour vous comme pour moi le fameux moment de l’entrée dans le monde du travail est arrivé, deux questions inévitablement se sont posées : 

- Qu’est-ce que j’ai envie de faire ?

- Qu’est-ce que je peux réellement et objectivement faire ?

Mais bon, les jobs ça tombe pas du cielDans un monde idéal sans chômage, sans soucis d’argent et autres problèmes de ce genre, la deuxième question ne se poserait pas, et une fois la réponse à la première trouvée, nous n’aurions qu’à nous jeter gaiement corps et âme dans ce travail choisi et voulu, dans ce métier qui, du moins on l’espère, nous passionne. Mais au lieu de cela, on est obligé de rêver au rabais, de se retrancher sur des options qui ne nous intéressent pas tant, et dans lesquelles, en plus, nous n’avons aucune assurance de trouver un emploi.Mais si nous avions vraiment le choix ? Si pour une fois l’occasion nous était donnée de mettre en œuvre le fameux "Quand je serai grande je serai…" ? Pour le cas où cette occasion se présenterait, voici le Top 3 de mes métiers rêvés.

1) Artiste, comédienne, metteur en scène ou écrivain : Exprimer librement sa créativité ses pensées intérieures, ses idées et être payé pour, quoi de mieux ?

2) Journaliste : Parcourir le monde, rencontrer des gens, faire partager ses découvertes à d’autres personnes, et ne jamais tomber dans la routine.

3) Traducteur- Bibliothécaire-Ouvrir un café/concert : A voir selon les humeurs et les envies, mais quelque chose en rapport avec les livres, avec la culture (évidemment) et avec les gens, pour ne pas travailler toujours tout seul dans son coin.

A en juger par le nombre d’inscrits en fac de lettres (et plus particulièrement en section Art) chaque année, et par le flot de mains se levant dans ma promo d’histoire à la question "qui veut devenir journaliste ?", je ne suis pas la seule en France à rêver de ces deux premiers points de mon Top 3 ! »

Job de rêve vs job de merde

On peut rêver d'un emploi idéal tout en exerçant les métiers qui en sont les plus éloignés… C’est aussi ça une génération qui subit un taux de chômage de 21,4% (pour les moins de 25 ans dans l’UE en décembre 2009. Soit plus du double de celui de l’ensemble de la population, 9,6%). La preuve.

Stivi, Vienne :

« Un des boulots les plus bizarres que j’ai eu à faire a été de nettoyer les lieux d’un festival en plein air. 20 personnes à marcher dans un énorme espace qui pue l’alcool et/ou la pisse où chaque mégot doit être consciencieusement ramassé. J’ai au moins retenu une leçon : jeter les choses par terre implique qu’une personne derrière devra les ramasser pour vous ! Autre expérience peu concluante : collecter des tranches de fromage à la chaîne dans une industrie et les placer dans une boîte. Dans ce genre de situation, mieux vaut arrêter de penser pour supporter. »

Mana, Bruxelles :

Job de merde : Vendeuse dans un magasin de chaussure. Radio pop, collègues mal-aimables, hygiène plantaire et transpiration des pieds… Un cocktail gagnant pour vous dégoûter du monde du travail. « J'ai pourtant fait plus ingrat comme job étudiant - la plonge dans une cantine, la vente de cartes postales de Noël sur le marché - mais il faut croire qu'il suffit de collègues sympas pour rendre tout travail plus tolérable... »

Au final, les rêves de futurs métiers idéaux nous permettent parfois de détourner le regard sur ceux que l’on est prêt à faire pour y parvenir. La génération perdue est avant tout la génération de la flexibilité : bossez dans tous les secteurs où il y a de l’emploi, ne faites pas la fine bouche, mais surtout, gardez la valise sous le bureau !

Elina, Athènes :

être un panneau vivant !Job de rêve : « Je suis toujours jalouse des gens qui voyagent pour réaliser des documentaires sur les lieux et les personnes qu’ils découvrent aux quatre coins du monde… J’adorerais faire un métier pareil. J’aimerais avoir un travail qui me rappelle tous les jours que je suis une citoyenne du monde. » Job de merde : « Je pense que le pire job serait de bosser dans un call center ! En règle générale, je déteste tous les métiers qui délaissent la matière grise et où la logique suffit : comptable, avocat etc. »

Et oui, c’est donc pour cela que cette diplômée de droit international a travaillé comme avocate dans une grande société… Un « hobby » rentable pour financer son futur rêve : devenir community manager d’un média social, un Huffington Post à la sauce européenne par exemple ! Serrez les dents les jeunes, ça finira par payer !

Au cas où il faudrait encore le préciser : les jeunes « font toutes les démarches, mais les portes se ferment devant eux » témoigne Sarah Elder, la co-auteur d'une étude de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) sur l'emploi des jeunes qui a fait beaucoup parler d'elle. Combien de temps faudra-t-il encore faire « ce qu'on peut réellement et objectivement faire » au lieu de pouvoir s'adonner à « ce qu'on a envie de faire » ?

Photos : Une, (cc)amandaluna/Flickr ; étudiants volants tibchris/Flickr vidéo, LyonOran/YouTube

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