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Les expatriés vivent l’Europe au quotidien

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Société

Pour tous les jeunes qui se sont installés dans un autre pays de l’Union européenne, la notion de citoyenneté se mêle à celle de l’identité… européenne. Du 4 au 7 juin, ils vont aller voter pour leurs candidats au Parlement européen dans l’Etat-membre où ils ont élu domicile.

« Être citoyenne européenne, c’est être libre de voyager partout ». En 2005, Mirouna rencontre sa petite amie française, Marine. Jusqu’en 2007, année de l’adhésion de son pays à l’Union européenne, la jeune Roumaine de 25 ans devait braver les galères administratives pour rejoindre celle qu’elle aime. « Pour passer la frontière, j’avais besoin de l’invitation d’une personne vivant dans un Etat-membre de l’Union. Puis je devais montrer aux agents frontaliers que j’avais 100 euros en cash pour chaque jour que j’allais passer en dehors de la Roumanie. C’était très difficile », se souvient-elle. Aujourd’hui, Mirouna vit à Berlin avec sa compagne, s’exprime au quotidien en allemand, français, anglais et profite pleinement de sa nouvelle mobilité.

Citoyenneté : marketing ?

« La notion de citoyenneté européenne, c’est du marketing pour donner l’impression aux gens qu’ils appartiennent à quelque chose»

Comme elle, Emmi incarne le rêve européen. Cette jeune Finlandaise de 27 ans parle parfaitement cinq langues officielles de l’Union et vit depuis trois ans dans la capitale allemande avec son compagnon français Simon. Le couple s’est rencontré lors d’une année Erasmus en Autriche. « Pourtant je me sens plus Finlandaise, avoue-t-elle. Peut-être parce que je ne sais pas ce que signifie la citoyenneté européenne. » Simon, lui, se sent Européen. « Je me sens chez moi dans n’importe quel pays d’Europe. Si demain je décide de vivre au Portugal ou en Grèce, je m’y sentirais comme chez moi parce que j’y aurais mes repères, le droit d’y travailler et d’y vivre comme n’importe quel autochtone », explique-t-il. Cet architecte de 27 ans vient de réaliser un film documentaire sur les frontières de l’espace Schengen. Pendant près de trois ans, il a écumé les routes de l’Europe avec Nicolas, un autre jeune Français vivant à Berlin depuis deux ans. « Pour moi, la notion de citoyenneté européenne, c’est du marketing pour donner l’impression aux gens qu’ils appartiennent à quelque chose mais c’est de l’hypocrisie, lance-t-il. Ce concept, c’est de la bureaucratie mais ça ne touche pas à mon identité… »

Pour Benjamin, « on doit se sentir Européen ». Ce journaliste français de 28 ans vit à Bucarest depuis cinq ans où il organise actuellement un festival de films pour enfants. « Mes racines, mon parcours intellectuel, mes convictions sont imprégnés de la culture française mais je me sens également Roumain car j’ai assimilé certaines de leurs manières de penser qui participent à ma vie de tous les jours, explique-t-il. Idéalement, je veux être Européen, pas seulement dans le but du bon développement de la Roumanie, lieu où je vis, mais également par souci d'appartenance à un espace commun. De plus, les enjeux sont communs. Les urgences sont communes. »

Sous la place Alexander à Berlin

L’Europe de mes valeurs

En 1992, le traité de Maastricht a défini les droits et devoirs du « citoyen européen » : le droit d’étudier, de travailler, de circuler et de séjourner librement dans d’autres pays européens ; le droit de pétition devant le Parlement européen ; le droit d’adresser au médiateur européen une plainte contre un acte de mauvaise administration commis par une institution ou un organe de l’Union et surtout le droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales et aux élections du Parlement européen dans l’Etat membre où il réside.

« Idéalement, je veux être Européen par souci d'appartenir à un espace commun »

Le statut de citoyen européen simplifie donc la tâche de ceux qui iront voter du 4 au 7 juin 2009 mais n’habitent pas leur pays d’origine. « On doit juste aller s’inscrire sur les listes électorales de notre ville. Si je votais en France, je devrais faire une procuration et passer par l’ambassade, ce qui me prendrait beaucoup trop de temps et serait trop compliqué », se réjouit Chantal, traductrice et journaliste à Berlin. « Je trouve ça frustrant de vivre dans un pays et de ne pas pouvoir être partie prenante de la politique nationale. C’est pourquoi je suis contente de pouvoir voter aux élections européennes car ce sont les seules élections dans mon pays d’accueil pour lesquelles j’ai le droit de mettre mon bulletin dans l’urne », poursuit Séverine, journaliste française vivant en Allemagne depuis quatre ans.

« Pour moi que ce soit un Grec ou un Japonais, ça m’est égal. Ce qui m’importe, c’est l’idéologie pour laquelle je vote », reprend Simon. Ecolo, souverainiste, libéral, « eurocritique »… Les tendances politiques sont diverses, « mais il n’y a pas encore de vrais partis politiques européens », déplore son compère Nicolas. « Souvent les intérêts nationaux prennent le dessus dans le débat européen… S’il y avait de vrais partis européens, ça me motiverait plus pour voter. » Il ne s’est pas inscrit sur les listes électorales. Dommage ! Peut-être rate-t-il une chance de comprendre pourquoi il se sent Européen, c’est-à-dire avoir le droit de choisir les valeurs de l’Europe qui nous correspond.