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« Les anciens Etats membres sont fatigués des immigrants »

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Default profile picture ariella baltié

Ingrid Baumanová, directrice exécutive du Comité Helsinki slovaque, évoque pour café babel les problèmes que soulève l’immigration dans les nouveaux Etats membres.

La Slovaquie, qui a récemment rejoint l’Union européenne, est connue pour n’accorder un statut légal qu’à un petit nombre d’immigrants. L’année passée, seules quinze demandes, sur plus de 11 000, ont reçu une réponse favorable. Ingrid Baumanová travaille pour le Comité Helsinki slovaque, une organisation non gouvernementale pour les droits de l’Homme qui fait campagne pour un traitement plus juste des immigrants en Slovaquie.

Quelles sont les différentes attitudes entre anciens et nouveaux états membres de l’UE en matière de politique d’asile commune ?

Les anciens Etats membres craignent cette politique d’asile commune. Leurs gouvernements en ont assez du nombre croissant d’immigrants et ils ont commencé à se défendre contre de nouvelles arrivées. C’est particulièrement vrai pendant les périodes précédant des élections. Mais la politique d’immigration dans les nouveaux pays membres, dont la plupart sont d’anciens Etats communistes, n’a qu’à peine 10 ans d’expérience derrière elle. Auparavant, c’était les habitants de ces pays qui demandaient l’asile parce qu’ils essayaient d’échapper au système communiste. Maintenant la situation a changé. Toutefois, les relations entre les nouveaux Etats membres et la Russie inquiètent encore. Nous essayons de rester en bons termes, comme on a pu le voir au sujet des réfugiés tchétchènes qui cherchaient asile en Slovaquie - un sujet sensible pour la Russie. Les demandeurs d’asile ont souvent la permission de rester dans l’Autriche voisine, même si leur demande a été rejetée dans notre pays.

Quelles sont les priorités de la politique d’immigration slovaque ?

Actuellement nous préparons la mise en place de l’Accord de Schengen dont le but est la protection des frontières externes de l’UE. En ce moment, deux stratégies possibles sont envisagées : l’une d’elles est basée sur le renforcement des frontières externes de l’actuelle UE afin de protéger la Slovaquie contre une arrivée d’immigrants venus d’Ukraine. L’autre stratégie est de faire entrer l’Ukraine de Iouchtchenko dans l’UE afin de repousser ses frontières plus vers l’est.

De quelle manière l’UE aide-t-elle les Etats membres qui bordent ses frontières externes ?

L’UE essaye de rejeter le problème de l’immigration vers les frontières. Ce qui, d’une manière compréhensible, suscite une certaine opposition dans les pays qui ont une frontière avec l’ « extérieur ». L’UE ne doit pas négliger son rôle dans le « partage des responsabilités ». Selon ce principe, l’UE en tant qu’ensemble, devrait aider les pays qui partagent leurs frontières avec des Etats non-membres. En moins de deux ans, nos frontières devraient répondre aux critères attendus par l’UE puisque des financements spéciaux sont prévus.

Est-ce que l’entrée de la Slovaquie dans l’UE a affecté sa politique d’immigration ?

Notre département à l’immigration se prépare à une croissance rapide du nombre d’immigrants arrivant en Slovaquie, vu l’amélioration des conditions économiques ici. Jusqu’à maintenant, la Slovaquie était perçue comme un pays de transit, et non d’accueil, par les immigrants. Cela est principalement dû aux insuffisances de la politique d’intégration slovaque, tel qu’un accès limité au marché du travail et à la sécurité sociale pour les immigrants.

Beaucoup de gens considèrent la Constitution européenne comme une menace qui va nous priver de notre pouvoir discrétionnaire en matière d’asile et d’immigration. Vous pensez qu’ils ont raison ?

Je pense que c’est un malentendu. La Constitution va harmoniser les attitudes envers les immigrants de façon à ne pas juger une même communauté différemment selon les pays. L’UE garantit que chaque pays membre est également responsable de l’entretien des frontières externes ce qui, dans notre cas, se traduira par un renforcement de notre pouvoir discrétionnaire car nous portons un des plus lourds fardeaux. Malheureusement les Etats membres eux-mêmes ne sont pas d’accord quant aux compétences qui devront être attribuées à l’UE et quant à celles qui demeureront de la responsabilité individuelle des Etats. Espérons que l’UE adoptera une position rationnelle qui conduira à un processus d’asile acceptable par tous et qui protégera les individus qui en ont le plus besoin.

Les larmes d’une mère

Ce sont les enfants qui pâtissent le plus de l’éclatement des familles : « Je connais des enfants qui sont élevés par leurs grands-parents parce que leurs deux parents sont partis travailler à l’étranger. », raconte la bibliothécaire de l’école primaire de Vykoty. Côtoyant souvent la souffrance de ces enfants, elle décrit comment « les enfants se mettaient à pleurer quand ils entendaient un poème sur l’amour maternelle. » Le directeur de l’école est aussi au courant de ce genre de problèmes et essaye d’y remédier : « En offrant des cours particuliers ou des ateliers artistiques après les cours, nous essayons d’alléger les problèmes familiaux que rencontrent les enfants. » Il peut d’ailleurs comprendre ces parents qui tentent leur chance dans d’autres pays : « Il y a seulement quelques années, je devais payer mes professeurs avec de la vodka parce que l’Etat ne nous donnait pas suffisamment de subventions. Maintenant, ils gagnent au moins vingt dollars par mois en liquide. »

Pourtant, les migrations pour l’emploi ne devraient pas diminuer prochainement en Ukraine, vu la nouvelle mode qui arrive d’Occident. Après avoir construit une maison, la première chose que les gens font est de se faire arracher leur dent en or et de la remplacer avec une dent en porcelaine. Ainsi, ils peuvent passer inaperçus parmi la population locale sans trop de problèmes. Comme ça, en Ukraine, on distinguera qui travaille à l’étranger par les sourires blancs immaculés.

Translated from “Old member states are tired of immigrants”