Les disques de 2012 : au top
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S’il y a un truc qui a bien remplacé le point Godwin en décembre sur le Web, ce sont les meilleurs disques de l’année. En 2012, comme cafebabel.com a quand même bien ambiancé l’Europe, La Parisienne a décidé de se plier au « je ». Et vous donne le meilleur de la scène européenne en 10. Enfin presque.
Bertrand Burgalat – Toutes Directions
Un style à faire pâlir un hipster, un anachronisme revendiqué, une voix désormais assumée, des textes écrits par les meilleures plumes françaises et des arrangements aussi nickel que le bureau d’un avocat fiscaliste. Le quatrième et meilleur album de Bertrand Burgalat est à lui seul un condensé de l’époque. Résolument moderne, le patron du label français Tricatel doit maintenait montrer qu’il peut convaincre un autre public que celui des tra-tras branchés.
Balthazar – Rats
A la base, Maarten Devoldere et Jinte Deprez se tiraient la bourre dans les rues d’une petite ville de Courtrai (en Belgique flamande, ndlr). Face à face, c’était à celui qui amassait le plus de franc belge dans l’obole. Les doigts saignent jusqu’à que Jinte tombe amoureux de Patricia, l’amie violoniste de Maarten. Une lettre d’amour, un batteur et un bassiste plus tard, les deux ennemis créent un groupe de rock alternatif. Après un génial premier album intitulé Applause, Balthazar revient en 2012 avec Rats. Et s’impose sur scène comme le groupe capable de rendre le plus bel éloge au spleen ambiant.
Alt-J – An Awesome Wave
« Parfois, ils sonnent comme le Bombay Bicycle Club jouant dans un sous-marin. » Baromètre de la tendance ou pas, Pitchfork n’a pas aimé le premier album d’Alt-J. Il n’en reste pas moins que l’on peut se foutre allégrement de la critique du magazine américain, et affirmait que si le jeune groupe de Leeds n’a pas tout inventé, il aura quand même marqué l’année d’une touche musicale toute nouvelle, à la fois simple et magnétique. Deux accords, des cordes nasales, une batterie binaire. Un beat, une voix, des cordes. Joe, Gus, Gwil et Thom ne sont pas très jolis. Qu’importe, la musique est bonne.
Lescop – Lescop
« En France, on a pas de pétrole mais on a des idées. » VGE ne savait pas encore que son mandat présidentiel allait exploser à l’orée des années 80 et que sa postérité politique se diluerait dans le chaos, les pilules et les K-way bariolés. Tout comme personne qui a grandi dans les années 90 ne savait qu’il réécouterai Daho, Marquis de Sade et Taxi Girl en 2012. Lescop ne s’est pas emmerdé sur le nom de son albummais prouve en 11 morceaux que l’expression « Retour vers le futur » peut encore s’employer dans une chronique. C’est classieux, intelligent et convaincant. Si, si vous verrez.
Mumford and Sons – Babel
C’est un peu sous l’emprise de la torture que l’on place cet album dans notre tête de liste. Le nom du disque – trop évocateur pour ne pas être souligné – a sûrement eu raison de notre objectivité. Mais bon, Mumford and Sons c’est quand même un groupe anglais qui joue de la mandoline sans complexe, en invoquant sur 12 morceaux l’esprit des gentleman de la fin XIX : pipes en bois, ballon de rugby à lacets et redingote. Tant qu’on y est, c’est aussi la bande-son parfaite pour aller voir Le Hobbit ou revoir Le Seigneur des Anneaux. Vous l’avez compris, Babel fleure bon la Comté.
Of Monsters and Men – My Head is an Animal
Ok, leur album est sorti en septembre 2011 dans leur pays d’origine. Mais ça ne compte pas puisqu’il aura fallu 6 mois pour que My Head is an Animal traverse l’océan Atlantique et touche le premier pays de plus de 350 000 habitants. Précision faite, le disque des Islandais est par définition insulaire : étrange, léger et inspiré. S’ils paraissent froids aux premiers accostages, Of Monsters and Men installent le voyageur dans un univers plutôt confortable, agréable à l’écoute. On ne souhaite qu’une chose : que le sextuor passe à la télé pour que les journalistes européens nous refassent le coup de l’Eyjafjöll. Tout ça, en prononçant le nom du concours musical dont ils sont les héros : le Músíktilrauna.
WhoMadeWho – Brighter
Moustachus, vêtus d’imprimés indiens et de pantalons cigarettes… désolé les gars mais ce sont bel et bien les Danois qui ont enfanté la hipstermania. WhoMadeWho sort son album en tout début d’année, effectue une tournée qui ravit les foules et se fait reprendre par Mark Lanegan juste avant Noël. Derrière le vide théorique du hipster, se cache un groupe talentueux aux allures avant-gardistes. Si Pierre Billon a accouché de La Bamba Triste, WhoMadeWho inventa la disco triste.
C2C – Tetra
Le premier album du quator Djs n’est peut-être pas ce qu’ils ont fait de mieux. Mais c’est souvent comme ça quand dans la promo, on sort un EP fantastique (Down the Road) et que l’on fait bouger des millions de culs lors des festivals d’été. Sorti en septembre, Tetra n’a donc étonné personne. Mais si l’on s’intéresse à ce qu’ont fait Atom, Greem, Pfel et 20syl depuis leur garage à Nantes, on peut gentiment affirmer que C2C a marqué le quotidien de pas mal de Français. A toi Johnny l’aigri qui râle quand il entend C2C au supermarché, sache que si le groupe de turntablism aura rendu un fier service à la société avant la fin du monde, c’est qu’il a viré David Guetta des playlists d’Auchan et de Carrefour City.
Dan San – Domino
De la Belgique, la mère Michel retient souvent la bière, l’accent et l’évasion fiscale. Si Gérard Depardieu est venu se remplir le gosier chez les Wallons, c’est sûrement pour se rapprocher des auteurs de l’un des meilleurs albums folk de l’année. On ne compte plus les formations incapables de séparer deux pistes sur un disque, faute d’accords. Sur Domino, 7 musiciens font le pari de la diversité, unis sur une chose : leur musique sent la bûche et le conifère. Dan San, parfait pour les fêtes, donc.
Top suicidaire : XX – Coexist
Inaudible, insupportable, inintéressant. Si les XX l’ont suscité un jour, l’intérêt de leur premier album se dilue ici dans un mare opaque d’arrangements désastreux. Tout dans cet album évoque l’imperfection : de la rature au suicide raté.