Les grossièretés qui (ne) passent (pas) en Europe
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Natalia FedkoExténué par l'affaire de la fuite de pétrole qui ravage le Golfe du Mexique, le président américain Barack Obama a déclaré qu'il allait parler avec les experts pour savoir « whose ass to kick » (« à qui botter les fesses »). De quoi choquer les Américains, explique The Economist, peu prolixes de vulgarité assumée.
A l'inverse en Europe, la langue se délie plus facilement, même avec les mots les plus gros.
La vulgarité dans les médias n’est pas perçue de la même manière par les cousins des américains outre-Manche. Pour exprimer son refus d’utiliser Twitter, le Premier ministre britannique David Cameron n’y allait pas par quatre chemins sur une chaîne de radio : « too many tweets might make a twat » (« trop de tweets peuvent faire un con ») – le journaliste a crié de joie « Fantastic ! ». Et dire qu’en 2008 encore, David Cameron affirmait que « jurer en publique, n’avoir aucun respect pour les personnes âgées, ainsi qu’être impoli envers les vendeurs et les conducteurs de bus, devrait être aussi mal accepté que le racisme. »
Côté Français dernièrement, c’est le footballeur Nicolas Anelka qui, après avoir discuté avec l’entraineur Raymond Domenech de la stratégie du match contre les Mexicains, a transgressé les frontières du politiquement correct en lançant un « Vas te faire enculer sale fils de pute ! » repris en Une sur le quotidien sportif le plus lus du pays. Suite à quoi il a dû dire adieu au Mondial (mais comme nous le savons, il n’a pas perdu grand chose). Et si Anelka l’avait dit d’une autre manière, par exemple en envoyant l’entraineur chez les grecs : « Vas te faire voir chez les Grecs » ? Et il ne s’agit pas ici de lui souhaiter la faillite…mais des choses encore pires (ou peut-être meilleures). Dire que dans la Grèce classique, chaque aristocrate ou penseur qui se respecte était pédéraste… Comme les mœurs changent !
Ce sont les Allemands qui imitent le mieux les Grecs, surtout au nivau de la moralité. Micheal Becker, le conseiller de Michael Ballack, a nommé la représentation allemande de « schwulen-combo » (« commando de pédés »)... La connaissance d’une homosexualité secrète au sein de l’équipe lui a été probablement transmise par le capitaine de l’équipe allemande lui-même, mais cette information n’a pas provoqué une grande surprise ni dans le monde des médias, ni dans celui du foot. Autre grand nouvelle selon Becker, dans l’équipe se trouvent aussi des « halbschwule » (« demi-pédés »).
Mondial et vulgarité étant semble-t-il étroitement liés, voilà que les arbitres ont reçu de la part des organisateurs une liste des pires jurons en anglais afin de comprendre ce que leurs disent les joueurs. Les « pédés » ne sont pas honnis que dans le foot. Exemple avec le politique autrichien Werner Königshofer, du parti conservateur Freiheitliche Partei Österreichs (Parti autrichien de la liberté») . Sur son blog, il a appelé son collègue du parlement « landtagsschwuchtel » (« pédé du parlement »). Ça nous rappelle le « schwaben-schwuchtel » du célèbre comique Herald Schmidt livré à Jürgen Klinsmann pendant le Mondial 1998. Il avait dû s’en expliquer devant le juge… Qu’y-a-t-il de si terrible derrière le mot « schwuchtel »? Son étymologie renvoie aux mouvements des hanches ou des sauts euphoriques… Il y a pires dans la vie.
Comme appeler le président de la république « cham » (« péquenaud »), comme l’a fait le député Janusz Palikot dans une interview télévisé. Rien de surprenant, car le seul Lech Kaczyński encore candidat pour les présidentiels a dit à un électeur potentiel en 2002 : « Spieprzaj dziadu » ( « dégage gueux »). Les Italiens savent eux aussi envoyer des fleurs à leurs ennemis. Mais plutôt qu'un bon vieux « vaffanculo » (« vas te faire enculer »), ils ont la délicatesse de nous faire voyager en disant « vai a quel paese » (« va voir ailleurs si j’y suis »). Charmante attention.
Illustration: ©Henning Studte; Video ©Auto-Tune the news #12/Youtube
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