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Les histoires d’amour finissent mal… en Erasmus

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Société

Il était une fois un Hollandais et une Portugaise, ou une Italienne et un Espagnol… Non, ce n’est pas le début d’une blague de mauvais goût. Selon le quotidien français Le Figaro, de 1987 à aujourd’hui, Erasmus aura eu le mérite d’avoir favorisé la naissance d’un million de bébés.

Nous tenterons ici de vous raconter les histoires d’amour de la génération Erasmus qui n’ont pas connu une fin heureuse.

Un des slogans adoptés par l’Union européenne pour célébrer les 25 ans de carrière honorable du projet qui a fait se déplacer des hordes d’étudiants dans chaque coin d’Europe, était : « Erasmus. Changing lives, opening minds (and breaking hearts) for 25 years ». La parenthèse nous l’avons ajoutée, parce qu’en Erasmus, c'est aussi ça : on tombe amoureux, puis l’Erasmus finit, on essaie d’avoir une relation à distance ou de déménager dans un autre pays pour vivre ensemble. Quelques couples résistent, se marient, procréent et transmettront de génération en génération l’histoire du miracle accompli par le dieu païen appelé Erasmus.

Mais les histoires d’amour Erasmus ne connaissent pas forcément de fin heureuse.

Lire aussi sur cafebabel.com : « Erasmus : testament d’un manège enchanté »

« La première fois que je l’ai vu c’était à une fête et il portait un t-shirt bleu comme la couleur de ses yeux… » et « un feu de joie, une guitare au clair de lune, mais surtout de l’alcool », affirme S., 25 ans, ex-étudiante Erasmus italienne. Ce sont ces souvenirs, plus ou moins romantiques qui ressortent des témoignages d’amours nés pendant Erasmus. Une fête, un barbecue, une lune cachée, un accent étranger, l’insouciance, l’ébriété (au sens littéral) du moment…

Un des principaux intérêts devient, alors, l’étude analytique des horaires, escales et tarifs des compagnies low cost.

Pour la génération Erasmus, l’amour se décline comme suit : on tombe amoureux d’une personne qui parle une langue différente, on mange une cuisine dont souvent on n’a jamais entendu parler. On a grandi en regardant des dessins animés différents (ou alors identiques mais aux initiales méconnaissables) dont on tire des discussions passionnées…« Tomber amoureux d'une personne étrangère c'est comme rendre possible un amour un peu impossible », affirme F., 28 ans ex étudiant Erasmus. Bref, on rencontre quelqu’un que l’on aurait jamais croisé sans Erasmus. Pourquoi les amours nés en Erasmus semblent-ils si spéciaux ? Pour certains le secret réside dans la diversité : langue, pays, culture, façon de faire et de penser différemment. Pour d’autres, le bon sens en plus, ce n’est pas une relation spéciale mais une relation « hors du commun ». Pourtant, la génération Erasmus, faisant un pied de nez aux lieux communs, n’a pas perdu son âme. La personne qu’on aime parle une autre langue ? Une bonne motivation pour l’apprendre. Le partenaire a une diète alimentaire différente ? Alors on peut inventer une cuisine spéciale fondée sur les saveurs des traditions culinaires variées. L’Erasmus va se terminer ? Peu importe, profitons du moment ! L’Erasmus est fini…Deux vols différents, deux patries lointaines et « au revoir ». Non, les modèles plus têtus, masochistes et optimistes du type Erasmus décident de ne pas se démonter et de continuer leur relation à distance.

L'amour en Erasmus : l'instruction par la pratique

Un des principaux intérêts devient, alors, l’étude analytique des horaires, escales et tarifs des compagnies low cost. L’environnement devient virtuel, des appels-vidéos sur Skype, s’accordant de temps en temps, quelques légères malédictions chaque fois que la connexion internet, la technologie et la compagnie téléphonique (et les connexions des conjonctures astrales) refusent de collaborer. D’autres, en plus de creuser dans toutes leurs ressources économiques, ont recours à toute sorte de stratégie et de « spelling », impliquant un temps infini, dans la tentative de faire comprendre à la famille et aux amis le nom de son compagnon étranger. Les exemples amoureux d’Erasmus deviennent d’ardents voyageurs : disposés à voyager des heures pour passer ensemble un week-end ou faire les touristes de ville en ville, afin de passer du temps ensemble (et se retirer une épine du pied pour quelque temps, celle des sms non reçus, les interférences sur Skype et des pigeons voyageurs pendant les fêtes), et se réfugier dans son histoire d’amour oubliant la réalité et les kilomètres de distance.

Ils y pensent si bien et si tôt qu’ils se fatiguent avant même de préparer les valises et de partir

Here we are… l’éloignement. La plaie millénaire des relations amoureuses en tout temps, de classe, de race et de culture. Quelques exemples de ces amours Erasmus pensent à comment, quand et où débuter une vie commune. Ils pensent chaque détail : où envoyer les CV, dans quelle ville s’établir, combien de chambres aura l’appartement, combien d’enfants verront le jour, à combien de petits-enfants ils enseigneront leur langue… Ils y pensent si bien et si tôt qu’ils se fatiguent avant même de préparer les valises et de partir. La relation change, peut-être même le propre compagnon et la distance devient alors pour cette raison une condition permanente et il devient ainsi insupportable de se retrouver à écouter ou à prononcer la phrase qui a fait le tour du monde : « mieux vaut que nous restions amis ».

Il existe d’autres couples qui, à l’inverse, tentent de vivre ensemble. Même ville, même maison, même lit, même routine… Mais « quand j’ai déménagé – raconte Federico, un ancien étudiant Eramus italien qui a suivi sa copine au Danemark pendant toute une année – notre amour "impossible" est devenu possible, et de spécial il est devenu normal. La vie est devenue ennuyeuse et la bulle a explosé. » Ennui, normalité, insatisfaction : « je n'arrivais plus à reconnaitre la personne que j'avais connue », confie S., en évoquant la lassitude des (trop) longs moments passés sur Skype. Les symptômes du dénommé « syndrome post-Erasmus » semblent aussi être la cause des ruptures de ces relations exotiques, spéciales, nées en terre étrangère.

Et pourtant, si après avoir écouté leurs histoires d’amour exotiques qui ont fait naufrage vous essayez de mettre ces jeunes gens face à un choix : retourner en arrière dans le temps, pour éviter ce regard, cette fête, ce barbecue et opter à la place pour une ceinture de chasteté au cours du séjours à l’étranger ou de ne pas le vivre complètement… vous vous retrouverez probablement –en toute hypothèse- à écouter la devise de chaque étudiant Erasmus (même ceux au cœur brisé) : « Once Erasmus, always Erasmus ».

Photo : Une© wallpaperscraft.com, Texte © sïanaïs/flickr

Translated from Pensavo fosse amore e invece ero in Erasmus